On vous invite à lire : « Sale temps sur le bassin »

Pour les retardataires de l’été …

une « saine  » lecture de plage d’un auteur confirmé !

Par Jean Dubroca

 

 

« SALE TEMPS SUR LE BASSIN »

PATRICE VERGÉS

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Capture d’écran 2016-08-28 à 13.23.22Dans « Sale temps sur le Bassin », (*) Patrice Vergès vient d’extraire de sa vie paisible son personnage récurrent, le libraire arcachonnais Christophe Richard, qui n’avait pas du tout envie de cela. Pour le plus grand malheur de ce boutiquier, pourtant à peine remis de ses précédentes mésaventures arcachonnaises. Il devrait pourtant avoir l’habitude des gros ennuis puisque comme le lui répète Yvonne, son amie de cœur « Tu les collectionnes ! ». Et voilà que dans son dernier roman policier paru, Patrice Vergés ne ménage pas son héros. On se demande d’ailleurs s’il l’aime ou le déteste. Car, dès les premières pages, le voilà promis à une mort sadique par une impitoyable tueuse à gage, rémunérée par une non moins barbare commanditaire qui déteste le pauvre Christophe, on saura pourquoi plus de trois-cents pages plus tard. Mais ce que nous, savons, déjà, nous, c’est que les silhouettes qu’il croise ou les voitures brillantes de crachin qui le suivent sont autant de sinistres signes prémonitoires de ses malheurs. On slalome donc dans une tragédie grecque : tout ne peut que s’achever dans le sang. A moins que… On ne sait jamais…

 

C’est donc dire que ce livre est particulièrement bien construit. Mais, Simenon nous l’a appris : il n’y a point de bon roman policier sans une atmosphère qui ait de la gueule. Et là, bien décrite, cette atmosphère, c‘est le climat particulièrement glacé et humide d’Arcachon et du Ferret de l’affreux hiver de l’année 1973, bien reconstituée, celle où le président Pompidou grossit à vue d’œil, où le premier ministre Pierre Messmer réduit la consommation d’essence ainsi que l’éclairage des rues à cause des princes arabes et où se marque ainsi que s’achèvent les Trente Glorieuses. Rien que du noir ! Si on ajoute à cela qu’Yvonne vend son café, chaleureux havre de paix, qu’elle risque de perdre tous ses sous avec un gigolo musclé qu’elle adore et que Christophe n’a qu’à acheter des documents ouvrant une énigme historique portant sur la base américaine d’hydravions du cap Ferret en 1917, assez  pour attirer sur lui un redoutable agent des services secrets, un policier vindicatif et soupçonneux, une jeune femme énigmatique, la tueuse sadique qui ne le lâche pas, plus quelques cadavres inopportuns dont il faut bien se débarrasser sous la tempête on comprend vite que, si le temps est tout baveux, on va néanmoins vivre les passionnantes mésaventures de notre libraire, avec tout ce qu’il faut d’humour, d’inquiétude et de retour dans un univers nostalgique, celui d‘un Arcachon embué de pluie et de mystère, vieux d’il y a déjà près d’un demi-siècle,

 

Et comme un bon roman ne saurait être que romanesque, les surprises abondent, les personnages, les situations et les décors sont saisis sur le vif et sur les plages hivernales désertiques et presqu’irréelles, au coin de rues vides et noires, et même jusque dans le sud de l’Espagne, les coups d’action éclatent brutalement.

 

Un conseil : ne pas commencer à lire ce livre le soir, sinon, on est obligé d’y passer la nuit.

 

Jean Dubroca.

 

(*) Patrice Vergés « Sale temps sur le Bassin ». Editions « Vents salés ». 331 p. 21 x 15. 20 €. 2016.