Saint Brice : un des plus beaux paysages du Bassin

 

TALENTS DU BASSIN (52)

 

 

 

Patrimoine / Environnement : Association « Sauvegarde des Quinconces – St Brice d’Andernos ».

 

 

Voilà plus de dix ans que l’association de Sauvegarde des Quinconces à Andernos se bat pour défendre ce site à cheval sur cette commune et sa voisine Arès, au nord-ouest, où il porte le nom de St Brice. Cet endroit constitue l’un des plus beaux paysages naturels bordant le Bassin. Il s’étend sur plus de 140 hectares et, aussi riche que vaste, il est un de ces poumons verts encore sauvages qui ponctuent le Bassin, tels les près salés est de La Teste, le parc ornithologique du Teich ou le domaine de Graveyron à Audenge.

Dans les Quinconces, se succèdent les étangs d’eau douce, les ruisselets, les rivières, les près salés, la forêt, une aulnée marécageuse unique sur le Bassin et d’intéressants réservoirs à poissons. Ils témoignent des travaux lancés par David Allègre en 1845 et développés par Sophie Wallerstein, à l’instar de ceux qu’on trouve de La Teste à Piraillan. Ils fonctionnent avec d’ingénieux mais simples systèmes hydrauliques et constituent un témoignage historique intéressant et même social parce qu’ils ont apporté d’importances ressources à la population.

 

Dans l’ensemble végétal, on découvre une grande variété de plantes. Parmi elles, une espèce protégée, la Rossolis et d’autres, tout aussi rares, comme la linaire des sables et la scille d’automne. Quant à la faune, elle compte une très grande variété de volatiles : canards de toutes espèces, gorge-bleue, héron pourpré ou cormoran. Dans l’étang d’eau douce, nagent des tortues cistudes, une espèce rare en Europe. Bien des faits qui expliquent que le chemin du littoral qui parcourt ces Quinconces jusqu’à Arès où l’on parvient en traversant le Cirés sur un rustique pont de bois constitue une promenade originale qu’appréciait Sarah Bernhardt, tout comme aujourd’hui de nombreux touristes qui s’y promènent ou suivent des visites guidées par des naturalistes.

 

Ce site unique sur le appartient aux trois-quarts au Conservatoire du Littoral depuis 1982. Autant dire qu’il est vigoureusement protégé et qu’il est classé. Mais lorsqu’il s’agit d’y faire bâtir une marina de trois-cents appartements et de cent-quarante lots à bâtir ! Tollé chez les nombreux défenseurs de l’environnement qui se sont retrouvés un bon millier pour s’opposer aux projets municipaux. Pendant plusieurs années, de recours en procès, ils ont réussi à empêcher l’urbanisation du site mais, en 2010 encore, trois hectares de la forêt du Coulin ont excité les promoteurs alors que la loi Littoral y interdit toute construction puisqu’elle est soumise aux risques de submersion marine. Là encore, elle empêchera des constructions de s’y installer et notamment un EHPAD !

 

Une nouvelle municipalité a fait droit aux protestations de l’association. Les trois hectares du Coulin sont désormais classés en zone naturelle et le nouveau PLU de la commune a intégré l’ensemble du site en zone naturelle, ce qui protège ainsi les neuf hectares dont la destination inquiétait l’association. Le maire d’Andernos a même déclaré dernièrement : « Maintenant tout le site des Quinconces est sanctuarisé ».

 

Reste cependant d’autres préoccupations pour l’association. La protection du lieu, sa défense contre la mer et contre les hommes qui ne le respectent pas. Mais le plus délicat reste encore l’affaire des bassins de décantation que la municipalité de 1996 a fait creuser dans le site afin d’y recevoir les boues de dragage du port d’Andernos. Une solution provisoire semble cependant avoir été trouvée pour écarter ce saccage : une nouvelle technique mise au point par le SIBA (Syndicat intercommunal du Bassin d’Arcachon), le Conservatoire du littoral et la commune d’Andernos consiste à diviser par deux la zone de décantation prévue de façon à la végétaliser et de « reformuler » un bassin provisoire en attendant que ceux prévus à Arès soient utilisables.

 

Il n’en reste pas moins que l’Association de défense des Quinconces reste vigilante comme elle le fait depuis vingt ans.

 

Jean Dubroca.