1920, 30 mai : maire, député, femmes, chevaux…tous donnent de la voix !

           # – 7 – L’ACTUALITÉ  D’ARCACHON  ET  DU  BASSIN  IL Y A  CENT  ANS       

par Jean Dubroca                                                                ______________

                   « L’Avenir d’Arcachon ». N°3501 Dimanche 30  mai 1920 (1)    

                   Journal des Intérêts Balnéaires, Industriels et Ostréicoles de la contrée (1e partie)

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                                             *  ÉDITORIAL *

                           Albert Chiché répond à M. le Maire

                 Cette fois, on  remue le fond des vieilles casseroles

  – « Votre lettre, M. le Maire est diffamatoire envers un tiers. (2) Il faut que vous ayez un bien faible sentiment des beautés de la nature pour accepter la destruction de notre admirable forêt à la condition que nous aurons un parc comme les Bordelais avec des parterres de fleurs et un bassin garni de poissons rouges. (…)M. Thévenot promet de ne pas couper tous les pins. Mais M. Thévenot fera ce qu’il voudra dans sa propriété. (…)On sait ce que valent les promesses. Où en est l’affaire du Cercle des sports ? Où en est la construction du port de La Teste ?  Promettre et tenir valent deux.

     – Vous prétendez qu’Arcachon manque d’espace pour s’agrandir et qu’il n’y a plus de terrains à vendre. J’affirme qu’il y a dans votre commune plus d’un million de mètres carrés à vendre. Il est donc bien inutile de détruire notre belle forêt d’État. Elle complète la ville d’hiver tout comme la ville d’été ne peut se concevoir sans le Bassin qu’on ne saurait remplacer par une cuvette. Notre vaillant député, M. Dignac a violemment protesté contre ce projet sournois élaboré dans l’arrière-boutique d’un ministère.

     – Vous me parlez de M. Évain, ancien commissaire de police, qui va être traduit en Conseil de guerre. Cela m’indiffère car M. Évain n’est que mon client que j’ai représenté en justice où il vous réclamait une somme qui lui était due. Il m’a communiqué un rapport du député M. Boret qui relevait vos infractions à la vente de céréales et qui annonçait votre prochaine révocation pour une grande complaisance vis à vis de certains intermédiaires. Je n’ai pas dit que vous aviez barboté dans les avoines.

   – Dans votre lettre, vous dites que la population arcachonnaise va apprécier l’important préjudice que je cause à la Ville d’Arcachon. Je suis persuadé du contraire et je vous mets au défi de consulter les habitants par referendum sur le projet de M. Thévenot.

     – Enfin, je trouve que vous vous abandonnez à des excès de plume peu dignes du premier magistrat de notre ville.

                                               *  INFORMATIONS *

+ M. Daniel Auschitzky, (2) se considérant comme injurié par la lettre publiée par le journal La Vigie et signée Veyrier-Montagnères poursuit en police correctionnelle M. Talon-Vidal, gérant du journal et M. le Maire d’Arcachon.

+ Notre vaillant député Pierre Dignac a reçu confirmation du ministre qu’il y avait en effet un projet d’échange de forêts avec M. Thévenot mais que rien ne se ferait sans qu’il en soit informé.

+ Les fêtes de Pentecôte ont amené à Arcachon une foule considérable qui prenait joyeusement ses ébats dans la forêt ou sur la plage. Tous les hôtels étant pleins, quelques voyageurs ont dormi dans la forêt.  

+ La belle avenue de Pyla est sur le point d’être terminée. La grève seule a empêché l’arrivée des derniers wagons de grave. L’eau, le gaz et l’électricité seront assurés. Nous souhaitons qu’avec l’amélioration du service du tramway, celui-ci arrive jusqu’au Figuier. (3)

+ Nous espérons que, cette année, notre administration municipale voudra bien faire remettre  une tente au bout de la grande jetée afin de permettre aux étrangers de ne pas griller au soleil.

+ Jeudi prochain auront lieu à Notre-Dame les belles cérémonies de la première communion. Le lendemain les Communiants de  La Teste viendront accomplir leur antique pèlerinage à Notre-Dame d’Arcachon. Dimanche 6 juin, la procession de la fête Dieu sortira de N.D. avec les Communiants à cinq heures et suivra les rues pavoisées et jonchées de fleurs.

+ Les propriétaires de chevaux et de voitures attelées sont informés que l’inspection de ces animaux ou des voitures aura lieu à Arcachon le 5 juin, à 9 h. place Tartas. (4)

                                   * ALICE  BRINBORION  SE  MANIFESTE *

– Après quatre mois de voyage, les époux Brinborion sont revenus à Arcachon. Lui aspire au repos mais Madame entend qu’il l’accompagne lors des visites à leurs amis. Puis elle décide qu’elle aura son jour de réception, le jeudi. « Non, Monsieur. Vous n’irez pas à la pêche ce jour-là mais vous m’aiderez à faire les honneurs de mon salon. (…) J’espère bien que l’on mettra dans  le code civil que le mari doit obéissance à sa femme (…)  ». (5)

                                                                                             (À Suivre)

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  • Sources : Gallica/BNF.
  • (2) Plus connu sous le nom de Guy de Pierrefeu. (1864-1937).  C’est lui qui est visé  dans la lettre du maire. Journaliste, auteur dramatique il a manqué une carrière politique. Après la guerre, il se consacre à des romans, les uns destinés aux enfants et d’autres dont les intrigues se situent sur les bords du Bassin et qui utilisent des personnages connus contemporains. (Caillaux dans « Le Revenant » ; D’Annunzio  dans le « Le Surhomme de la Côte d’Argent » ou Sarah Bernhardt dans «  Madame Quand Même »). Cf. : Arcachon par ses rues de Michel Boyé.

       (SHAPB ed.)

  • (3) Actuelle place du Figuier. Le tramway arcachonnais n’y arrivera jamais. Une  affaire de bon voisinage, sans doute.
  • (4) Actuelle place Franklin Delano-Roosevelt, face à la Poste.
  • (5) On est alors en plein débat en France sur le droit de vote des femmes qu’elles viennent d’obtenir en Russie, en Angleterre, en Allemagne et aux Etats-Unis. 

           – Photos jointes : une procession en 1920 et l’entrée de l’avenue de Pyla.