DIALOGUES EN V.0. #5 (Les cloches reviennent)

 

CHRONIQUES RETRO-TESTERINES #12

               DIALOGUES EN V.0. #5

 

par Jean Dubroca

                 Les cloches reviennent

***********

 

En 1991, la commune entreprend de gros travaux pour réparer la charpente du clocher de l’église Saint-Vincent. A l’été de cette année-là, une maison spécialisée remet en place les cloches testerines. Mmes Boyosse et Latestude, qui avaient été déroutées par l’absence régulière de sonneries réagissent à leur retour. En même temps qu’elles réparent une erreur du correspondant local… Voici l’article paru dans « Sud-Ouest » le 3 août 1991.

 

« – Madame Boyosse, tâchez moyen de plus rouscailler : les cloches sont revenues.

– J’ai entendu ça, Mme Latestude. Y’a même des gonzes qui ont maillé dur pour poser des pédas au clocher qui était tout de guingoÿ. Ma pauvre : ils te m’ont encarassé là-dedans des gros tros de bois, ataou !

– Eh bé, dion ! Ils sont pas près d’être castamés, ceux-là et les cussons, ils vont plus avoir le derrière dans la graisse.

– Enfin, maintenant, les cloches, elles vont pouvoir ragasser tranquilles.

5-Bapt^me cloche 1924 Conte 5             – Et nous, dites ! Moi, je pensais jamais à m’en aller chercher ma miche à onze heures et, régulièrement, je m’oubliais le drole, celui de mon dernier fils, à la maternelle. Et comme je venais pas, il envoyait des taquets dans les plantes vertes de la directrice et même qu’un jour il a chibré la vitre de son aquarium ! Maginez : de l’eau partout et les trogues et les risteous qui sautaient au milieu des cahiers ! Ca jasquait dans tous les coins. Vous vous rendez compte si je m’en vois avec ce maque !

– Et pardine ! Moi, c’est quand je tricotais. A force de penser que je les entendais pas les cloches, je me faisais des margagnes à toutes les vestes que je me tricotais, qu’elles étaient tout juste bonnes pour aller aux coutoyes ou aux clanques.

– Et à propos, dites-donc, Mme Boyosse, comme margagnes, vous en faites pas qu’en tricotant. A force de blagasser, vous nous en         avez fait une de belle, l’autre jour ! Vous devenez bonne à dale. Vous avez dit que les gonzes qui tourniquent en chantant « Gloire immortelle de nos aïeux », c’était dans « Aïda ». Eh bé, c’est dans « Faust ». A ce qu’il paraît. Vous allez voir l’aillade qu’on va se prendre toutes les deux, tout ça à cause de vous.

– Bou diou ! On se ferait chacailler pour ce Faust. Ce vieux gonze qui veut revenir tout drole pour jouer aux berles. Anti ! Quand on voit les droulas, à Gujan, comment ils s’envoient des peignées avec les nôtres les jours de fête, qu’on aurait cru des chancres en train de bouillir dans un toupin, eh bé, je vous le dis, moi, c’est pas la peine de vouloir rajeunir pasque ces tignous, ils font pas mieux que les papés et avec eux on va tout droit à la guerre civile !»

 

Jean Dubroca.

 

Légendes photos : 1-Après de grosses réparations, le clocher de St Vincent ne sera pus muet. (Photo : Studio Images)

                                   2- Baptême d’une cloche de St Vincent en 1924. (Col.part.)

 

 

                 Les cloches reviennent

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En 1991, la commune entreprend de gros travaux pour réparer la charpente du clocher de l’église Saint-Vincent. A l’été de cette année-là, une maison spécialisée remet en place les cloches testerines. Mmes Boyosse et Latestude, qui avaient été déroutées par l’absence régulière de sonneries réagissent à leur retour. En même temps qu’elles réparent une erreur du correspondant local… Voici l’article paru dans « Sud-Ouest » le 3 août 1991.

 

« – Madame Boyosse, tâchez moyen de plus rouscailler : les cloches sont revenues.

– J’ai entendu ça, Mme Latestude. Y’a même des gonzes qui ont maillé dur pour poser des pédas au clocher qui était tout de guingoÿ. Ma pauvre : ils te m’ont encarassé là-dedans des gros tros de bois, ataou !

– Eh bé, dion ! Ils sont pas près d’être castamés, ceux-là et les cussons, ils vont plus avoir le derrière dans la graisse.

– Enfin, maintenant, les cloches, elles vont pouvoir ragasser tranquilles.

– Et nous, dites ! Moi, je pensais jamais à m’en aller chercher ma miche à onze heures et, régulièrement, je m’oubliais le drole, celui de mon dernier fils, à la maternelle. Et comme je venais pas, il envoyait des taquets dans les plantes vertes de la directrice et même qu’un jour il a chibré la vitre de son aquarium ! Maginez : de l’eau partout et les trogues et les risteous qui sautaient au milieu des cahiers ! Ca jasquait dans tous les coins. Vous vous rendez compte si je m’en vois avec ce maque !

– Et pardine ! Moi, c’est quand je tricotais. A force de penser que je les entendais pas les cloches, je me faisais des margagnes à toutes les vestes que je me tricotais, qu’elles étaient tout juste bonnes pour aller aux coutoyes ou aux clanques.

– Et à propos, dites-donc, Mme Boyosse, comme margagnes, vous en faites pas qu’en tricotant. A force de blagasser, vous nous en         avez fait une de belle, l’autre jour ! Vous devenez bonne à dale. Vous avez dit que les gonzes qui tourniquent en chantant « Gloire immortelle de nos aïeux », c’était dans « Aïda ». Eh bé, c’est dans « Faust ». A ce qu’il paraît. Vous allez voir l’aillade qu’on va se prendre toutes les deux, tout ça à cause de vous.

– Bou diou ! On se ferait chacailler pour ce Faust. Ce vieux gonze qui veut revenir tout drole pour jouer aux berles. Anti ! Quand on voit les droulas, à Gujan, comment ils s’envoient des peignées avec les nôtres les jours de fête, qu’on aurait cru des chancres en train de bouillir dans un toupin, eh bé, je vous le dis, moi, c’est pas la peine de vouloir rajeunir pasque ces tignous, ils font pas mieux que les papés et avec eux on va tout droit à la guerre civile !»

 

Jean Dubroca.

 

Légendes photos : 1-Après de grosses réparations, le clocher de St Vincent ne sera pus muet. (Photo : Studio Images)

                                   2- Baptême d’une cloche de St Vincent en 1924. (Col.part.)