CHRONIQUES RETRO-TESTERINES – #41 –

par Jean Dubroca

Rencontres (28)

 

DES ARTISANS INSPIRES (II)

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* Dominique Lebsohm est un charpentier de m          arine formé à tous les secrets de ce difficile métier dans le chantier naval testerin de M. Raba qui, depuis des années, créé de superbes bateaux en bois. M. Lebsohm a été sélectionné pour présenter son travail au public du Palais des Sciences et de l’Industrie de La Villette où je l’ai rencontré. D’où cet article paru le 5 janvier 1990 sous le titre :

 

«  La tradition marine testerine s’expose à Paris »

 

– « Viens par ici, ça sent bon », dit un homme à son épouse. Il est vrai qu’au milieu de cet univers du Palais des Sciences et de l’Industrie à Paris, fait d’ordinateurs glauques et de graphiques chaleureux comme des équations algébriques, les nombreux visiteurs s’étonnent de découvrir un véritable atelier de charpente marine d’où émanent des effluves de résine et de sciure. De longues pièces de bois s’allongent au sol, entre toupie, raboteuse ou scie à ruban. Sur le mur du fond, s’accroche une panoplie d’outils vieux comme l’arche de Noé. C’est là le cœur de l’exposition « Naissance d’un bateau » qui vient illustrer la permanence de la construction en bois dans la petite marine.

 

Dominique Lebsohm, charpentier de marine venu tout droit des ateliers Raba à La Teste, a été sélectionné pour travailler en public à la fabrication d’un bateau en bois, selon les règles ancestrales du métier. Notre charpentier est venu à cette profession après avoir découvert les charmes d’une croisière à bord d’un voilier paré d’acajou, un de ces bateaux qui naviguent de manière presque sensuelle en craquant sous les efforts du vent et de la vague, comme s’ils partageaient les rythmes vivants de la mer. Voilà pourquoi, après de longues études universitaires de spécialiste de l’urbanisme, il a jeté aux orties parchemins et diplômes pour se consacrer à la construction de navires traditionnels. Voilà dix ans, il n’existait aucun centre de formation à ce métier. Dominique Lebsohm l’a donc appris sur le tas et sa formation universitaire lui a permis d’associer cultures technique et historique ce qui donne à ses explications sur le chantier une qualité remarquable. Il constate avec plaisir l’intérêt porté par les visiteurs à son travail, aussi bien ceux qui savent à peine que « les petits bateaux n’ont pas de jambes » que ceux qui connaissent le monde de la voile et qui repartent le rêve au cœur. Dominique Lebsohm croit donc fermement en l’avenir des bateaux traditionnels, conçus avec un souci de haute qualité qui tente les amateurs. Il croit aussi en l‘avenir de son métier, car, dit-il : « la petite flotte de pêche est construite en bois et, pour fabriquer des moules des coques en plastique, il faut aussi une bonne connaissance du travail du bois ».

Pour montrer ce travail, lui et ses compagnons, ont entrepris la construction d’un « Cazavant » de l’île de Ré ou bien d’un « Morbihan », l’un des premiers dériveurs français réalisé en petite série dès 1891, l ‘ancêtre du célèbre « Vaurien ». Il va bientôt attaquer la mise en chantier d’un Monotype du Bassin qui n’a rien à envier par ses qualités marines aux autres bateaux du même genre.(…)

 

Les visiteurs s’arrêtent longuement devant l’atelier car, dans ce monde scientifique un peu austère, ils y découvrent des gestes d’une vie aux dimensions humaines. Car, dit encore Dominique Lebsohm, « Il ne s’agit pas de faire de la muséographie mais d’exprimer la continuité de la vie, ce qui séduit le public ». Et il demande : « A quand de semblables démonstrations dans une cabane du port de La Teste ? ».Oui : à quand ?

 

Jean Dubroca

 

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Depuis, Dominique Lebsohm, installé en Bretagne, est devenu journaliste spécialisé dans la presse nautique où il fait autorité. Depuis, aussi, des écoles de charpente marine ont ouvert en France et, sur le Bassin, de nombreux bateaux traditionnels ont vue le jour.

 

– Légendes photos :

 

• Pinasses du Bassin.
• Dominique Lebsohm au travail. (Photos J.D)