Rencontres #32 (Un architecte en sa ville I)

     CHRONIQUES RETRO-TESTERINES – 46 –

par Jean Dubroca

Rencontres (#32)

 

UN ARCHITECTE EN SA VILLE (I)

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     * La Teste change. Si des traditions, comme la chasse à la tourterelle, sont mises à mal on observe aussi que le centre de la ville change d’aspect en ces premières années de 1990. On le mesure bien en s’y promenant en compagnie du jeune architecte, Jean Dubrous, testerin s’il en est. S’il observe encore de nombreux témoignages du visage encore rural de la ville, on s’aperçoit aussi que le tissu urbain testerin développe déjà d’importants changements. Voici donc, à ce sujet, l’article paru le 6 septembre 1992 sous le titre :

 

                      « Une ville à la campagne »

 

– En se promenant le long des rues tortueuses de La Teste avec l’architecte Jean Dubrous, il fait observer que la ville porte de nombreuses traces très nettes de son passé agricole. En son plein centre, subsistent chez beaucoup de particuliers des jardins potagers tirés au cordeau ainsi que des vignes et des prairies. «Cela forme, constate Jean Dubrous, un tissu urbain particulier très représentatif de l’économie ancienne du Sud-Bassin. Ici, nous sommes hors du temps. » Les constructions en bois, le matériau local d’autrefois peu coûteux, sont nombreuses, tels des chais, des écuries et des hangars souvent importants. Quant au tissu urbain, il présente un bâti discontinu, aggloméré en îlots peu densifiés. Très souvent, les maisons s’assemblent autour de placettes fermant des chemins-impasses. Cette disposition autour d’un puits dont on remarque des traces, rappelle celle de l’airial landais, une partie commune desservant les parcelles privées. Une communauté de vie qui peut expliquer l’attachement landais au socialisme…

45 Bâti lâche

Autre charme de cette ville : « On y trouve tous les types architecturaux de la région », observe M. Dubrous. Les maisons d’ostréiculteurs avec leurs toits couverts de tuiles plates et leurs galeries ornées de bandeaux de fines découpes, voisinent avec des maisons plus anciennes, aux baies inégalement disposées ou, au contraire, très régulièrement percées. Ailleurs, l’enrichissement de quelques parqueurs les a amenés à construire des « villas parisiennes » aux riches volumes bien décorés.

45 Vieux marché

Sans oublier, évidemment de beaux bâtiments en pierre, bien équilibrés généralement du XVIIIème siècle. L’hôtel de ville, la maison Lalanne ou l’hôtel de Baleste sont les plus connus. Mais il en existe bien d’autres, parfois plus anciens. Gilbert Sore en a fait l’inventaire : « Rue Brémontier se trouve la maison Lalesque, construite en 1663 ; au 3 de la rue de Verdun, se situe la maison de la famille Baleste-Marichon ; au 5, l’ancienne mairie ; au 9, la maison Pradère date de 1732. Au coin des rues Francon et Pierre-Larrieu, s’élève la demeure des Peyjehan. » Beaucoup de maisons anciennes montrent encore une robuste harmonie, caractéristique des bourgs landais comme le presbytère, par exemple.

45 Retour tradtion

Cependant, l’arrivée du chemin de fer, il y a cent cinquante ans, modifie le plan de la ville. A partir de 1845, la cité s’allonge dans l’alignement du nouveau port construit ainsi à cause du passage de la voie ferrée. Deux axes principaux se dégagent alors : l’un vers Cazaux, l’autre vers Bordeaux ou Arcachon dans le sens opposé. Ils se croisent place Jean-Hameau. « Une ville, c’est un croisement, ici, il existe », constate Jean Dubrous. Conserveries, scieries, usines de traitement de la résine s’installent alentour mais près du centre. Un premier lotissement se crée même à partir de la gare. Jean Dubrous remarque : « Il se ramifie avec des voies principales et forme de ce fait une structure vivante. Ses rues secondaires créent une hiérarchie dans le tissu urbain, caractéristique de la ville réussie. Aujourd’hui, dans les autres quartiers, cette hiérarchie a presque complètement disparu. »

 

Evidemment, on ne peut que poser la question : « Comment pourrait-on, ici, retrouver une ville présentant une organisation urbaine réussie ? »

 

(A suivre)

 

Jean Dubroca

 

– Légendes photos :

1 – Un bâti discontinu (D.R)

2 – Le vieux marché, typique de l’utilisation du bois dans la construction traditionnelle testerine. (C.P.) ( Image à la Une)

3- Retour à la tradition : un bâtiment sur le port conçu par Jean Dubrous.