98# PATRIMOINE. Le renouveau de la résine et … du résinier. (*)
– Depuis neuf ans, Luc Leneveu a entrepris de revaloriser le gemmage des pins maritimes dans notre région, avec l’appui de la société Holiste, dans le cadre de son projet « BioGemme » porté aussi par Aude Audouin. Actuellement, 2500 pins âgés de 45 ans sont résinés dans la forêt domaniale, près du wharf de La Salie, avec l’accord de l’ONF (Office national des forêts) ou celui de quelques propriétaires privés. Ils s’ajoutent à ceux déjà en production de résine, dans les mêmes conditions, à Captieux et à Biscarrosse.

La gemme est obtenue par cinq « piques » successives et peu visibles sur l’arbre, réalisées depuis la fin du printemps par deux gemmeurs qui utilisent un activant à base d’acides végétaux qui l’aide à couler par un entonnoir dans des sacs en plastique étanches, afin de lui conserver toute sa pureté. Chaque pin aura donné 3,5 kilos de résine à l’automne. Un bon rendement, bien meilleur que celui obtenu par la méthode traditionnelle du recueil en pots « Hugues » qui reste cependant plus esthétique et plus pittoresque mais qui n’est plus montrée qu’à titre de folklore local. L’an dernier, la récolte globale fut de 45 tonnes, certes loin des 180 000 tonnes encore produites en 1970 par 18 000 travailleurs dans la forêt landaise. Cependant, pour Luc Leneveu, « il s’agit là de la renaissance d’une activité qui s’inscrit dans un développement progressif et à long terme et qui possède un potentiel extrêmement important ». (*)

La résine ainsi récoltée est distillée dans une usine gérée par « Biolandes » et située à Le Sen, près de La Brède. Afin d’obtenir 30% d’essence de térébenthine et 70% de colophane on utilise un processus d’extraction doux à basse température. Toute la chaîne, de la récolte à la production, est écocertifiée car on n’y utilise aucun produit chimique. Une sérieuse garantie pour les fabricants qui emploient ces deux produits. La colophane permet d’obtenir des produits capillaires, des éléments de pansement, de la colle, des solvants ou des teintures. L’essence de térébenthine entre dans la fabrication de produits de beauté, de parfums, de cires ou de résines. Ainsi, se trouve évitée l’utilisation de produits pétroliers ou synthétiques couramment employés ailleurs.
Luc Leneveu conclut : « On ne peut pas concurrencer la résine chinoise produite en très grosses quantités et à bas prix. Mais il s’agit de nous introduire dans des marchés de niches pour lesquels des produits de base naturels constituent une plus value importante ». D’autant plus importante que « le bio » donne un avantage considérable aux produits naturels car, très recherchés aujourd’hui, il permettent aux vendeurs de se situer dans le haut de gamme qui s’avère très rentable puisqu’il se situe dans le domaine de la consommation de luxe. Et aussi dans une qualité indispensable pour certains professionnels exigeants.
J.D.
29 juillet 2019
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(*) Lire dans « La Dépêche du Bassin » du 4 juillet un article sur le sujet de Jean-Baptiste Lenne (2500 pins résinent).