Nouvelles Lettres persanes…à la manière de Charles Daney

D’Ubseck à Rita
Passant par Bordeaux la fantaisie me prit d’aller à l’ouest voir l’Océan dont on m’a dit que c’est le plus terrible de tous. Après avoir traversé des forêts et des forêts comme je n’en avais jamais vu d’aussi étendues, même au Liban où sont encore quelques cèdres,
j’arrivai au bord d’une petite méditerranée comme est la mer d’Azov. J’y trouvai une ville bloquée par une dune de sable haute comme le mont Ararat. On me dit que la dune fut préservée de la forêt pour complaire aux visiteurs et que la ville fut turque ou arabe avant qu’y brûlât l’un des derniers fleurons de notre civilisation musulmane qu’on dit là-bas être mauresque. C’est une ville charmante, légère, délicieusement éventée par ces vents étésiens qui attirent les touristes bien que nombre d’entre eux aient abandonné la navigation à la voile. Tu vois, Rita, c’est çà le progrès. Nos caïques s’appellent pinasses là-bas et ont du mal à résister à l’invasion des moteurs bien qu’ils n’aient d’essence que celle que nous leur vendons.

A propos des LETTRES PERSANES, et si on repassait le bac ?
Petit supplément offert par l’ACADEMIE via Bacdefrançais.net