CHONIQUES RETRO-TESTERINES-11-
DIALOGUES EN V.O #4
BISBILLES
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En juin 1991, la mairie de Gujan-Mestras annonçait son projet de représentation d’un opéra en plein air, devant le lac de la Madeleine. Le maire de l’époque, Michel Bézian, souligne alors dans « Sud-Ouest » du 7 juin, la qualité artistique du spectacle et ajoute malicieusement : « que les interprètes seraient excellents puisqu’ils ne chantaient pas aux fêtes de La Teste ». Aussitôt, Mmes Boyosse et Latestude « prennent la quinte ». D’où leur réplique publiée peu de jours après, sous le titre : « Vous avez dit Testuts ? »
« –Dion, Mme Latestude, vous avez lu « Sud-Ouest » avant-hier ?
– Et voui.
– Et ça vous a pas fait escaner ?
– Et non.
– Vous avez pas lu, à Gujan ?
– Ah ! ça, Mme Boyosse, moi, à part les mots croisés, je lis jamais ce qui est écrit de chaque côté de La Teste.
– Hé bé, vous auriez vu comment il nous escagasse, leur maire ! Il nous prend tellement pour des pechouneys que c’est pire qu’une affreusité et que je sens que se je prends rien au retour, ça va me donner des bouffioles partout !
– Michel ! Mais beleau, c’est pas possible ! Et qu’est-ce qu’il nous a fait pour nous chacailler comme ça ?
– Il a pas fait. Il a dit. Il a dit comme ça, que ses chanteurs de son opéra, ils étaient pas de la gnognote, puisqu’ils chantaient pas aux fêtes du port de La Teste.
– Quoi ! Il nous a fichu cette mandale, le Michel ! Y’a pause qu’on nous avait pas rembarrés comme ça ! Remarquez bien, Mme Boyosse, moi, ce que j’en dis, c’est que son opéra, c’est quand même pas le Grand Théâtre de Bordeaux, pasque si l’année dernière, on n’avait pas tâché moyen, toutes les deux, de s’emporter les chaises du jardin, on n’aurait rien gueyté derrière la talanquère !
– Tu parles ! Et même ma pauvre, qu’on aurait eu les guindots comme des gueilles à force de rester pitées. Et, en plus, qu’on a failli s’espatarer en pleine nuit dans la hagne d’une craste, en repartant avec nos fauteuils d’orchestre sur le dos, comme des campeuses !
– De toutes manières, Mme Boyosse, on va pas faire des magnes ni être des mestriones : on manquera pas « Aïda », cet été, pasque c’est gratuit et que c’est si joli.
– Mais, dites donc, Mme Latestude, c’est pas dans « Aïda » que les gonzes s’esquintent à chanter « Gloire immortelle de nos aïeux » en tourniquant sur la scène ?
– Té ! Mais oui ! Je comprends, pardine, maintenant, pourquoi ils ont le gnac, comme ça, à Gujan. C’est la gloire de leurs papés d’avant 14 qui vient les grafigner ! »
Jean Dubroca.
Légende photo : Opéra au lac de la Madeleine à Gujan-Mestras (Photo : DR)