Tout pour un musée de la mer et de la forêt !

  1. TALENTS DU BASSIN

 

par Jean Dubroca

 

Patrimoine : L’association de préfiguration du musée maritime et forestier du pays de Buch.

 

– Voilà des décennies que de divers et nombreux Testerins souhaitent créer un musée qui montrerait la richesse patrimoniale du pays de Buch en matière de traditions et de techniques maritimes et forestières. Jusque vers 1995, il a existé un « Pavillon de l’ostréiculture », situé près de la gare SNCF et qui montrait des techniques de l’élevage des huîtres et leur évolution mais qui démontrait aussi les liens techniques étroits qui existent entre la mer et la forêt dans le pays de Buch. Jugé vétuste, encombrant et surtout fortin de la résistance des défenseurs locaux de l’environnement, le pavillon, qui pourtant recevait de nombreux groupes de visiteurs, fut rasé. Au grand dam de tous ceux qui y voyaient un précieux lieu de recueil de témoignages de la vie locale.

 

Le bâtiment démoli n’empêcha pas l’idée du musée de cheminer dans le milieu associatif qui proposa plusieurs solutions et notamment une « Maison du marin » qui aurait été construite sur le port. En 1997 un projet plus ambitieux voit même le jour. L’association des usagers du port testerin (Auport) lance l’idée d’un écomusée qui s’étendrait sur l’ensemble de la partie ouest de ce port. Une nouvelle fois, le projet échoue. Mais des passionnés de ce passé testerin ne sont pas restés inactifs durant toutes ces années. Patiemment, ils ont regroupé dans un hangar tout ce qui pouvait illustrer ce passé avant que ses objets, ses outils, ses bateaux, ses filets, ses voiles et ses rames ne disparaissent. Et ils sont aujourd’hui en possession de cette richesse qui n’attend plus qu’un lieu pour être montré et valorisé. Philippe Jacques, le président de l’association s’en réjouit : « Sur 750 m2, nous avons entre 10 000 et 15 000 pièces ». (*)

 

Et la collection est particulièrement riche. On y trouve l’original du traité de Nezer, un document important, datant de 1776, dans l’histoire des droits d’usage mais aussi le fonds de l’usine des moteurs Castelnau qui comporte des plans et des machines qui retracent l’histoire de cette importante entreprise locale. On y trouve aussi un grand nombre de plans de pinasses ou de vedettes de service qui témoignent de l’évolution des techniques de construction navale, telle cette « La Dansaneyre », construite à Gujan-Mestras en 1968 suivant un plan de pinasse à rames du XIXème siècle et qui vient d’être inscrite au titre des Monuments historiques. Nathalie Le Galloudec a longtemps œuvré bénévolement pour l’enrichissement de ces collections. Elle dirige aujourd’hui et depuis 2004, le service municipal qui a pris en charge le futur musée. Elle a patiemment inventorié chaque pièce figurant dans les réserves du futur musée. Grâce à des dons divers, elles renferment des outils qui illustrent cent ans du travail du gemmage, une floraison d’outils de tonnelier ou de plaques funéraires ou encore plus de 80 ans de l’artisanat de la chaudronnerie : lampes à souder du début du XXème siècle, tarauds, filières ou alésoirs, « Toutes choses qui vont compléter notre connaissance sur l’organisation du tissu industriel local », commente Philippe Jacques. (**)

 

Mais les créateurs de ce musée veulent dépasser le simple contexte testerin pour raconter, pièces à l’appui, comment les habitants du pays de Buch ont façonné ce territoire depuis la préhistoire. Car la collection ne cesse de s’enrichir au gré des fouilles qui se poursuivent, faisant de La Teste un des sites archéologiques majeurs d’Aquitaine Tout ce qui y a été découvert en matière d’ethnologie et d’archéologie sera montré, valorisé et expliqué.

 

La mise en place du musée demande un très gros travail préparatoire. Une commission des acquisitions valide ce qui doit entrer dans les réserves. Chaque objet retenu fait ensuite l’objet d’une fiche descriptive d’environ vingt pages. A partir de là, il faut rédiger le projet scientifique et culturel du futur musée qui doit s’appuyer sur trois expositions patrimoniales ayant recueilli l’adhésion du public. Ce qui fut bien le cas avec, notamment l’exposition « Mythes et réalités sur l’histoire testerine ». Enfin, le dossier doit être validé par l’autorité politique locale puis labélisé par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles d’Aquitaine). Une démarche longue mais qui permettra d’obtenir le titre officiel de « Musée de France » et les financements qui vont avec. « Nous voudrions rendre le dossier en 2019, afin d’envisager une ouverture en 2022 », (**) souhaite Philippe Jacques qui imagine très bien le bâtiment du musée construit autour du port où la ville possède des réserves foncières, 1500 m2 de planchers étant nécessaires. Un investissement qui serait fort bien apprécié car ce musée est attendu par la population, comme le prouvent les réponses à un questionnaire largement diffusé. Il montre que la quasi totalité des personnes interrogées estime que ce musée serait un atout économique et aiderait à mieux faire connaître l’histoire du Pays de Buch à beaucoup de ses habitants et à de touristes.

 

Si tout va bien, il ne reste donc plus que quatre ans à attendre avant qu’une extraordinaire aventure culturelle, lancée voici près de quarante ans par des amoureux du riche passé historique local, ne voie définitivement le jour, afin de valoriser tous les efforts des hommes et des femmes qui, au fil des millénaires, ont courageusement bâti le pays de Buch.

 

J.D.

29 mars 2018

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(*) « Sud-Ouest » . 20 septembre 2017. David Patsouris.

(**) « La Dépêche du Bassin ». 27 juillet 2017. Jean-Baptiste Lenne.