CHRONIQUES RETRO-TESTERINES-17-
par Jean Dubroca
Rencontres (#4)
LES AFFAIRES REPRENNENT
On avait laissé les abattoirs municipaux testerins reconstruits mais cependant en fâcheuse posture financière. Evidemment, l’opposition municipale arcachonnaise va exploiter une situation qui illustre bien les aimables relations installées depuis très longtemps entre les deux communes. Voici la fin de l’article sur le sujet, paru le 29 novembre 1990.
L’opposition municipale arcachonnaise interpelle de nouveau le maire, Marcel Gounouilhou, sur l’affaire de l’augmentation des taxes d’abattage, décidée par la seule mairie testerine. Le journal local « Le Phare » tonitrue : « C’est un abandon de l’autorité arcachonnaise ! ». Encore plus vindicatif, il ajoute : « Arcachon paiera l’abattoir de La Teste. Cette ville est-elle devenue la capitale du captalat ? Sommes-nous astreints à payer la dîme du seigneur ? » Le 26 novembre 1937, le journal parle encore « d’exaction » et un nommé Francis Lescar s’y indigne : « Les Arcachonnais vont-ils payer vingt centimes de plus leur kilo de viande pour que les Testerins, toujours geignards, s’offrent leur abattoir d’un million ? » Le 17 décembre 12937, « Le Phare » insiste : « La ville d’Arcachon va-t-elle édifier un hôpital si attendu, une patinoire, un palace ? Non : elle va payer un abattoir aux Testerins ». L’affaire devient sanglante… Comment en sortir ?
Mais voilà que, le 18 février 1938, Marcel Gounouilhou, doit démissionner, torpillé par une sordide affaire financière et familiale, dans le cadre de sa gestion du journal bordelais « La Petite Gironde ». André de Fels, recruté à Paris en désespoir de cause, le remplace. Et « Le Phare » de titrer : « Enfin la paix ! ». Mais c’est à propos des accords de Munich. Car, de l’affaire des taxes, il ne sera plus jamais question puisque « Le Phare » embouche une autre croisade belliqueuse, destinée, comme la précédente, à nuire à Pierre Dignac, le député-maire de La Teste. Il s’agit cette fois de réclamer le rattachement de Pyla à Arcachon. Les années passent…
En 1949, le docteur Robert Fleury, dans un rapport remis au Conseil départemental de l’hygiène, met en valeur la pollution de la craste Douce. Mais rien ne se passe. En 1967, M. Deligey, responsable communal de l’abattoir, obtient un sursis à sa fermeture car on y traite encore quatre cents tonnes de viande bovine par an et on y tue trois cents porcs chaque année. Mais comme l’emprunt sur trente ans contracté en 1936 arrive à son terme, la municipalité testerine peut maintenant attendre patiemment que l’activité de son abattoir cesse d’elle même, les conditions d’approvisionnement en viande changeant progressivement. Cependant, ce n’est qu’en 1975 que M. Carrivain mettra la clé sous la porte. Son commentaire : « J’y ai connu des gens difficiles mais ils m’ont bien accueilli »… Le bâtiment, objet de tant de polémiques, est détruit en juillet 1991.
Jean Dubroca
Légende photo :
-1- En bandeau, troupeau dans les prés salés testerins. (Col.part.)
-2-Le 15 juillet 1991, les abattoirs testerins sont démolis. (Photo : J.D. « Sud-Ouest »).
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