Au Frac Aquitaine : Granet, après la BD

         Talents du Bassin (#10)

par Jean Dubroca

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      9ème art : Louis Granet : la complicité de la BD et de l’art contemporain.

 

 

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Louis Granet est un Arcachonnais qui a de qui tenir puisque son père, Maurice Granet, est un peintre qui ne manque pas de talent. Son fils, Louis, après des études au lycée Grand Air d’Arcachon, les a poursuivies à l’Ecole de la bande dessinée d’Angoulême et à l’Ecole des arts décoratifs de Strasbourg. Il vit aujourd’hui à Paris mais on peut actuellement voir de ses œuvres à l’exposition du Frac (Fonds régional d’art contemporain) au hangar G2 à Bordeaux et notamment une fresque murale qui illustre parfaitement sa pratique artistique actuelle et particulièrement originale fondée sur les liens entre la bande dessinée et la peinture.

Effectivement, Louis Granet utilise les techniques et les codes de la BD qu’il maîtrise bien pour les appliquer sur plusieurs supports et même sur des tissus les plus divers qui donnent à l’image ainsi acquise, dit-il « la fluidité et le mouvement ». Même s’il continue de produire des « comics », il a estimé qu’il en éprouvait une certaine frustration. D’où sa nouvelle démarche qui s’éloigne de la réalité d’une BD mais qui s’en inspire à travers l’aspect grotesque, la force des couleurs et dont le cloisonnement structure des créations,

 

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appuyées sur la mise en valeur de certains détails, comme un très gros plan photographique : un choux vert, une peluche de Mickey, un cageot de fruits, un chargeur de téléphone ou des bribes de scènes de la vie quotidienne mais traités en grands formats. A ce propos, il dit : « Cette intrusion d’éléments peu montrés en peinture est un prétexte à traiter le dessin ou la peinture avec des transparences et des superpositions. »  En somme, tout ce que l’on peut croire simple et courant mais qui se trouve transfiguré, valorisé, épanoui et neuf et qui naît, comme il l’explique « du besoin qu’il éprouve que le dessin soit torturé et déformé pour qu’il y ait ce passage entre la figuration et l’abstraction ».  Mais, il précise : « il n’y a rien de vraiment abstrait dans mes compositions à l’origine ». Remarquons-le alors : comme dans un dessin de BD classique.

C’est ainsi qu’à partir de cette réalité, mais finalement faite seulement de lignes et de taches articulées, il crée de nouvelles images qu’il superpose, mêle, entremêle, amalgame et entrelace à l’aide de lignes le plus souvent très fluides, si bien qu’il produit des formes physiques qui basculent dans l’abstraction et qui, évidemment, laissent une large place à l’imagination du « regardant », comme on dit aujourd’hui et qui pourrait être, c’est permis en l’occurrence : « l’incrédule », « l’étonné », ou « le dubitatif ». D’autant plus que les divers « êtres » ainsi créés sur des supports variés naissent de perspectives brisées et s’enchevêtrées qui produisent des étages d’images aux multiples possibilités de lectures. Et qui peuvent même laisser une large place à l’humour, une réalité bien visible qui permet de savourer encore mieux les recherches de Granet.

 

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Dans le catalogue de l’une de ses expositions on peut lire, corroborant toutes ces remarques : « la ligne de Granet est signe de souplesse et de justesse. Elle déborde des codes grâce à des ajouts d’espaces qui donnent à percevoir des visions physiques mais aussi délicatement abstraites. Il s’agit d’échos recomposés, d’horizons ping-pong qui se définissent par leurs ambiguïtés formelles et leur force suggestive dirigées vers l’instantanée ».

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Incontestablement, Louis Granet est en train d’inventer un nouvel univers pictural qui intéresse le public. La preuve : le succès qu’il obtient dans les multiples expositions bordelaises ou parisiennes du « Group Show ». A découvrir à Bordeaux –ou à redécouvrir, car il a déjà exposé sur le Bassin- au FRAC-Aquitaine, hangar G2, aux Bassins à flot. (*)

 

J.D.

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(*) Jusqu’au 20 mai. Entrée libre. Lundi à vendredi de 10 h. à18 h et le samedi de 14 h.30 à 18 h. 30. Tel : O5 56 24 71 36.