Par Charles Daney

Le Bassin. Ce titre sobre, distingué, magnifique, désigne un album riche d’émotions contenues que l’auteur sait communiquer au spectateur. Les photographies sont classées par saisons : l’automne d’abord, pour nous la meilleure, la première. Les textes, bien que très discrets pour ne pas étouffer l’image, ne guident pas moins habitués et néophytes. Frédéric Ruault aime les nuages. Il nous en donne les noms, fixe l’escalumade avant qu’elle disparaisse…

Il court, tout le long du livre une impression de retenue, comme si l’auteur ne voulait pas effaroucher le visiteur plongé dans l’album. Peu de mots, une impression discrète mais des images prégnantes, captivantes, dont on se dit qu’on les a déjà vues quelque part, qu’elles ont été enfouies en nous et que nous les avions crues oubliées, des images chargées d’émotions, que je dirais volontiers « littéraires » tant elles sont intimistes et de bonne facture. L’eau, le ciel, l’arbre, le sentier, le sable, les cabanes, les bateaux au fil des saisons, jamais de plaisanciers ni de plages surchargées : un Bassin dont nous retrouvons les images avec infiniment de plaisir, même quand elles sont répétées, tant elles sont chaque fois différentes. Même les cabanes tchanquées. On en trouve aussi d’insolites. Celles que je préfère ? Les blockhaus noyés par la mer, la « tonne » à marée haute.

Ce n’est pas pour rien que la galerie du photographe s’appelle « Esprit Bassin » : un Bassin dépouillé de ses oripeaux, vu, senti, aimé, exprimé par Frédéric Ruault.

Un très bel album dont on ne se lasse pas de revoir les photographies, semblables toujours et toujours différentes. Comme le Bassin.

Frédéric Ruault : Le Bassin, La Geste éditions 2017 format carré 31X31 240 pages 29,90€

Esprit Bassin 17 avenue Gambetta 33120 Arcachon, Tel. 05 06 83 05 84