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# – 11 – L’ACTUALITÉ D’ARCACHON ET DU BASSIN IL Y A CENT ANS
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« L’Avenir d’Arcachon ». N°3505 Dimanche 27 juin 1920
Journal des Intérêts Balnéaires, Industriels et Ostréicoles de la contrée (1e partie)
PARAISSANT LE DIMANCHE
Le Numéro : 15 Centimes
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* ÉDITORIAL D’ALBERT CHICHÉ *
– JUIN –
– L’éditorialiste de l’Avenir chante les charmes du mois de juin. « Les Arcachonnais sont maîtres de la plage,(…) ils jouissent au Répéto des meilleures tables (…) et les commerçants les attirent avec leurs meilleurs sourires. Mais juillet arrive. Les étrangers vont affluer. Presque tous les chalets sont loués. Notre Grand Casino leur ouvre les portes de ses salons, de ses salles de jeux et de son théâtre. (…) Le Grand Café sera sans doute le rendez-vous de l’aristocratie. Le Théâtre municipal présentera des films extraordinaires devant nos yeux éblouis.
Tout est prêt, exceptée la tente qui jadis, au bout de la jetée, protégeait baigneurs et baigneuses des ardeurs du soleil (…) sur leurs fronts dégarnis et leurs jambes nues. M. le Maire, interpellé sur le sujet (…) a répondu « lorsqu’on a un maire tel que moi, qui suis un père pour le peuple, on n’a besoin ni d’oncle ni de tante ! ». Et il ajouté : « Je n’ai pas d’argent ». Comment pas d’argent ? Avez-vous déjà dépensé les deux millions d’emprunt ? Ne pourriez-vous pas demander un billet de mille à votre ami Thévenot ? (…)

M. Thévenot, c’est un véritable numéro balzacien. (…) Il fait des travaux de construction de barrages, des usines à obus et à grenades. Il monte une usine de produits chimiques. Il a des ateliers aux quatre points cardinaux. Il a des immeubles partout. Des châteaux. Des femmes. Il est atteint d’un prurit de luxe et de réclame. (…) Il a 144 millions à manger et regrette de ne pas avoir plusieurs estomacs pour le faire. Dieu aurait dû en donner plusieurs aux nouveaux riches (…)
* INFORMATIONS *
– Dimanche dernier, les voyageurs venus nombreux de Bordeaux ont eu une journée merveilleuse et sur la plage des Abatilles, on se baignait comme en pleine saison d’été.
– Notre concitoyen, M. Vitu, ingénieur a mis au point une coque de bateau qui est arrivée à atteindre les cent kilomètres à l’heure.
– On prépare de somptueuses fêtes pour célébrer la canonisation de Jeanne d’Arc pour les 9, 10 et 11 juillet. Les meilleurs orateurs du diocèse seront là et un jeune prêtre appartenant à une famille très estimée d’Arcachon, M. l’abbé Dulas, dira sa première messe. Il y a aura en l’honneur de Jeanne de magnifiques illuminations précédées d’une procession de la statue de la nouvelle sainte à travers nos rues pavoisées.
– L’autorité militaire est en train d’évacuer le palais mauresque. Elle versera une indemnité de soixante mille francs pour la location et les indemnités. Il faut que cette somme soit intégralement utilisée par la ville aux réparations les plus urgentes.
– Les délégués des syndicats d’initiative du département se sont réunis le 14 juin à Bordeaux et ont décidé de constituer l’Union des syndicats de la Côte d’Argent pour la défense des intérêts de la région. L’Arcachonnais M. Valeau, banquier, a été élu vice-président.
– Toute question concernant l’hygiène peut être présentée à l’examen du Bureau d’hygiène rue du Casino, le matin de 9 h. à midi. Le directeur reçoit à 11 h.
* AVIS IMPORTANT *
* Comprenant qu’il y a un parti pris pour que la vie devienne impossible, le Régina-Palace hôtel d’Arcachon est disposé, sans aucun bénéfice personnel, à mettre à la disposition d’un boucher en gros, un local et tous moyens utiles dans le but de faire vendre à un prix normal à Arcachon à tous hôtels ou particuliers. Alors que les veaux sont achetés sur place à un franc de baisse par livre, la viande augmente à Arcachon chaque jour. (…)
Toute la ville est prévenue qu’il est temps de ne pas continuer à travailler pour enrichir un certain groupe de commerçants au détriment d’Arcachon.
* LES JEUDIS DE Mme BRINBORION *
– Le débat porte sur un arrêté municipal disant que défense était faire désormais aux baigneuses d’employer le maillot collant, à moins qu’il ne soit recouvert d’une jupe cachant le haut des jambes. M. Brinborion estime que M. le Maire a raison de protéger la pudeur publique et que le garde conduira en prison les récalcitrantes. Mme Brinborion dit qu’elle se moque des arrêtés de M. le Maire et qu’elle se baignera avec son maillot collant qui lui va très bien et qu’elle ne mettra pas de jupe car, dit-elle : « Je ne reconnais pas au maire le droit de réglementer mes costumes. Et comme les femmes sont en majorité dans la population, ce sont donc elles qui doivent faire la loi et ce ne sera pas difficile de faire mieux que les hommes ».
(À suivre)