1920, 23 mai : Jeanne d’Arc, et … les plus belles femmes de France au théâtre municipal !

# – 6 – L’ACTUALITÉ  D’ARCACHON  ET  DU  BASSIN  IL Y A  CENT  ANS                                                                    ______________

                   « L’Avenir d’Arcachon ». N°3500 Dimanche 23  mai 1920 (1)    

                   Journal des Intérêts Balnéaires, Industriels et Ostréicoles de la contrée (1e partie)

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                                             *  ÉDITORIAL *

                                           L’affaire Thévenot

                        – Albert Chiché méfiant et menaçant –

– Premier épisode. L’éditorialiste de « L’Avenir » soutient que le maire, Veyrier-Montagnères, lui a dit : « Je ne connais pas cette partie de la forêt mais M. Thévenot y donnerait à la ville des terrains pour y construire une cité ouvrière et un parc ». Et Albert Chiché d’y aller de sa citation latine  « Timeo Deanaos et dona ferentes » (Je crains les Grecs, même quand ils portent des présents) et interpelle le maire : « Comment ! M. Thévenot obtiendrait à vil prix la plus belle partie  de notre forêt pour la morceler (…) et vous seriez satisfait parce qu’il vous jetterait dédaigneusement un os à ronger. (…) Faites votre devoir en vous opposant au projet le plus désastreux jamais machiné contre la prospérité de notre station climatique. Votre attitude complaisante serait de la complicité ».

Deuxième épisode. M. Thévenot écrit au maire : « Devant cette opposition, je renonce à mon projet ». Ce à quoi le maire répond : « J’espère faire revenir M. Thévenot sur sa décision ».

Troisième épisode. Albert Chiché menace: « Nous conseillons amicalement à M. Thévenot de ne pas persévérer. Il a gagné pendant la guerre une fortune considérable ; dans sa villa Saint-Yves il se livre à des dépenses considérables du plus mauvais effet. (…) La prudence lui commande de ne plus s’attirer des haines légitimes ». (2) Au surplus, notre vaillant député, M. Dignac a promis de combattre à la tribune de la Chambre le projet de loi autorisant l’État à échanger notre forêt contre les terrains vagues de M. Thévenot. Nous croyons ainsi avoir brisé dans l’œuf le complot de notre nouveau riche. Seuls le regretteront ceux qui avaient un intérêt dans la combinaison ».    

                                                      * Jeanne d’Arc *   

– « Dimanche dernier la glorieuse libératrice de la France a été célébrée à N.D. d’Arcachon, renommée pour la somptuosité de ses offices. (…) À vingt heures, l’église pleine de fidèles resplendissait de lumière. Des voix divines montaient vers le ciel accompagnées par l’orgue et le violoncelle de M. Crisafulli. M. le curé Bonnet, (3) inspiré par le souffle de son  ardent patriotisme, a célébré  dans son admirable langage la gloire de la nouvelle sainte. Après l’office, la procession du Saint Sacrement et une bénédiction ont été suivies par la foule ». 

                                           * INFORMATIONS *

– Au Conseil municipal. M. le Maire, fidèle à ses habitudes d’autoritarisme a retiré la parole à M. Fargeaudoux parce que celui-ci protestait contre le projet de M. Thévenot. M. le maire se dit républicain ! Que ferait-il donc s’il ne l’était pas ?

– Au Tribunal. Condamnation de M. Thévenot. Par jugement en date du 20 mai dernier, M. le Juge de paix d’Arcachon  a condamné M. Thévenot et son architecte M. Arnaudin à un franc d’amende pour contravention au règlement de voirie en élevant au chalet Saint-Yves une construction empiétant sur le boulevard de la Plage. Le Conseil de préfecture devra ordonner la démolition.

– Le Carnet

+  OBSEQUES. Le 10 mai,  ont eu lieu à Angoulême, devant une assistance nombreuse, les obsèques de Mme Eyssartier, présidente honoraire de la Goutte de lait d’Angoulême, veuve de M. Eyssartier, ancien conseiller municipal d’Arcachon et mère de M. Georges Eyssartier, conseiller municipal d’Arcachon.

                            Nous apprenons avec regret le décès de la comtesse Dulong de Rosnay décédée en son château d’Eure-et-Loire. (Sic) Elle était très connue à Arcachon où elle faisait beaucoup de bien lorsqu’elle venait habiter sa belle villa de l’avenue Notre-Dame.

+ MARIAGE. C’est le 15 juin que sera célébré en l’église Notre-Dame de Bordeaux, le mariage de Melle Dubos avec M. Gaudin.

+ SYNDICAT D’INITIATIVE. Au cours de son assemblée générale qui s’est tenue lundi 10 courant au grand théâtre municipal et où il y avait une nombreuse assistance, M. Arrégot, le trésorier, s’est incliné devant les absents morts pour la patrie. Sous un tonnerre d’applaudissements, il a souligné que c’est grâce au dévouement du président Daniel Valleau et de son directeur que le Syndicat a pu fonctionner durant la guerre, réalisant un maximum de rendement avec un minimum de dépenses.

+ À  LA  TESTE. N’oublions pas que la Pentecôte est la grande fête de La Teste. Le dimanche, on reste à table toute la journée ; le lundi, les jolies testerines exhibent des toilettes sensationnelles sur le champ de foire et dans les bals champêtres ; le mardi,  le maire couronnera une rosière ; le mercredi monsieur le député offrira un grand banquet à ses électeurs. Heureux Testerins ! 

+ LES PLUS BELLES FEMMES DE  FRANCE paraîtront au Théâtre municipal dimanche et lundi de Pentecôte, en matinée et en soirée. C’est bien le plus gros succès de curiosité de l’année, aussi tout Arcachon voudrait-il voir ce spectacle et prendre part au concours absolument gratuit organisé à cette occasion. 

                                                                                             (À suivre)

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  • Sources : Gallica / BNF
  • (2) Le 23 juin 1916, un accident à la poudrerie de Croix d’Hins appartenant à M. Thévenot fit 42 victimes.  (Cf. : article du « Petit Parisien »).

       (3) Ambroise Bonnet (1850-1925) fut curé de ND d’Arcachon de 1908 à 1925. C’est lui qui, en 1912, réhabilite et baptise « Chapelle Jeanne d’Arc » la vieille chapelle de l’école des Frères des écoles chrétiennes 7, cours Tartas. Il la fait orner par une  statue de Jeanne d’Arc en paysanne et par un chemin de croix de Paul Leroy  aujourd’hui déposé au musée d’Autun (Haute-Saône). La chapelle, toujours au même lieu mais devenue en 1920 « Sainte Jeanne d’Arc »,  a été dotée d’un original clocher dans les années 30 et a été agrandie, dans le même site, par une nouvelle construction de facture moderne entreprise de juin à décembre 1975. (Cf. : Communication de M. Roderic Martin. Bulletin n°177 de la SHAPB).