70 – TALENTS DU BASSIN.
par Jean Dubroca
Images 2018 : Cinéastes du Bassin, une belle moisson d’images
– Chaque année, des cinéastes, jeunes ou chevronnés, réalisent des films en vidéo. En 2017, c’est d’ailleurs le travail d’Arnaud Nadau qui avait obtenu le prix de l’Académie pour son remarquable reportage sur « Hippocampes et autres trésors du Bassin ». L’année 2018 a vu aussi fleurir d’intéressantes créations.
– « Peur sans fin » de Mathieu Pichoff. (Court métrage) Ce réalisateur habite Cazaux où il est un kinésithérapeute bien connu mais qui le sera peut être bientôt tout autant à Hollywood mais, cette fois, comme cinéaste. En effet, son film « Peur sans fin » a été présenté en mai dernier, après sélection, au « Los Angeles Neo Noir Novel, film and script Festival », une rencontre consacrée au polar filmé. Et son auteur avait bien l’espoir, en s’envolant pour le paradis du cinéma, de ne pas en revenir bredouille. Son passé de créateur le lui permet puisqu’il a déjà réalisé « Templar’s Creed », un jeu inspiré par le moyen-âge et inclus dans la série « Assassin’s creed » et qui constitue un univers terrifiant qui l’intéresse beaucoup.
C’est un tel monde que l’on trouve dans « Peur sans fin ». Tourné en douze heures dans le décor glauque de l’hôtel abandonné du Pouy, l’ancien séminaire de Dax constitue un lieu parfait pour raconter la terrifiante histoire de ces deux (trop) curieuses adolescentes qui se glissent dans ce lourd bâtiment chargé d’ombres. Et même peuplé de fantômes comme l’attestent les voix réellement enregistrées par deux « chasseurs de fantômes » qui accompagnaient le tournage. Ce qui explique pourquoi les deux inconscientes ne peuvent sortir que paniquées de ce trou terrifiant pour se précipiter vers la première voiture de police qui passe par là. Les policiers partent inspecter les lieux. Ils le font dans un rythme oppressant, se perdent de vue, de hautes portes claquent le long de couloirs déserts et infinis, des ombres s’étalent sur des murs verts d’humidité et des bruits de voix rauques conseillent à tous de partir de là. Il n’y aura pas de fin véritable, car, a déclaré Mathieu Pichoff, « le concept du film est que quelqu’un s’en inspire pour imaginer la suite » (*) Pour le réalisateur, la suite, c’est le projet d’une carrière de cinéaste à plein temps. On entendra donc, à nouveau, parler de lui, d’autant plus que « Peur sans fin » constitue un brillant exercice de style.
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(*) Entretien avec Émilien Gomez (Sud-Ouest) / Photo Fabrice Plantey
– « Danemark » de Max Mauroux. (16 min.) Pylatais, Max Mauroux a tourné son film (**) dans une petite épicerie arcachonnaise du quartier Notre-Dame. Ce jeune réalisateur de 23 ans, diplômé de l’ESEC (École supérieure d’études cinématographique) a déjà une certaine expérience du métier mais « Danemark » est son premier film personnel. Il s’agit d’un court métrage humoristique racontant la mésaventure de deux jeunes hommes, Félix et Vincent, qui, traînant dans les rues d’Arcachon, tentent de « taper l’incruste » dans quelques soirées privées, puis ils s’escriment à fracturer quelques voitures au passage. Et voilà que l’un d’eux estime que « du fraisos, food calcium, il le kiffe trop » pour s’en passer. Les deux compères s’introduisent alors au petit matin dans une épicerie qui n’est pas fermée à clé, en quête en fait d’un banal « Yop à la fraise ». Mais avant qu’ils aient eu le temps de se retourner, arrive un client. Impossible de faire marche arrière : les voilà épiciers, et, ainsi que le dit Max Mauroux, « entrés par effraction dans le monde du travail » ! Il a confié à Sabine Menet, pour « Sud-Ouest » : « J’aime le décor des épiceries. Je suis fan des frères Cohen et particulièrement d’ Arizona junior où l’épicerie occupe une grande place ». Pour ce faire, Mauroux a travaillé avec trois comédiens. Deux d’entre eux, Joseph Pierre et Marley Dubosq, deux copains, talentueux de naturel, embauchés au passage et François Levantal , vu chez Olivier Marchal et dans « Braquo » qui, peut-on lire dans un compte–rendu d’une projection au festival de l’Alpe-d’ Huez où le film a été sélectionné, « campe un policier jouant du stylo-bille lors d’un climax nerveux, avec sa tête de méchant à la Lee Van Cleef. Il éclaire le film ». Écrit dans la langue vernaculaires des djeunes, on lit aussi : « Un film bien fait, plaisant et bien rythmé ».
Même si « Danemark »n’a pas été primé à l’Alpe d’Huez, son auteur a encore dit à Sabine Menet : « Les retours que nous avons eux de professionnels étaient super encourageants et des inconnus jouaient avec des répliques du film ». Tout ce qu’il faut pour que Max Mauroux travaille déjà sur un second volet autour de ses deux principaux personnages et il a même en tête de leur consacrer un triptyque.
Sur sa page Facebook, le jeune cinéaste annonce que le film a été sélectionné par le Palm Springs International Film Festival
https://www.facebook.com/max.mauroux
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(**) Avec Marley Dubosq, Joseph Pierre, François Lavental, Antoin Caillet et Danielle Claverie. Informations sur Facebook : Danemarkle film
– « En quête des nudibranches du Bassin d’Arcachon » de Jean-Pierre Segonnes. (30 min. 25 €.)
– Ces nudibranches, plus prosaïquement appelées « Limaces de mer », sont des gastéropodes au corps mou et ondulant, carnivores, hermaphrodites, disposant de branchies et vivant très peu de temps. Jean-Pierre Segonnes estime : « Ces mollusques sont parmi les plus beaux de la planète ». Voilà près de vingt-cinq ans qu’il plonge un peu partout et, bein sûr, sous les eaux du Bassin, il a été subjugué autant par la beauté que par l’étrangeté de ces êtres minuscules qui se révèlent encore plus étranges la nuit. Ce que précise M. Segonnes à J.B. Lenne pour MAG-Sud Ouest : « Dans l’obscurité totale, sous la torche, les couleurs du monde sous-marin se révèlent et deviennent incroyables. Cet univers a totalement transformé ma façon de vivre mes sorties nocturnes et mes prises de vue ». Au cours de ses 1200 heures de plongée il a pu amasser des trésors visuels. Ses visions, il les fixe tout au long de l’année, notamment sur le site d’Hortense, au cap Ferret où il a pu reconnaître une quarantaine d’espèces de limaces sur le millier recensé qu’on trouve beaucoup dans les mers chaudes. Lorsqu’un plongeur et, de surcroît, musicien, Claude Clin, a découvert la richesse des images rapportées par son ami, il lui a conseillé d’en tirer un film auquel il a collaboré. C’est désormais chose faite et leur documentaire de trente minutes présente des images de qualité professionnelle sur un monde lilliputien, coloré et surprenant. Le grand public comme les spécialistes y trouvent leur bonheur.
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– Information et vente : Jean-Pierre Segonnes et Claude Clin. Tel : 06 27 30 75 40 plongée-de-nuit-découverte.com
– Des cinéastes juniors.
– Lycéens, écoliers et collégiens utilisent de plus en plus la vidéo pour y fixer leurs travaux pratiques ou leurs créations. Petite exploration non exhaustive :
– Au lycée des métiers de la mer à Gujan-Mestras. Voici un produit audio-visuel : pour faire réfléchir créateurs et spectateurs aux lourds problèmes posés par le sexisme par les droits bafoués des femmes mais aussi à leur évolution à travers l’histoire. Il s’agit de partir des propositions des lycéens pour réaliser un film interactif. en traversant l’histoire du sexisme à travers plusieurs générations Ce qui mènera à une série d’interrogations : « Comment aurait-on pu agir autrefois pour que la situation actuelle soit devenue meilleure ? Et si le passé avait été différent ? Et si on avait peu changer les choses de génération en génération ? ». Autant de propositions qui permettront au spectateur de cliquer sur « L’avenir est entre vos mains. Saurez-vous changer l’histoire ? » Une manière fort efficace de faire comprendre que la réussite de l’avenir se gagne aujourd’hui.
– Au collège Jean-Verdier d’Audenge, on a su associer musique et images. C’est la professeure d’enseignement musical, Laetitia Hauquin qui a proposé à ses élèves des classes de troisième de réaliser des courts métrages en travaillant soigneusement leur bande son. Par trois ou quatre, une trentaine d’équipes de collégiens se sont mis à l’ouvrage. Ecrire un scénario, le mettre en scène, le filmer et surtout, un peu à la manière d’un « clip », valoriser ainsi une forme de musique. Elle s’appuyait des thèmes comme le harcèlement, la série noire, le fantastique, la défense de l’environnement ou le sport. Finalement, un festival du court métrage a présenté les diverses productions. Et comme dans tout festival qui se respecte, un palmarès a été établi. Et même deux puisque les professeurs d’une part et les collégiens d’autre part ont exprimé leurs préférence. La liste des prix donne une idée de la variété des thèmes traités : « Kidnapping », « Doublage », « Possession », « France 12 », « The world holidays » et « Bike life ».
– À Gujan-Mestras, des élèves de trois écoles et des membres du PRAJ (Point rencontre animation jeunes) ont réalisé six films d’animation sur le thème de la poésie, soit en se basant soit sur des textes connus soit sur leur propre création. Scénario, story-boards, bande son : ils ont tout construit : décors, modelé des personnages, prises de vue, sous les conseils de leurs enseignants et de techniciens, dans le cadre du festival « La Tête dans les Images ». Résultat : des œuvres variées, surprenantes et poétiques qui ont abordé les thèmes suivants : « Le Pin des Landes », « l’Araignée à moustaches », « Mon oncle à moi », « Le Lièvre et la tortue en 2018 », « Le Chat rêveur » et « Le Casting ». Une réussite qui se manifeste depuis dix ans et qui se poursuivra en 2019.
J.D.
20 juin 2018