Mémoires de l’Afrique, Avant Israël, deux auteurs en dédicace

44- TALENTS DU BASSIN

 

par Jean Dubroca

 

Littérature : Deux auteurs, deux académiciens sur le pont

Daniel Duhand. Il est journaliste depuis son premier reportage photographique à Cuba en 1974. Il devient journaliste économique en 1981 avant d’intégrer la rédaction du Figaro-Magazine en 1991. Il se spécialise alors dans les sujets d’aventures et d’explorations qu’il publie dans « Paris-Match », « VSD », « Sciences et Vie » et « Grands Reportages ». Il couvre alors les aventures des explorateurs du grand froid  comme Jean-Louis Etienne, Norman Vaugham, Laurence de Laferrière qui traverse l’Antarctique et bien d’autres encore. Il devient rédacteur en chef de la revue « Chiens et traineaux-Magazine ». Une si belle carrière que Maurice Herzog le consacre en 1995 « Historiographe de l’Aventure ».

Le premier livre reprend le scénario du film qu’il a écrit pour Arte en 2012 et réalisé par Michaël Pitiot, inspiré par sa connaissance du grand nord et son goût d’historien : « Poilus de l’Alaska ». (1)  Il y dévoile une passionnante épopée mal connue car longtemps classée « Secret défense » par les autorités militaires. A l’hiver 1914, alors que les armées françaises s’embourbent dans les neiges et les glaces du front de l’Est, le froid et les difficultés de ravitaillement entraînent la mort de milliers de soldats, paralysés aussi par le manque de munitions. Pour éviter que pareille catastrophe ne se répète, le capitaine Mouflet et son adjoint le lieutenant Hass obtiennent du quartier général, en août 1915, l’autorisation d’aller acheter plus de quatre cents chiens de traîneaux au plus loin de l’Alaska, afin de ravitailler les troupes enneigées en les attelant à des traineaux. Va commencer alors une aventure extraordinaire à laquelle participe le plus célèbre des conducteurs de traineaux à chiens d’Alaska : le musher Scotty Allan, celui-là même qui inspira Jack London. Les voilà bientôt à la tête de la plus grande meute de chiens du monde qu’il s’agit de ramener en Europe. Y parviendront-ils  en déjouant tous les pièges d’un monde en guerre ? C’est là toute l’interrogation qui va passionner le lecteur jusqu’au bout. Deux albums en BD au graphisme éloquent donnent une vision très vivante de cette aventure arctique.

Le second livre de Daniel Duhand ressemble au premier dans la mesure où il raconte un événement oublié malgré son importance historique. Comme le précédent, aussi, il est tiré d’un scénario qu’il a écrit. Il s’agit de ce qu’il appelle « l’affaire du Titanic français ». Ce qui n’est pas faux puisqu’il revient sur le drame du paquebot « l’Afrique » de la Compagnie française des Chargeurs réunis. Le navire quitte Bordeaux le 12 janvier 1920. Destination : Dakar. A son bord ont embarqué 474 passagers, dont 192 tirailleurs sénégalais et 120 hommes d’équipage. Il fait mauvais temps et, dès la sortie de la Gironde, le bateau connaît des difficultés. Des témoins disent que le navire fait de l’eau depuis son départ. Toujours est-il, qu’il vire de bord pour se rendre vers La Palice mais sur une seule machine. Il lance des appels de détresse. Le paquebot « Ceylan » vient à son aide mais la mer est si mauvaise qu’il ne peut le remorquer. Ils se perdent de vue. Devenu très difficile à manœuvrer, « L’Afrique » entre en collision avec le bateau-feu du plateau de Rochebonne. Une voie d’eau se déclare. Le « Ceylan » l’entend annoncer qu’il évacue ses passagers. Mais l’inclinaison de l’Afrique est telle que la mise à l’eau des canots de sauvetage est très difficile. On n’est pourtant qu’à quelques miles des côtes charentaises mais seuls trente-quatre hommes survivront.

Daniel Duhand fait vivre ce naufrage, l’un des plus meurtriers de l’histoire de la marine française, dans ses moindres dramatiques détails. De plus, il revient sur les suites du naufrage : les causes du naufrage et ses conséquences judiciaires, rendues en 1932( !) ce qui révèle des surprises effarantes, l’affaire ayant même entraîné des débats à l’assemblée nationale. De plus, le livre renseigne sur l’identité des passagers et comprend plus de soixante-dix illustrations et documents authentiques. Un beau travail d’historien à la recherche de la vérité.

 

Daniel Duhand signera ses livres à la FNAC de Biganos, le 16 décembre prochain et présentera son film « L’Afrique » le samedi 20 janvier, à 10 h 30,à la Centrale à La Teste dans le cadre des rencontres de l’Académie du Bassin.

 

Olivier de Marliave vient de publier « Les Terres promises avant Israël ». (2)

Olivier de Marliave, journaliste, écrivain, curieux de tout !

Sous-titré « De Surinam à l’Alaska, du Kenya à la Mandchourie », l’ouvrage relate l’éternelle quête d’un asile pour le peuple juif qui a fini par trouver celui d’Israël en 1948, en la vieille terre d’Abraham. Mais avant ? Bien des lieux ont été recherchés par les Juifs pour s’y installer et y vivre paisibles, éloignés de toutes les persécutions qu’ils ont connues en divers lieux du monde. Pendant des siècles, ils ont souffert de pogroms, et d’emprisonnements pour aboutir au plus grand massacre de l’Histoire, perpétré par les nazis. Et pendant des siècles ils ont cherché leur terre promise.

Le livre d’Olivier de Marliave raconte donc cette épopée et décrit les traces qu’elle a laissées dans le monde. Avec des événements importants, tels en 1561, la colonisation qu’ils entament en Palestine, l’achat aux Turcs de terres en leur faveur toujours en Palestine par Moshé Montefiore, en 1855, l’une des premières figures que l’auteur évoque dans cette installation en Palestine. Autres personnages allant dans le même sens, Edmond de Rothschild qui finance leurs premières fermes encore en Palestine, en 1883 tandis qu’en 1901, Theodor Herzl obtient d’un sultan l’installation massive de juifs dans ces mêmes territoires. En 1917, le Britannique Balfour y encourage la création « d’un foyer national », ce qui marque une étape importance dans l’histoire d’Israël. En 1938, devant ce que les Juifs subissent en Allemagne, une conférence internationale à Évian leur recherche des terres d’accueil mais ce n’est qu’en 1948 que l’état d’Israël est créé en Palestine. Cette série de dates qu’étudie en détail Olivier de Marliave permet de comprendre pourquoi, aujourd’hui, les Juifs se considèrent chez eux en Israël.

Mais là n’est pas le seul intérêt de ce livre. Car il évoque aussi et surtout, des faits très mal connus qui concernent toutes les recherches menées pour trouver des lieux où les Juifs pourraient s’implanter. On lit alors avec surprise que ces lieux auraient pu se situer en Amérique du Sud, notamment en Argentine, avec Maurice de Hirsch, en Afrique, en Crimée, en Alaska, en Australie, à Madagascar et …en Corse. Sans compter le projet d’état juif sur le Bassin d’Arcachon au XVIIIème siècle. (3)                  L’ouvrage d’Olivier de Marliave est donc essentiel dans la longue et tragique histoire du peuple juif qui intéressera profondément les lecteurs qui veulent mieux comprendre certains problèmes actuels du Moyen-Orient.

Olivier de Marliave dédicacera le mercredi 13 décembre, de 10 h. à 12 h. à la Librairie Générale à Arcachon.

Jean Dubroca.

 

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(1) En vente chez l’auteur. BP 77 Gujan Mestras.

(2) « Terres promises d’Israël ».Olivier de Marliave. Editions Imago. (20 €)

(3) « Projet d’état juif en baie d‘Arcachon ». Jean Claude Riehl. Bul.146 de la SHABA.