CHRONIQUES RETRO-TESTERINES -21-
par Jean Dubroca
Rencontres (#7)
UN ECOLIER D’AUTREFOIS (1)
Sur le chemin des écoliers, en reportage un jour de rentrée scolaire, je rencontre Adrien Lassié, Testerin de toujours et, tout en marchant, il me raconte des souvenirs d’écolier en 1920. Il est prolixe sur la maison, la rue, la cour de l’école, les loisirs. Par contre, il ne parle pas du tout de ce qui se passe en classe. Le plus important, c’est bien tout ce qu’il y a autour. Et voici l’article paru le 2 septembre 1991. (Extraits)
Les rentrées scolaires d’aujourd’hui se font en plein été. Oubliés les petits matins un peu frisquets des 1èr octobre d’autrefois. Ils sentaient bon la satinette des blouses noires à liseré rouge, le bois du plumier verni tout neuf et, moissons rentrées, vendanges faites, l’odeur des feux de sarments taillés.
Un flot de souvenirs qui marque encore Adrien Lassié qui se rappelle les premiers jours d’école dans les années 1920, vers ses douze ans. Il s’éveille au bruit des attelages de chevaux et de mules marchant lentement dans la rue du XIV-Juillet où il habite, dans l’appartement situé derrière l’épicerie que tiennent ses parents. A sept heures, il se lève, enfile pantalon, chemise et tricot « qui font toute la semaine ». Puis il déjeune dans la cuisine, « la seule pièce de la maison où, été comme hiver, on fait du feu ». Il mange des tartines de pain grillé aux flammes de la cheminée et il boit un café au lait. Ensuite, « sa mère débarrasse la table, y pose une cuvette d’eau chaude avec laquelle, sans se déshabiller, il fait sa toilette, comme ça se passe dans presque toutes les maisons de La Teste ».
Il « repasse » ses leçons à haute voix, enfile le tablier noir, chausse les « sabots-souliers » à semelle de bois, empoche quelques billes et un gros « berlon ». Un précieux trésor, cette grosse boule de quatre à cinq centimètres de diamètre, en pierre ou en métal et, cartable en mains il part pour l’école. Dans la rue, il retrouve les copains du quartier et aussitôt, dans le caniveau de la rue sans bitume, commence une partie de « berlons ». Celui qui le touche, gagne une bille. L’eau sale n’arrête pas les joueurs qui, profitant de la bonne occasion, en aspergent les filles gagnant leur école Gambetta et qui poussent des cris « en nous enguirlandant copieusement ».
Après un arrêt, facultatif selon l’état des finances de chacun, dans une des vingt-six épiceries que compte alors la ville, on achète « pour deux sous de bonbons et on en vole pour trois », c’est l’arrivée à l’école Jean-Jaurès, pour les huit heures du matin. (A suivre)
Jean Dubroca
Légendes photos : 1- La rue du XIV-Juillet.
2-La cour de l’école Jean-Jaurès.