Un dernier…hommage…amour…souvenir…

– Henriette Lambert

– Artiste peintre, elle avait obtenu le Prix de l’Académie du Bassin en 2010 pour l’ensemble de son œuvre. Elle vient de décéder à l’âge de 94 ans. Après des études à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux puis à celle de Paris, elle fut pensionnaire de la  Casa Velasquez de Madrid. Elle a surtout été inspirée par les paysages du Bassin qu’elle traite en lignes et en volumes de manière abstraite, souvent par des larges aplats dans des teintes ocre qui reflètent bien les lumières diaphanes et les frémissements vivants et fragiles  des eaux du Bassin.

Henriette Lambert a acquis une réputation internationale et ses toiles, dont certaines lui ont demandé deux ans de travail,  ont figuré dans de multiples expositions et se trouvent dans de nombreuses collections comme celles du Hirshhorn Museum and Sculpture à Washington et au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux qui lui avait consacré une rétrospective en 2003. Elle est exposée à la galerie Marquette de Bordeaux depuis les années 1970 et l’on a pu voir ses œuvres montrées aux côtés de celles d’Alechinsky, d’Appel, de Dubuffet ou de Soulages.  Elle a été inhumée à Lanton où elle résidait à Cassy une grande partie de l’année.

(Photographie de l’oeuvre, propriété de la Galerie Bassam -Georges Schellinger)

# 105- LITTÉRATURE

– « Un dernier amour pour la route » – Xavier Dorsemaine (*)

– Dans ce roman, qui se déroule en 1996, on retrouve Benjamin Bardonne, celui de « Colporteurs blues », Benji pour ses amis,  qui est comme le sosie de l’auteur. Il roule en Ami-8, adore Johan Cruyff et John McEnroe, se régale des Rolling  Stones et de Bob Dylan, autant que d’une omelette aux cèpes et d’un bon coup à boire et s’installe au Canon (sans rire !) pour essayer d’écrire une adaptation théâtrale de « Au-dessous du volcan » de Malcolm Lowry.

Des tentatives d’écriture alternées avec de multiples rencontres autour de plusieurs verres avec son copain Arnaud Duguet, un routier intello. Et côté sentiments, il a une histoire avec Marie Contis, sous le regard clair de Guinness, un jeune chat recueilli. À grands coups de Springbank, un whisky ruineux « mais qui lui offre des voyages qui n’ont pas de prix », c’est « la Dolce vita » pour Benjamin. Mais c’est celle d’un alcoolique qui commence à trembler et qui cherche un recours auprès de son père qu’il sent si désemparé qu’il va décider de renoncer à l’alcool. Autant pour lui que pour les beaux yeux d’une jeune Hollandaise, lointain souvenir amoureux, qu’il retrouve vingt après un premier séjour au Cap-Ferret. « Elle sera mon éternelle et dernière ivresse », écrira-t-il.  Voilà une intense description de l’emprise de l’alcoolisme et de la lutte pour s’en défaire qui donne au livre une angoissante force narrative, voire dramatique, dans le cadre de paysages du Bassin décrits avec beaucoup de sensibilité.

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(*) Éditions Gallène. 153 p. 19 €.

– « Jalons 1972-2018 » par Jean Casset

–  On connaissait cet écrivain sallois pour « Le chiffre d’affaires : enquête au cœur d’une grande surface » où cet ouvrier pâtissier, militant syndicaliste et socialiste, apportait un témoignage sur le fonctionnement d’un de ces « hypers » qui, démontrait-il, « sacrifient tout au profit immédiat, l’art de bien travailler comme les conditions de vie des employés ». On le retrouve aujourd’hui dans un genre tout à fait différent : un recueil de poèmes où il exprime les sentiments éprouvés au cours de sa vie, évoquant les plus intimes puisqu’il   écrit : « La poésie nos dévoile à nous-même nos insoupçonnables sentiments ». C’est dire la sincérité profonde de cet ouvrage, écrit dans une langue pure, subtile et pleine de sensibilité. Mais Jean Casset n’oublie pas qui il fut au fil de ces  années puisqu’il termine ainsi son recueil : « Peuple de ma famille, peuple dont je suis, tu es ma souffrance et ma désespérance et mon miroir aussi comme ma meilleure et ma plus fidèle fréquentation ». Ce faisant, il justifie le mot de Lamartine : « La poésie doit revenir au peuple ». 

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(*) En vente dans les librairies de Salles et de Belin-Béliet, à la Maison de la Presse à La Teste, à la Machine à Lire et à Librairie Olympique à Bordeaux.

– « Lous Pignots » par les écoliers de Belin-Béliet (1947-1959)

– Les Amis du musée d’histoire locale du musée du Parc Lapios ont eu la merveilleuse idée de regrouper des textes tirés de journaux scolaires qui furent écrits et imprimés dans les classes d’Henry Salinier où s’appliquait la pédagogie Freinet. Basée sur l’expression libre de l’enfant, cette pédagogie leur permet d’écrire des textes libres qui  sont ensuite utilisés pour des apprentissages divers (lecture, grammaire, etc.) de manière naturelle.

Les deux cents textes choisis pour le recueil constituent de beaux témoignages sur la vie quotidienne et les sentiments des écoliers durant les années d’après-guerre. On y retrouve toutes les joies, les inquiétudes, les découvertes qui accompagnent l’enfance et parfois sa poésie qu’il faut savoir laisser s’exprimer.

De plus, les textes constituent des témoignages historiques précieux sur la vie quotidienne dans le monde semi rural qu’étaient alors Belin et Béliet. On y découvre la pauvreté de l’équipement ménager, la pénibilité du travail à la ferme et une existence proche de la nature où l’on savait se distraire d’une partie de chasse, de la cueillette des cèpes ou des ripailles qui entouraient la « tuaille du cochon ».

Cependant, on devine au fil des textes, les prémices de l’évolution sociale liés à l’apparition de la télévision que l’on regarde au « télé-club », au cinéma que l’on vient voir à l’école, à la voiture qui fait rêver les écoliers qui, tout au long de la nationale 10, regardent passer les « tractions » et les « 4 CV » qui, venues de la ville, filent vers une Espagne encore lointaine. Et quand elles culbutent dans le fossé en manquant les deux célèbres virages à l’entrée de l’agglomération, c’est un événement considérable que plusieurs textes relatent. Si l’on ajoute que des linos ou des bois gravés, œuvres d’enfants  de belle qualité illustrent le livre, on mesurera toute sa richesse. En même temps qu’on pourra s’extasier sur le formidable travail mené par Henri et Jeanine Salinier qui ont animé le village en y créant ciné-club et télé-club, en y développant le sport et la musique et en instruisant des centaines d’enfants. Des maîtres d’école, quoi ….

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(*) En vente 10 € au musée du parc Lapios, 66, rue du Stade, 33 380 Belin-Béliet. Tel : 06 72 08 75 88.

– « Thomas Illyricus, il y a cinq cents ans ». Bulletin 182 de la Société historique.(*)

– Entièrement consacré à l’ermite de Bernet, on retrouvera dans cet intéressant bulletin les textes des causeries d’Armelle Bonin-Kerdon (Un réformateur en Pays de Buch) et de Marie-Odile de Marliave (Ermites de Gironde) données dans le cadre des manifestations  ayant célébré « le premier Arcachonnais », de 1519. Parmi les autres communications, signalons le texte de la Lettre de Thomas aux étudiants toulousains, le texte de Florimond de Raemond, relatant le passage de Thomas à La Teste, l’histoire des pèlerinages à la chapelle des Marins (Michel Boyé) ou encore « Les successeurs de Thomas Illyricus » par Olivier de Marliave.

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(*) En vente à la Maison des Associations, place Georges-Pompidou à Arcachon.

                                                                                                         I.D.

                                                                                                22 janvier 2020