Lu … par Jean Dubroca / LE FESTIN #98 ETE 2016

Revue « Le Festin » N°98

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Le dernier numéro du « Festin » se propose, comme les précédents, « de passer l’Aquitaine en revue en allant « à l’encontre des idées reçues sur le tourisme et le patrimoine (…) et d’ajouter à la science la trajectoire du rêve que chacun porte en soi en songeant à la stimulante formue de Michel Torga : l’universel, c’est le local moins les murs », écrit son directeur de publication, Xavier Rosan. Dans cette édition, spéciale été,consacrée à « l’esprit bord de mer » on trouve particulièrement deux dossiers consacrés au Bassin et centrés sur des bâtisseurs qui, à travers leurs empreintes réussies sur ses paysages ont profondément marqué son histoire.

     Le premier dossier est consacré à l’architecte bordelais Michel Pétuaud-Létang et il a pour titre « Cinquante ans de villas sur le Bassin ». Il est signé par Marc Saboya, historien de l’art et maître de conférences honoraire à l’université Bordeaux-Montaigne.

Capture d’écran 2016-06-18 à 11.50.00

Il situe l’œuvre de Michel Pétuaud-Létang sur les villas balnéaires dans l’inflluence originale de Roland Simounet pour lequel « la maison doit s’intégrer dans un lieu où la ligne pure, les horizontales accusées, la blancheur immaculée des murs doivent appartenir au site ». Cependant, l’auteur souligne que Pétuaud-Létang a su inscrire son inspiration dans une démarche personnelle en l’adaptant au cadre si particulier du Bassin. Respect des dunes pentues et de la forêt de pins l’ont obligé à trouver des solutions audacieuses qui sont détaillées dans la suite de l’article, suivant un ordre chronologique qui montre bien comment le créateur a su répondre aux goûts des habitants tout en conservant de strictes règles architecturales et environnementales.

 

Grand intérêt de ce texte : il repose sur des exemples très concrets des réalisations de Pétuaud-Létang sur le Bassin, en détaillant les particularités techniques des principales villas qu’il y a construites depuis 1964. Chacune d’entre elles illustre l’évolution des grands principes de l’architecte : héritage et lecture de la modernité, travailler avec la pente, utilisation du bois. Pour chacune d’entre elles aussi, l’auteur décrit ce qui fait leur particularité, leur audace, leur poésie aussi.

 

Autre intérêt de l’article enfin : des plans, des schémas ou des photos montrent avec précision l’audace de Pétuaud-Létang qui sait si bien, lit-on en sa conclusion : « lancer des lieux de vie transparents dans le vide d’une pente raide et s’affranchir des lois de la pesanteur ».

 

L’autre dossier est consacré à la famille Gaume, « Les bâtisseurs du Pyla ». Son auteur, Bertrand Charneau est chercheur au service du patrimoine de la Région et il raconte « la saga Gaume », depuis les premières réalisations de style basco-béarnaises conçues par Louis Gaume à Pilat-Plage à partir de 1927, jusqu’aux villas les plus contemporaines mais qui conservent, épurée, la même esthétique et toujours construites par une entreprise dirigée aujourd’hui par … Louis Gaume, mais de la troisième génération familiale.

 

L’article évoque la vie du « pater familias », la construction par son entreprise de villas emblématiques comme « Téthys » ou « Casa Sylva », puis la naissance de Pilat-Plage, grâce à certains appuis financiers. Bertrand Charneau démontre ensuite la cohérence économique de la nouvelle station et analyse le succès du style néo-basque et ses principales techniques. Enfin, il livre des précisions sur la distinction à établir entre « entrepreneur » et « architecte ».

 

A noter enfin de belles photographies d’Alban Gilbert, dont plusieurs de grands formats et qui ont aussi le mérite d’attirer l’attention sur l’évolution du style Gaume et sur des détails architecturaux originaux.

 

Rappelons à ceux que ce sujet intéresse le livre très documenté  « Louis Gaume, entrepreneur d’exception » de Denis Blanchard-Dignac et Charles Daney. (Editions Loubatières – 2006).

Jean Dubroca.

 

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« Le Festin » N°98. Au sommaire notamment  : Eyrignac, visions poétiques ; La maison Hennessy à Cognac ; Guéthary, l’éclat de l’éternel été ; Artouste, la voie des cimes ; Monflanquin, le moyen âge en spectacle. (128 p. 22 x 28. 15 €. Toutes librairies et maisons de la presse).

 

Photos : Couverture de Pierre Commarmond « La Grande Dune » 1935.