Nouveau en 2018 / Leur premier… théâtre, poème, polar, nouvelle, album…succès !

– Talents du Bassin. 71

par Jean Dubroca

 

Littérature :

Comédiens en herbe et premiers ouvrages*

– Collégiens en scène.

 

Capture d_écran 2018-06-23 à 17.43.47– Quatre-vingts collégiens venus de quatre établissements du Bassin ont récemment participé à Arès aux « VIème Rencontres du théâtre scolaire », organisées par M. Philippe Geneste, professeur à Andernos. Durant la matinée, les jeunes ont participé, à leur choix, à des ateliers, aboutissement d’un travail mené tout au long de l’année dans leur école sur deux thèmes d’actualité : l’addiction et l’égalité hommes-femmes. Partant de leurs recherches, de leurs lectures, des programmes officiels, ils ont ensuite mis en place des dialogues et un scénario puis improvisé sur leur travail. À en juger par le reportage que leur a consacré TVBA (Télévision du Bassin d’Arcachon), le résultat est d’une belle qualité. On entre avec eux en plein dans l’art dramatique, fait de sincérité et de qualités scéniques. L’intérêt pédagogique de cette démarche est multiple : réfléchir à des thèmes sociaux importants, développer l’imagination et le pouvoir créatif, écrire dans l’esprit du théâtre –et du même coup apprécier l’art et la technique de Molière- prendre confiance en soi, accepter le jugement d’autrui, vaincre la timidité de l’adolescence par exemple. Bref : du théâtre à l’état pur et une efficace action pédagogique.

 

– Première nouvelle

 

– L’active association gujanaise d’autoédition A4PM a organisé un concours de nouvelles destiné aux lycéens qui devaient respecter un règlement reposant sur trois obligations que voici : respects du nombre de signes (« Qui ne sut se borner, etc. etc.  »), de la syntaxe (« Ce qui se conçoit bien, etc. etc. ».) et de la bonne orthographe, ce qui n’est pas la moindre des exigences. Après délibération, c’est le romancier et journaliste Patrice Vergés, parrain du concours, qui a remis le prix à la lauréate : la Testerine Agathe Maheu. Cette jeune file de dix-huit ans, en classe Terminale S, a choisi le thème du temps pour bâtir sa nouvelle intitulée « Néon Bleu ». La lauréate a déclaré à la Dépêche du Bassin : « C’est de la science fiction qui met en valeur sur l’environnement. Je me suis inspirée du « 1964 » de George Orwell qui décrit notre société actuelle mais poussée à l’extrême ». Agathe Maheut se dit passionnée d’écriture depuis longtemps. Elle a ainsi confié : « J’écris depuis toute jeune, influencée par un grand-père écrivain et j’y passe mes étés jusqu’à y voir flou ». Elle explique également son processus d’écriture. « J’ai tout qui vient d’un seul jet, je ne sais pas ce que je vais écrire, je ne connais jamais la fin je ne le sais quand j’écris ». Une vrai mais difficile processus créatif qu’affrontent les romanciers authentiques.

 

– Premiers poèmes .

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– Corentin Chaulet, né à La Teste voici à peine vingt ans, a grandi à Bordeaux. Mais, comme on ne guérit jamais du Bassin, il y revenait souvent chez son grand-père. La mort de cet homme va tellement l’affecter qu’il se met à exprimer en vers ses sentiments. Dans « La Dépêche du Bassin », on lit : « Je suis quelqu’un de réservé, timide même. La poésie me permet d’exprimer mes sentiments, de me dévoiler à travers les lignes ». Un exil vers Paris accentue encore son désir de se rattacher au Bassin par la poésie. Il écrit ainsi une vingtaine de poèmes que ses proches l’incitent à diffuser. Il y parle de l’amour et de l’amitié, justement inspirés par cette famille qui le soutient. Mais il y traite aussi de l’océan, de l’univers et des paysagesdu Bassin. Tout cela se retrouve dans un touchant recueil intitulé « Rêves de toi » qui a retenu l’attention des éditions « Vents salés ». (*) Un livre de poèmes : une rareté courageuse dans le monde actuel de l’édition.

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(*) « Rêves de toi » par Corentin Chaulet. Vents Salés ed. 8 €.

 

 

– Premier polar.

 

– Le Testerin Bertrand Dumeste vient de publier « Meurtres sur le Bassin » (*), son premier roman. Mais il n’en est pas à ses premières lignes d’écrivain. Depuis qu’il a offert son premier conte à son institutrice de Cours préparatoire, il se confronte à l’écriture et au livre. Et il écrit tous les jours, sinon, dit-il : « Je ne respire pas ». Durant ses études à la fac de lettres de Bordeaux, il étudie la littérature comparée. Si bien qu’il travaillera sur ce qu’il appelle le « romantisme noir » pour éclaircir tous les mystères de la création de Dracula ou de Frankenstein et pour leur trouver des liens avec l’œuvre de Shakespeare, d’Alexandre Dumas ou de Victor Hugo.

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Un premier prix au concours littéraire du Pays de Buch a lancé sa notoriété si bien que les éditions Geste lui ont passé commande d’un polar se déroulant sur le Bassin où le marché pour ces « livres de plage » est très porteur. (Même les éditions Sud-Ouest s’y mettent !). Livraison assurée avec « Meurtres sur le Bassin » dont l’intrigue commence avec des incendies de cabanes ostréicoles du port testerin, d’autant plus suspects qu’on y retrouve un cadavre calciné, celui d’un « parrain » du port. Si bien que les suspects et les mobiles de son assassinat ne manquent pas. Et voilà le commissaire bordelais Pio Wojceikowski lancé dans une enquête durant laquelle il découvrira que le Bassin constitue un microcosme bien spécial où se côtoient anciens du rugby, ostréiculteurs muets, industriels maltraitant l’environnement et notables intouchables. Tout ce qu’il faut pour donner un poids social au roman et pour faire un de ces polars réussis, à la Simenon où l’auteur sait bien décrire les ombres d’un milieu social, faire surgir du passé des témoins fantômes, tisser une toile aux fils si enchevêtrés que seule la sagacité du policier saura démêler pour la plus grande surprise du lecteur. Gageons que ce premier roman de Bertrand Dumeste, fort bien construit, ne sera pas le dernier …

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(*) « Meurtres sur le Bassin ». Bertrand Dumeste. Éditions Geste. 440 p. 13, 90 €.

 

 

– Premier album.

 

– La photographe Fabienne Herreyre a succombé, elle aussi, aux charmes du cap Ferret. Mais elle a eu l’originalité de les évoquer à travers ces travailleurs que sont les ostréiculteurs, ce qui, déjà donne une large dimension à son album intitulé « Paysans de la Mer ».(*) Mais, évidemment, les éditeurs préfèrent le « In » ferretcapien aux dures réalités de la vie quotidienne des autochtones qu’il faut y assumer contre vents, marées et aléas imposés par les aléas de la nature et des réalités économiques. Si bien, que, pour pourvoir publier son ouvrage, elle a fait appel à ce qu’Annie Peyras, correspondante de Sud-Ouest dans la presqu’île, décidemment sensible au « In », appelle « le crowdfunding », ce qui, plus prosaïquement s’appelle « une souscription publique ». Le thème de son projet a sûrement plu au public puisqu’elle collecté 6000 €, de quoi lui permettre de construire par elle-même et de bout en bout une édition de qualité que l’on trouve maintenant en dépôt vente dans de nombreuses librairies du Bassin ainsi que dans des Maisons de la Presse.Capture d_écran 2018-06-25 à 12.13.20

L’auteur a choisi une douzaine de parqueurs, âgés de 24 à 94 ans dont elle a recueilli témoignages et images qui figurent dans un bel album de 120 pages qui, en plus de sensibles photos comprend des commentaires sur le travail des ostréiculteurs, sur son évolution, ses joies et ses difficultés, sans compter un glossaire de leurs techniques, une histoire de leur métier et un préface avisée de Yan Arthus-Bertrand et une touchante postface signée Joël Dupuch.

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(*) « Paysans de la mer » par Fabienne Herreyre. 120 p. 26 €.

J.D.

25 juin 2018

 * Relevés avec la complicité de nos confrères de Sudouest et de la Dépêche du Bassin, journalistes et correspondants autour du Bassin.

A lire sans modération.

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