Parlez-vous gascon ?

# 109- PATRIMOINE

par Jean Dubroca

– Arès : « Culture et Loisirs » protège la langue gasconne.

 

– C’est Jean-Marie Blondy qui a fondé cet atelier en 2011. On apprend à y parler et à y écrire le gascon local, l’une des six langues composant officiellement le parler occitan. Il s’agit pour la quinzaine de ses participants de retrouver leurs racines familiales en se plongeant dans la pratique d’une langue que l’on parlait encore couramment sur les bords du Bassin, jusqu’après la deuxième guerre mondiale. (*)

Depuis six ans, l’enseignement bénévole du gascon dans l’atelier est assuré par Thierry Cahuzac qui travaille à Marcheprime pour le Conseil Départemental. Il explique qu’il a voulu retrouver ses origines et répandre le gascon parce que c’était la langue de son père qui la connaissait mais ne l’a pas transmise. Pourtant, il était professeur de français et se déclarait même « professeur de langue étrangère ! ». Il est vrai qu’il venait d’une famille gersoise où l’on n’a longtemps que parlé gascon. Thierry Cahuzac a voulu aussi pratiquer et aider cette langue en se souvenant que sa mère, pure bordelaise, lui racontait, instinctivement en gascon, des histoires sur les statues de la cathédrale Saint André de Bordeaux.

Dictionnaire-gascon-francais

À l’âge de 35 ans, il s’est donc lancé dans l’étude de sa langue ancestrale, grâce à une association de Blanquefort. Il est vrai que, dans la région, seules des associations offrent aux adultes la possibilité d’apprendre le gascon. Pour les plus jeunes, l’apprentissage peut se faire dans quelques très rares « calandretas », (**) des écoles élémentaires privées à Pessac et Barsac, ou bien dans d’encore plus rares classes bilingues franco-gasconnes dans des écoles élémentaires de l’enseignement public au Bouscat, Langon et Cussac. Des collèges et lycées publics possèdent aussi des classes de langue gasconne et une option de cette langue existe au baccalauréat. Enfin, on trouve une chaire d’occitan à la faculté des Lettres de Bordeaux.

En 2014, Sud Ouest nous informait qu’un label  « Parlesc » était remis à un membre actif des cours de gascon d’Arès !

Pour ses « étudiants », Thierry Cahuzac procède ainsi. Il leur fait écouter grâce à un DVD un texte portant sur un thème précis, dont ils possèdent la version écrite. Ils essaient après de la traduire et de la parler, en se souvenant des sonorités du disque et avec les conseils du professeurs. Les débutants sont admis en permanence dans l’atelier et un apprentissage au rythme lent permet de les intégrer au niveau de tous. Enfin, les dernières vingt minutes du cours sont consacrées à l’étude d’un chant. D’où le nom du groupe ainsi formé : «  Cant’Arès ».

… Et n’oublions pas le bel article de Jean Dubroca publié sur notre blog « Bassin-Paradis »

Il existe aussi dans ce Nord-Bassin, deux autres groupes qui, d’une autre manière, défendent la tradition gasconne. « Lou Rebaley’t » d’Arès et « Lous Pignots » à Andernos, le font en pratiquant la danse et la chanson traditionnelles. Ils retrouvent « Cant’Arès » lors du festival « Le Mascaret » qui regroupe tous les pratiquants du secteur.

Ainsi, d’une manière ou d’une autre, la langue gasconne, héritière d’une civilisation particulièrement riche, continue de vivre.

_______________________________________________

(*) Yolande Vidal, récemment disparue et qui vivait à Gujan-Mestras, a laissé de nombreux contes et poèmes en gascon, ainsi qu’un indispensable dictionnaire franco-gascon : « Le Parler du Pays de Buch ».

(**) Une « Calandreta » a existé à La Teste jusque dans les années 95. Elle se trouvait aux Miquelots et a comporté plusieurs classes.