Ici, on sauve les oiseaux … et les autres !

TALENTS   DU   BASSIN  #6

par Jean Dubroca

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– PATRIMOINE. « Audenge : Centre de sauvegarde de la Ligue de protection des oiseaux. (L.P.O.) »

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En plein cœur des cinq cents hectares du domaine de Certes-Graveyron qui borde le Bassin à Audenge, on trouve, tout à côté de l’historique château en rénovation du marquis de Civrac, le Centre de soins de la faune sauvage régi par la L.P.O. principalement consacré à l’accueil des oiseaux marins ou autres qui pullulent ici.

Quel meilleur cadre pour cela que ce domaine construit de près salés endigués, de réservoirs à poissons survivants de marais salants, de prairies humides où se mêlent eaux salées et douces donnant ainsi une végétation originale où les tamaris torturés se mêlent aux cotonniers vaporeux, -les fameux cotonniers de Bassalane- ainsi qu’aux roseaux agiles et aux herbes rêches ! Des sentiers de promenade parcourent ce monde mi-aquatique, mi terrestre sur quatorze kilomètres de long qui offrent de petites plages sauvages et des vues sur le Bassin dont les rives civilisées semblent border un autre monde. Sans compter les loutres ou les ragondins qui montrent leurs museaux au ras de flots, on voit aussi oies, canards, courlis, cygnes ou fous de Bassan qui peuplent cet univers paisible qui, avec la forêt usagère testerine, forme la part la plus pure de notre patrimoine naturel local.

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C’est donc là, depuis exactement le 13 novembre 2002, date de la catastrophe du pétrolier « Prestige » dont le naufrage a « enmazouté » avec 77 000 tonnes de fuel lourd des milliers d’oiseaux marins, des défenseurs de la Nature, membres de la Ligue de protection des oiseaux et appuyés par de nombreux bénévoles ont ouvert dans l’urgence un lieu de sauvegarde pour ces oiseaux en perdition. Installés d’abord à Arès dans un camping accueillant, le département a rapidement mis une grange à leur disposition. De la grange, ils sont passés en quinze ans à de plus confortables locaux préfabriqués pour fonctionner maintenant sur deux étages dans une large partie des constructions du domaine qui, sur six cents mètres carrés, respectent leurs aspects traditionnels.

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Ce qui n’enlève rien à leur équipement moderne : salle de chirurgie permettant des interventions de pointe, appareils radiologiques ou émettant des rayons laser. On est plutôt fiers, ici, de cet oiseau, un accenteur mouché, tiré des griffes d’un chat et opéré des poumons ou bien d’une chauve-souris dont l’aile cassée a été réparée par une broche ! Tous pourront se remettre de leurs mésaventures à l’extérieur du bâtiment, en forêt où les services disposent d’une volière d’un hectare. Après quoi ils sont relâchés comme le fut cette buse blessée par des plombs de chasse et libérée par la maire d’Audenge, Nathalie Le Yondre lors de l’inauguration du nouveau Centre le 20 octobre dernier. De plus, le Centre dispose d’une unité mobile de soins notamment équipée d’une couveuse pour oisillons.

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Cependant, des équipements manquent encore et la L.P.O lance un appel à un financement participatif via la plateforme HelloAsso afin qu’elle puisse s’équiper de matériel chirurgical et d’enclos ou de cages pour soigner les gros animaux.

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Mais ces installations ne seraient rien sans les hommes et les femmes les servant. Actuellement, le Centre est dirigé par Manon Tissidre qui travaille ici avec quatre salariés. Mais, avec eux, collaborent 140 personne, dont 20 qui constituent le « noyau dur » de l’opération, 35 « rapatrieurs » et 46 vétérinaires, tous entièrement bénévoles et qui, tous, apportent leurs services gratuitement. Une contribution d’autant plus nécessaire qu’il leur faut assurer des soins et des permanences le jour, de 7 h. à 23 h. et des veilles durant toutes les nuits car des oisillons exigent sans arrêt leur pitance. Au total, environ 7000 heures de travail sont ainsi assurées dans l’année car il faut répondre à 8000 appels par an et le centre héberge 450 pensionnaires en moyenne par jour, chacun restant en soins environ durant deux mois.

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Tout ce dévouement aboutit à d’autres résultats chiffrés considérables, d’autant plus que le Centre audengeois soigne aussi de nombreux mammifères : renards, écureuils ou chevreuils, blessés ou malades venus, comme les oiseaux de toute la Gironde et d’une partie de la Dordogne et, pour 95 % d’entre eux, victimes de l’homme. C’est ainsi qu’en 2015, 2250 animaux appartenant à 154 espèces différentes ont été soignés. Les estimations pour 2016 avoisinent les 2500 arrivées. Et le bilan est d’autant plus encourageant que 70 % des soignés ont survécu. Ce qui a un coût puisqu’on parle de 150 € de frais par animal.

 

De plus et ce n’est pas le moindre de ses   efforts, la Ligue de protection des oiseaux milite aussi contre le braconnage qui s’attaque aux volatiles protégés tels les cygnes, les éperviers, les faucons et les ortolans.

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A l’heure où l’on apprend (« Le Monde » du 18 janvier 2016) que les singes seraient menacés de disparition d’ici à 25 ou 50 ans, on comprend combien la lutte pour sauvegarder les espèces vivantes est essentielle. Car le singe, c’est bien le dernier chaînon qui rattache l’homme à ses origines. Cet ultime lien disparu, on voit nettement qui sera alors en voie d’extinction … C’est pourquoi, étant donné sa grande utilité, le centre audengeois de protection de la faune sauvage pourrait figurer en bonne place dans le palmarès du Prix du Patrimoine décerné par l’académie au mois de septembre prochain.

J.D.

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D’autres images sur la page Facebook du centre

https://www.facebook.com/pg/centresoinslpo/photos/

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– PATRIMOINE. « Audenge : Centre de sauvegarde de la Ligue de protection des

                                  oiseaux. (L.P.O.) »

 

 

 

 

En plein cœur des cinq cents hectares du domaine de Certes-Graveyron qui borde le Bassin à Audenge, on trouve, tout à côté de l’historique château en rénovation du marquis de Civrac, le Centre de soins de la faune sauvage régi par la L.P.O. principalement consacré à l’accueil des oiseaux marins ou autres qui pullulent ici. Quel meilleur cadre pour cela que ce domaine construit de près salés endigués, de réservoirs à poissons survivants de marais salants, de prairies humides où se mêlent eaux salées et douces donnant ainsi une végétation originale où les tamaris torturés se mêlent aux cotonniers vaporeux, -les fameux cotonniers de Bassalane- ainsi qu’aux roseaux agiles et aux herbes rêches ! Des sentiers de promenade parcourent ce monde mi- aquatique, mi terrestre sur quatorze kilomètres de long qui offrent de petites plages sauvages et des vues sur le Bassin dont les rives civilisées semblent border un autre monde. Sans compter les loutres ou les ragondins qui montrent leurs museaux au ras de flots, on voit aussi oies, canards, courlis, cygnes ou fous de Bassan qui peuplent cet univers paisible qui, avec la forêt usagère testerine, forme la part la plus pure de notre patrimoine naturel local.

 

C’est donc là, depuis exactement le 13 novembre 2002, date de la catastrophe du pétrolier « Prestige » dont le naufrage a « enmazouté » avec 77 000 tonnes de fuel lourd des milliers d’oiseaux marins, des défenseurs de la Nature, membres de la Ligue de protection des oiseaux et appuyés par de nombreux bénévoles ont ouvert dans l’urgence un lieu de sauvegarde pour ces oiseaux en perdition. Installés d’abord à Arès dans un camping accueillant, le Département a rapidement mis une grange à leur disposition De la grange, ils sont passés en quinze ans à de plus confortables locaux préfabriqués pour fonctionner maintenant sur deux étages dans une large partie des constructions du domaine qui, sur six cents mètres carrés, respectent leurs aspects traditionnels.

 

Ce qui n’enlève rien à leur équipement moderne : salle de chirurgie permettant des interventions de pointe, appareils radiologiques ou émettant des rayons laser. On est plutôt fiers, ici, de cet oiseau, un accenteur mouché, tiré des griffes d’un chat et opéré des poumons ou bien d’une chauve-souris dont l’aile cassée a été réparée par une broche ! Tous pourront se remettre de leurs mésaventures à l’extérieur du bâtiment, en forêt où les services disposent d’une volière d’un hectare. Après quoi ils sont relâchés comme le fut cette buse blessée par des plombs de chasse et libérée par la maire d’Audenge, Nathalie Le Yondre lors de l’inauguration du nouveau Centre le 20 octobre dernier. De plus, le Centre dispose d’une unité mobile de soins notamment équipée d’une couveuse pour oisillons.

 

Cependant, des équipements manquent encore et la L.P.O lance un appel à un financement participatif via la plateforme HelloAsso afin qu’elle puisse s’équiper de matériel chirurgical et d’enclos ou de cages pour soigner les gros animaux.

 

Mais ces installations ne seraient rien sans les hommes et les femmes les servant. Actuellement, le Centre est dirigé par Manon Tissidre qui travaille ici avec quatre salariés. Mais, avec eux, collaborent 140 personne, dont 20 qui constituent le « noyau dur » de l’opération, 35 « rapatrieurs » et 46 vétérinaires, tous entièrement bénévoles et qui, tous, apportent leurs services gratuitement. Une contribution d’autant plus nécessaire qu’il leur faut assurer des soins et des permanences le jour, de 7 h. à 23 h. et des veilles durant toutes les nuits car des oisillons exigent sans arrêt leur pitance. Au total, environ 7000 heures de travail sont ainsi assurées dans l’année car il faut répondre à 8000 appels par an et le centre héberge 450 pensionnaires en moyenne par jour, chacun restant en soins environ durant deux mois.

 

Tout ce dévouement aboutit à d’autres résultats chiffrés considérables, d’autant plus que le Centre audengeois soigne aussi de nombreux mammifères : renards, écureuils ou chevreuils, blessés ou malades venus, comme les oiseaux de toute la Gironde et d’une partie de la Dordogne et, pour 95 % d’entre eux, victimes de l’homme. C’est ainsi qu’en 2015, 2250 animaux appartenant à 154 espèces différentes ont été soignés. Les estimations pour 2016 avoisinent les 2500 arrivées. Et le bilan est d’autant plus encourageant que 70 % des soignés ont survécu. Ce qui a un coût puisqu’on parle de 150 € de frais par animal.

 

De plus et ce n’est pas le moindre de ses   efforts, la Ligue de protection des oiseaux milite aussi contre le braconnage qui s’attaque aux volatiles protégés tels les cygnes, les éperviers, les faucons et les ortolans.

 

A l’heure où l’on apprend (« Le Monde » du 18 janvier 2016) que les singes seraient menacés de disparition d’ici à 25 ou 50 ans, on comprend combien la lutte pour sauvegarder les espèces vivantes est essentielle. Car le singe, c’est bien le dernier chaînon qui rattache l’homme à ses origines. Cet ultime lien disparu, on voit nettement qui sera alors en voie d’extinction … C’est pourquoi, étant donné sa grande utilité, le centre audengeois de protection de la faune sauvage pourrait figurer en bonne place dans le palmarès du Prix du Patrimoine décerné par l’académie au mois de septembre prochain.

J.D.

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D’autres images sur la page du Centre

https://www.facebook.com/pg/centresoinslpo/photos/

– « Centre de soins de la faune sauvage de la Ligue de protection des oiseaux ». Contact : Manon Tissidre, Domaine de Certes, 33980 AUDENGE. Tel : 05 56 20 52 ou 06 28 01 39 48.