47- TALENTS DU BASSIN
par Jean Dubroca
Audio-guides, polar, histoire du sexisme, circuit touristique, clips musicaux …
Créations : des jeunes inventifs
Les initiatives pédagogiques dans les collèges et les lycées du Bassin ne manquent pas afin de développer le pouvoir inventif et créatif des élèves, ce qui, autant que la connaissance, est indispensable dans la formation d’un individu. A ce titre, cinq expériences récentes peuvent être relevées.
– Au lycée des Métiers de la Mer à Gujan-Mestras, une classe propose une originale option « Littérature et Société ». Et, comme pour trouver les chemins qui relient ces deux entités, rien ne vaut de parcourir l’une et l’autre, les lycéens se sont lancés sur les routes du Bassin, à la recherche de personnalités les plus diverses rencontrées dans leurs milieux les plus variés, qu’il s’agisse d’artisans, de pêcheurs, d’ouvriers, ou d’entrepreneurs mais aussi d’artistes et de créateurs. Chaque mois, Mme Riondet, professeure de lettres, collabore avec les professeures documentalistes pour aider les jeunes à découvrir la richesse de l’environnement de ces personnalités mais aussi leurs idées, leurs sentiments, leurs souvenirs et toutes les anecdotes qu’ils peuvent livrer. Buts de ce travail : écrire et réaliser un audio-guide du Bassin d’Arcachon bien particulier. C’est pourquoi, ils ont parcouru la Ville d’hiver dans ses moindres circonvolutions, découvert le spectacle « Diamond Dance » au théâtre Olympia d’Arcachon, dans le cadre de son activité « Midi au théâtre » et ils ont longtemps interrogé un ancien ostréiculteur qui leur a tout dit ou presque sur le port de Larros. Autant de portes ouvertes pour un voyage ouvert sur tous les horizons.
Autre initiative d’une classe de ce même lycée, mais toujours dans le domaine audio-visuel : faire réfléchir créateurs et spectateurs aux lourds problèmes posés par le sexisme, par les droits bafoués des femmes mais aussi à leur évolution à travers l’histoire. Il s’agit encore, disent les professeures Anne Ducourneau, Sylvie Gilbert et Karine Rondet, « de partir des propositions des lycéens pour réaliser un film. » Mais il aura une particularité particulièrement intéressante puisqu’il sera interactif. Cela provient d’une première idée d’un élève : « Pourquoi ne pas se poser des questions au fil de l’histoire que narrera le film ? ». Puis d’autres idées ont enrichi le scénario prévu : par exemple, traverser l’histoire du sexisme à travers plusieurs générations ou à par le regard d’une famille. Ce qui mènera à une série d’interrogations : « Comment aurait-on pu agir autrefois pour que la situation actuelle soit devenue meilleure ? Et si le passé avait été différent ? Et si on avait peu changer les choses de génération en génération ? ». Des questions qui ne resteront pas sans réponses puisque les réalisateurs du film arrêteront le film aussi souvent qu’ils le souhaiteront pour proposer un passé alternatif qui aurait pu changer le présent et l’avenir. Autant de propositions qui permettront au spectateur de cliquer sur « L’avenir est entre vos mains. Saurez-vous changer l’histoire ? » Une manière fort efficace de faire comprendre que la réussite de l’avenir se gagne aujourd’hui.
Mais que l’on ne pense pas que l’expression écrite soit négligée dans ce lycée gujanais. La preuve, le roman policier que la classe de Seconde des T.M.A. (Techniciens-Menuisiers-Agenceurs) est en train d’écrire, sous les conseils des professeures de Lettres Myriam Worlen et Rozeen Halard, en collaboration avec les documentalistes de l’établissement. Les élèves ont déjà jeté les bases de leur polar. Ils ont imaginé qu’un crime aurait été commis dans l’un des ateliers de menuiserie ou de charpente du lycée. Et naturellement, une enquête va commencer. Cependant, les lycéens, s’ils donnent dans l’imagination, vont rester dans le vraisemblable sans lequel il n ‘est pas de bonne intrigue policière. Aussi ont-ils puisé à deux bonnes sources. La première, celle apportée par des gendarmes qui sont venus expliquer aux écrivains l’organisation de leur arme qui permet l’organisation des recherches et aussi comment leur procédure doit être respectée dans le respect du droit. La seconde : ils ont fait appel à une auteur de romans policiers qui leur a confié toutes les ficelles du métier, depuis la construction de l’intrigue avec ses surprises et ses questions. Résultat dans quelques mois qui ne devrait pas manquer d’intérêt.
– Au collège « Chante-Cigale » de Gujan-Mestras c’est à un travail de création orignal auquel se sont livrés des classes de sixième et dont le résultat vient de paraître. Et même de connaître un développement important. Sous la conduite de sept de leurs professeurs, leurs élèves ont réalisé un plan de leur commune et y ont tracé un circuit touristique de vingt-deux kilomètres de long et de plus de deux heures de parcours pour les cyclistes. Lesquels pourront ainsi s’arrêter aux lieux les plus caractéristiques de la ville, monuments, ports ou paysages marins. Leur intérêt est souligné par des photos accompagnées d’explications historiques, géographiques ou économiques. Puis, inspirés par cette réussite, les collégiens ont élaboré une seconde carte. Intitulée « Par les chemins de Gujan-Mestras à bicyclette et en poésie », elle incite le visiteur, non seulement à découvrir les endroits les plus secrets de la commune, mais aussi, grâce à des poèmes à s’imprégner de leur charme et, ainsi, à pratiquer une forme originale –et intelligente- de tourisme. Deux documents si réussis que la mairie les a fait imprimer et diffuser par son Office de tourisme. « Nos vacanciers apprécient beaucoup ce travail », dit Frank Avice, directeur de cet organisme. Mais si ces deux cartes rendent service aux promeneurs, elles ont aussi beaucoup apporté aux collégiens qui, grâce à elles, on pu travailler sur du français, des mathématiques, de la géographie de l’histoire. Et aussi découvrir eux-mêmes une ville que beaucoup d’entre ne connaissaient pas bien.
– Au collège Jean-Verdier d’Audenge, on a su associer musique et images. C’est la professeure d’enseignement musical, Laetitia Hauquin qui a proposé à ses élèves des classes de troisième de réaliser des courts métrages en travaillant soigneusement leur bande son. Par trois ou quatre, une trentaine d’équipes de collégiens se sont mis à l’ouvrage. Ecrire un scénario, le mettre en scène, le filmer et surtout, un peu à la manière d’un « clip », valoriser ainsi une forme de musique. Elle s’appuyait des thèmes comme le harcèlement, la série noire, le fantastique, la défense de l’environnement ou le sport. Finalement, un festival du court métrage a présenté les diverses productions. Et comme dans tout festival qui se respecte, un palmarès a été établi. Et même deux puisque les professeurs d’une part et les collégiens d’autre part ont exprimé leurs préférence. La liste des prix donne une idée de la variété des thèmes traités : « Kidnapping », « Doublage », « Possession », « France 12 », « The world holidays » et « Bike life ».
Finalement, cinq riches expériences pédagogiques qui forment une belle moisson.
Jean Dubroca.