Rencontres #8 ( Un écolier d’autrefois-2)

   CHRONIQUES RETRO-TESTERINES -22-

par Jean Dubroca 

                        Rencontres (#8)

 

UN ECOLIER D’AUTREFOIS (II)

 

Voici la suite des souvenirs d’école dans les années 1920, d’Adrien Lassié, publiés le 2 septembre 1991. (Extraits)

 

« Avec une récréation d’un quart d’heure, à neuf heures et demie, la matinée de classe dure jusqu’à onze heures. Ceux qui habitent trop loin de l’école mangent sur place leur repas froid apporté dans leur gamelle. Puis la classe reprend, de treize heures à seize heures. Certains d’entre nous, après la collation faite d’un morceau de pain et d’une bille de chocolat, restent à l’étude, où jusqu’à dix-huit heures, ils font leurs devoirs sous la direction d’un instituteur. » Mais ce qui compte, surtout dans cet emploi du temps de l’après-midi, c’est la récréation d’une heure :

« Nous sommes captivés par les parties de pelote acharnées qui opposent Gilbert Sore à Gérard Capdeville ». Le retour à la maison se fait en accompagnant l’un des vingts troupeaux de vaches qui rentrent à leurs étables situées en pleine ville. « Les leçons revues, les devoirs presqu’achevés, nous nous mettons à table pour souper vers vingt heures, à la lueur d’une lampe à pétrole. On va au lit de bonne heure. »

 27- Fillettes

       Le jeudi, le mercredi de l’époque, la matinée est occupée par le catéchisme à l’église et, après, par des jeux dans le vieux cimetière tout autour. Souvenir : « C’est là qu’un de nos camarades gagne le surnom de << cannibale >>, quand on le voit sortir d’une tombe désaffectée un tibia entre les dents et aussi sous les yeux furibonds de Beson, le garde-champêtre, qui a beaucoup d’occupations avec les galapians que nous sommes ». L’après-midi est consacré au ramassage des pignes, des galips et des fourmis volantes indispensables pour armer les pièges à cul-blanc. Quand les droles s’approchent du Bassin, ils pêchent les têtards, puis dans la vase et le sable, les clanques et les palourdes. Revenus en ville, ils marquent de nombreux arrêts pour observer de près et en détails tous les petits métiers qui s’activent dans les rues : marchandes de « royans » qui appellent leurs clients en gascon, chineurs, tel Rouchi, le mercier et tous les commerçants ambulants, laitiers, marchands de bois, boulangers ou rémouleurs. Le dimanche est beaucoup moins prisé que le jeudi. « Ce jour-là, on est habillé << de propre >> et il faut aller à la messe de dix heures et aux vêpres à trois heures. »

 

Ainsi va la vie de ces garçons, dans ces années 1920. Ils gardent précieusement le souvenir des journées d’été où ils plongeaient dans la canelette, au bout de la digue est du port. « Les filles n’y venaient pas car on se baignait tout nus. On était les pionniers en matière de naturisme à La Teste ! »

 

Des souvenirs lumineux pour le petit Adrien lorsqu’il devient pensionnaire au lycée de Talence, bien loin « du portail du jardin, derrière l’attendait toute l’hostilité de la vie » comme l’écrit André Lafon dans « L’Elève Gilles »…

 

Jean Dubroca

 

– Légendes photos : 1- Fillettes testerines en route vers l’école. (Col.part)

                                     2- Baignade au port : les filles sont admises. (Col.part)