Des pierres qui roulent #1 (Une croix baladeuse)

       CHRONIQUES RETRO TESTERINES

Par Jean Dubroca 

                       Des pierres qui roulent

 

Il existe quelques monuments testerins qui ont la particularité d’avoir plus ou moins roulé leur bosse, en totalité ou en partie. Voici quatre chroniques sur ce sujet, inspirées par des événements de l’actualité … passée.

 

                     Une croix baladeuse

 

      En 1990, on avait perdu la croix dite de « Montmorency. Puis on l’a  retrouvée et rénovée. Elle a été quatre fois inaugurée ! Voici en quelles circonstances, évoquées dans un article publié par Sud-Ouest le 15 octobre 1990.

 

Le 25 août 1841, durant une cérémonie à grand faste religieux, Mgr Donnet, archevêque de Bordeaux, bénit la prise d’eau située en aval de la huitième écluse du canal Cazaux-La Hume, creusé depuis 1834 pour l’irrigation des terres de la Compagnie agricole et industrielle d’Arcachon. Le Mémorial Bordelais écrit alors sans hésiter : « Avec des travaux aussi bien dirigés, cette portion si aride de notre pays peut être rendue à l’agriculture et l’argent que des Compagnies jettent dans ces contrées que la paresse de ses habitants à laissé stériles fera des Landes un des plus riches départements de notre France ». Presqu’un an plus tard, on érige à cet endroit une croix en fer forgé reposant sur un fut en pierre. Comme l’indiquent des inscriptions aujourd’hui à peine visibles, on peut y lire : « Le 17 juin 1842, cette croix a été plantée par le Duc de Montmorency, président de la Compagnie d’Arcachon et a été bénie par M. Marty, curé de La Teste. »

 

Pendant cent vingt-six ans, le monument, haut de 2,50 m, reste sagement en place … au beau milieu des terrains de la base aérienne de Cazaux. Mais en 1968 les aviateurs estiment qu’il n’est vu que par les seules patrouilles qui inspectent le site. Pour en faire profiter chaque passant, ils décident donc de le faire transférer à côté du pont qui passe au dessus du contre-canal des Landes, se trouvant sur la route qui relie La Teste-Cazaux à celle de La Hume-Sanguinet. Deuxième bénédiction pour la croix baladeuse ! Et voilà qu’avant l’été 1990, elle a complètement disparu de son emplacement, alors que d’énergiques travaux de nettoyage des talus qui l’entourent ont été entrepris. Dès la disparition signalée par des observateurs éclairés,  de fins limiers se mettent en alerte et finissent par la localiser. Ils la découvrent, pieusement et soigneusement démontée, entreposée dans les ateliers de la ville de La Teste, aux fins d’un lifting et de sa réinstallation. Troisième bénédiction lorsqu’elle retrouve son emplacement.

 

Depuis cette date, à une époque où un fort mouvement d’indépendance communale existait dans leur village, les Cazalins se sont aperçus que la croix leur appartenait depuis toujours. Ils insistent tellement sur leur droit en la matière qu’en mars 2003 la croix promeneuse est érigée à proximité de l’église de Cazaux. Quatrième bénédiction pour fêter l’événement ! Si bien que la conclusion de l’article précédent reste valable, aujourd’hui, à condition d’ajuster des dates :

 

     Voilà un monument testerin qui bat une sorte de record mondial : quatre fois inauguré et ondoyé de quatre bénédictions en seulement 161 ans ! C’est une curiosité historique qui fait de l’usage.

Jean Dubroca

 

Légende photo : La croix de Montmorency, au moment de son transfert en 1968. (Photo : archives Sud-Ouest)                                                                                                                              

 

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