6- TALENTS 2019.
– Littérature : deux livres très engagés.
– I : « Petit Pélican » par Yves Saint-Avit. (*)
Il s’agit là du troisième ouvrage de cet auteur résidant sur le Bassin, paru cet été. Il y évoque un sujet toujours douloureux dans la mémoire collective française : la guerre d’Algérie. Il le fait à travers ses souvenirs de militaire engagé dans un commando de chasse, ces petites unités de l’ordre d’une compagnie qui pratiquaient une contre-guérilla organisée dans une certaine autonomie mais avec beaucoup de difficultés, de souffrance et de risques pour les soldats, pour la plus grande partie d’entre eux, venus du contingent du service militaire.

Yves Saint-Avit a passé deux ans dans un de ces commandos, entre 1961 et 1962, une période marquée par le cessez-le-feu officiel du 19 mars 1962 mais troublée dramatiquement par la révolte des pieds-noirs, conduite par l’OAS (Organisation de l’armée secrète) et qui a ouvert une véritable guerre civile. « Pélican Noir », c’était l’indicatif radio du commando où servit le héros du roman, François Barrin, un personnage qui incarne une grande part d’Yves Saint-Avit lui même. Dans ce qu’il appelle « des chroniques auto-fictives », il raconte comment, dans cette Algérie ravagée par une guerre qui dure depuis huit ans, son personnage, « devenu chef de meute » a vu sa vie chavirer » lorsqu’il a constaté les règlements de compte qui ont marqué la fin de la guerre et tous les troubles de conscience qu’ont pu éprouver les militaires français. Un intéressant témoignage d’un membre de cette génération qui a été profondément marquée dans sa jeunesse et encore aujourd‘hui par ce dur conflit.
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(*) Éditions A4PM.195 p. 13€. Information au 05 56 54 39 06 et au 06 11 51 06 72. Ou sur le site yvessaintavit.wixsite.com
-II- « Charles Dérocher » par Jean Casset. (*)
Cet écrivain Sallois a déjà publié en 2014 « Le Chiffre d’Affaire », (Éditions Bord de L’eau), un témoignage vu de l’intérieur même des magasins de la grande distribution où il a travaillé pendant quarante ans comme pâtissier. Il a alors milité à la CGT et écrit dans « Travailleur Landais », le magazine du Parti socialiste de ce département. Dans son deuxième ouvrage, paru en août dernier, il raconte l’histoire fort actuelle de Charles Dérocher, un garçon abandonné puis recueilli dans les années 1950 par une famille bourgeoise résidant sur le Bassin mais qui, à son tour, le délaissera. Sa révolte cessera lorsqu’au cours de son service militaire en Allemagne il fera des rencontres qui le reconstruiront et orienteront définitivement sa vie et sa vision de la société. Par idéal, il milite s’abord au PSU (Parti socialiste unifié) fondé vers 1960 par Michel Rocard, notamment. Puis il adhère au Parti Socialiste de François Mitterrand où il se montre de plus en plus actif, jusqu’à devenir… maire de La Teste. Mais la désillusion causée par le revirement droitier de la social-démocratie de son parti le pousse à la démission. Une déception partagée par beaucoup de militants de gauche dont le livre porte un témoignage sincère et émouvant. D’autant plus que s’ajoutent au récit une histoire d’amour et de famille ainsi que des réflexions sur la difficulté de vivre en couple. En même temps, l’auteur livre ses observations sur les ostréiculteurs du Bassin, sur les habitants des landes girondines ou sur les élus locaux. J.D.
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(*) Deux volumes. 350 p. env. 22,50 € et 24 €. Édilivre ed. Infos sur edilivre.com