1922, 2 juillet : rien ne s’arrange entre la ville et l’Avenir !

      L’ACTUALITÉ D’ARCACHON IL Y A (PRESQUE) CENT ANS (1)

L’Avenir d’Arcachon Journal des Interêts bBalnéaires, Industriels et Ostréicoles de la Contrée

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                                   * L’ÉDITORIAL  D’ALBERT  CHICHÉ *

– Deux ans après la parution du n° 3505, daté du 27 juin 1920, le rédacteur en chef du journal n’a rien perdu de sa vindicte contre le maire d’Arcachon, Veyrier-Montagnères. À la fin de son éditorial, il lui pose des questions qui devraient l’embarrasser.

– Quel fut exactement votre rôle dans l’affaire de Pyla-sur-Mer qui vous a permis de mettre une partie des bénéfices dans votre poche ?

–  Comment se fait-il que votre ville soit la plus mal entretenue de toutes les stations balnéaires ?

– Pourquoi n’exigez-vous pas de la Compagnie du Midi qu’elle cesse de faire de sa gare et des terrains qui l’avoisinent un centre d’infection ?

– Pourquoi laissez-vous tomber en ruine notre casino mauresque ?

– Quelle est la situation financière de notre ville ?

Et nous nous en tiendrons là.  Pour aujourd’hui …

                                                    * CORRESPONDANCE *

– Un « fidèle lecteur » qui signe G.de L. et qui se dit « admirateur de L’Avenir » lui écrit notamment :

– Je déplore l’incurie de notre administration municipale. De passage à Pau, au lieu des rues sales d’Arcachon, j’ai vu des avenues balayées avec soin et arrosées trois fois par jour. À la place des égouts pestilentiels de notre station où les moustiques sont si heureux, on aperçoit des caniveaux lavés à grande eau. (…) À Pau, la municipalité vient de voter une somme de 50 000 francs pour les concerts. Tous les soirs à 9 heures et trois fois par semaine en matinée, des musiciens du Palais d’hiver, (tous les premiers prix) vous offrent des régals d’opéra que l’on écoute pour 0,50 francs dans un fauteuil. Que n’avons-nous cela à Arcachon ? Les habitants se plaignent de ne pas avoir d’étrangers. À qui la faute ?

                                                       *  INFORMATIONS *

+ On persiste à dire que M. le Maire va donner sa démission. Il faut le voir pour le croire. La situation est si mauvaise que personne ne veut accepter la succession.

+ On a pavé le trottoir du boulevard d’Haussez. (2) C’est fort bien. Mais on a laissé de grands trous autour des platanes. A-t-on l’intention de mettre une grille ? Sinon ce serait très malpropre.

+ Mercredi à 16 h. une de nos plus jolies baigneuses se déshabillait dans un buisson des Abatilles lorsqu’un aviateur volant très bas, la photographia dans le costume d’Ève avant le péché.  

+ La plage des Abatilles est le rendez-vous des familles qui aiment passer d’agréables journées en pleine nature, loin des élégances du boulevard-promenade. On y découvre des Charentaises, des Bordelaises, des Parisiennes avec leurs bébés et leurs petites bonnes. Tout ce monde éparpillé sur la plage dans des costumes multicolores forme un tableau digne de Corot.

+L’administration des Télégraphes fait procéder à l’installation d’une ligne téléphonique jusqu’au domicile de M. Fort, cours Lamarque. Les propriétaires des immeubles sur lesquels va s’accrocher cette ligne doivent faire connaître leurs observations d’ici deux jours à la mairie.

+ La baronne Sarget (3) a acheté une belle villa à Pyla-sur-Mer. M. de Faance a acheté la villa Bellevue tandis que la baronne d’Ollembourg a vendu Velleda. (4)

                                                        *BULLETIN METEOROLOGIQUE * (5)

– Observations de M. Mouls, « Arcachon-Photos », 260 bd de la Plage, avec instruments enregistreurs J. Richard, du 23 au 29 juin, à midi, à l’ombre et au nord. (…)  Températures moyennes : de 21° à 24°.

                       * LES SOUSCRIPTIONS POUR LE MONUMENT AUX MORTS*

– Une centaine d’habitants du secteur avenue Nelly-Deganne à l’allée de la Chapelle a versé son obole. Les sommes vont de 0,5 fr à 30 fr (Société Générale).

                                                                                                         (À SUIVRE)

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 (1) Sources : Gallica-B.N.F. 1922, le temps passe, l’éditorialiste de l’Avenir n’est pas plus tendre et …Mais quelle que soit l’époque, Arcachon reste Arcachon …  

(2)  Actuel boulevard Maréchal-Leclerc.  

(3) Clichés extraits de « Métamorphoses » d’Eliane Keller. Ed. Equinoxe 1992.

(4) La baronne Sarget de la Fontaine a vendu en 1917 le grand cru du Médoc « Château Gruaud-Larroze ». 

(5) André Mouls, le petit-fils de M. Mouls, a poursuivi le travail de son grand-père et le journal « Sud-Ouest » a présenté les « observations de sa grenouille », jusqu’à la fin des années 9O.