4- Patrimoine 2019
– Archéologie : Un patrimoine sous la dune du Pilat.
– Voilà quatorze ans que l’archéologue Michel Jacques fouille les sables de la dune du Pilat. Si, déjà, depuis le début des années 80, d’autres fouilles avaient été entreprises notamment par Robert Aufan et avaient mis au jour d’antiques fours à goudron, avec Michel Jacques les recherches sont devenues plus systématiques. Sa dernière campagne s’est achevée le 2 novembre dernier, après quinze jours de travaux menés par une quinzaine de spécialistes bénévoles.

Les recherches ont été entreprises sur le flanc ouest de la dune, celui qui est soumis à l’érosion éolienne, qui, si elle pousse le sable vers l’est, a l’avantage de dégager des paléosols. Ils apparaissent comme des lignes noirâtres qui courent du nord au sud, tout le long du massif dunaire. Ils correspondent à d’anciens sols forestiers, les plus bas étant les plus anciens et l’océan se trouvant alors beaucoup plus à l’ouest. C’est à peu près au premier tiers inférieur de la pente qu’un bulldozer, dont la prestation a été financée par la commune de La Teste, a déblayé du sable sur 500 m2 en deux endroits. Ensuite, dans un contraste étonnant, c’est munis de truelles et de brosses que les fouilleurs ont découvert, sur l’un des sites, environ 250 kilos de fragments les plus divers, prouvant que des activités humaines se sont déroulées en ces lieux.
Ils ont ainsi identifié des restes de moules à sel remontant à l’âge du fer, soit 700 à 600 ans avant J.C. Ils étaient utilisés pour chauffer l’eau de mer au soleil, afin d’en extraire le sel, une denrée alors des plus précieuses.
Sur l’autre site, ils ont découvert un espace de 20 m2 criblée des trous régulièrement disposés. Ils correspondant à des percements circulaires destinés à soutenir des poteaux de bois supportant des toits d’habitations. Ils se trouvent situés à une trentaine de mètres des moules à sel, ce qui, dit Michel Jacques, « nous met au cœur de l’occupation humaine du lieu ».
Les divers débris ramassés seront minutieusement datés au carbone 14 et examinés tout aussi attentivement. Ils correspondent à des éléments venus déjà du même endroit et qui ont déjà été identifiés comme étant des silex-outils ou des urnes funéraires. Et Michel Jacques de commenter : « Il faut bien mesurer l’importance inestimable de ces vestiges ». Tout comme il faut noter le remarquable travail scientifique conduit par l’archéologue qui rattache notre vie actuelle à l’histoire de nos lointains ancêtres d’il y a trois mille ans et montre la richesse de notre patrimoine local, fût-il souterrain.
J.D.