Rencontres #18 (Avec des résistants locaux -II)

     CHRONIQUES RETRO-TESTERINES – 3I –

par Jean Dubroca

Rencontres (18)

 

AVEC DES RESISTANTS LOCAUX(II)

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      Les Résistants testerins du groupe Grégoire, sont, selon le témoignage de José Diégo et de son camarade anonyme, surtout chargés d’obtenir des renseignements militaires dans la commune, notamment en infiltrant par des agents, la base aérienne de Cazaux occupée par des escadrilles allemandes, de chasse d’abord puis début 1944, de bombardement D’autres témoignages apportent des informations sur les activités du réseau Gallia en ce domaine ainsi que sur d’autres réseaux.

– Jeannot Minville, de La Teste, apporte des détails sur ce travail de l’ombre. A ce propos, il souligne le rôle important joué par Edmond Marty. Employé comme peintre-vitrier à la base où il circule beaucoup, il a pour mission de surveiller et de communiquer tous les mouvements de matériel, d’unités, d’appareils ou de batteries de D.C.A. (Défense contre avions) qu’il peut observer. Comme son travail, réparer une vitre cassée ou repeindre une cloison, lui permet d’entrer dans divers bureaux sous prétexte d’une réparation urgente, il peut ainsi, si l’occasion s’en présente, remarquer divers documents. C’est ainsi, comme le personnage joué par Bourvil dans le film « Le Mur de l’Atlantique » -mais avec un risque qui n’a rien de la comédie- qu’il peut « emprunter », le temps d’une nuit, les plans exacts de la base qui faciliteront la précision de son bombardement par l’aviation alliée. Edmond Goutar, un autre employé civil, a assuré l’acheminement des copies de ces plans vers le réseau de résistance.

Chr 31 Renc 19

Un autre moyen d’obtenir des renseignements sur ce qui passe dans la base, c’est … la pêche à la ligne sur le lac. Depuis leurs petites barques, les pêcheurs ne peuvent qu’observer d’un air naïf les mouvements des avions. D’où le nom du contact bordelais des Cazalins : « Poisson » lequel, un spécialiste, vient parfois compter les appareils, le temps d‘attraper quelques sandres, de plus fort bienvenus dans ces temps de restriction alimentaire. Les résultats ainsi collectés sont transmis par l’intermédiaire du réseau Mithridate auquel appartient le père de Jeannot Minville, Jean, par ailleurs à l’époque, président du patronage « Les Jeunes du Captalat ».

 

Ainsi, à la suite de ce travail de fourmis de divers réseaux, l’aviation britannique, le 4ème Fighter Group, a pu bombarder la base avec efficacité. Le premier bombardement a lieu le 27 mars 1944, vers 12 h.30, lorsque sonne l’alerte à laquelle personne ne fait attention, tant il y en a. Mais, à 13 h.55, trois appareils mitraillent les avions restés au sol. Puis, pendant près de vingt-cinq minutes, deux-cents bombardiers arrosent de projectiles de tous calibres les pistes, les hangars, les appareils, les bâtiments tandis que des chasseurs clouent sur terre tout ce qui y bouge. Le village de Cazaux est presqu’entièrement épargné. On relève cependant trois morts, Andrée Faure et Jean Mézel et, dans la base, un travailleur civil d’Arcachon, Henri Ducourneau. Dès lors, nous dit M. Gispalou, « la population locale est plongée dans l’angoisse car de nombreux civils Arcachonnais ou Testerins, travaillent dans le camp militaire ».

 

Angoisse justifiée puisqu’un second bombardement a lieu le 19 juin 1944, dans le cadre d’une attaque généralisée sur les terrains d’aviation de la région bordelaise. A 9 h.30 c’est l’alerte. Mais ce n’est qu’à 10 h.45 que, opérant dans l’axe nord-sud, trois vagues de douze B.17 britanniques chacune se succèdent jusqu’ à 11 heures, démolissant la piste reconstruite récemment mais aussi éventrant les réservoirs d’essence. De hautes flammes rouges dominant de lourdes fumées noires se voient de loin tout autour de Cazaux autour, durant des heures.

 

Par la suite, il appartient aux F.F.I testerins de libérer Cazaux.

 

(A suivre)

 

Jean Dubroca.

 

– Légendes photos :

1- Avions de chasse allemands. (D.R)

2- Allemands à Pilat. (Col. part)