UN  MOIS ARCACHONNAIS IL Y EN  CENT ANS DANS  « L’AVENIR »  DU 8 AOÛT 1920(1)

                                            * L’éditorial d’Albert Chiché *

– D’humeur estivale, le rédacteur en chef de « L’Avenir » fait le portrait de Lucien Boyer, (2) le compositeur de « La Madelon », natif de Gujan-Mestras (?)  « où il aura un jour sa statue ». Une chanson « qui lui rapporta cent cinquante mille francs, mais ce n’est pas trop puisqu’elle contribua à la victoire ».  ( !)  Au passage du train à Gujan, il en descend « et embrasse le chef de gare pour saluer toute sa commune ». Il était accompagné d’Yves Mirande (3) « auquel il a fait croire qu’il possédait un château familial au Cap Ferret mais qui perd toutes ses illusions lorsqu’arrivé au Cap Ferret il ne trouve qu’une misérable bicoque inondée par la pluie ». (…) Et Albert Chiché d’appeler M. Boyer « inspiré par les grandes vagues de l’océan  à donner une sœur à Madelon, une Madelon en culotte rouge que nos marins chanteront pendant les tempêtes ou bien en songeant à leur femme, pieusement agenouillée devant l’antique statue de la vierge miraculeuse dont elle implore la protection ». 

                                               * INFORMATIONS *

+ Une bande cambrioleurs sévit dans notre station. (…) À la villa « Les Pins » ils ont enlevé pendant la nuit des objets de grande valeur. (…) Dans la belle villa « Les Genêts », ils ont ouvert une armoire et emporté un tiroir qui contenait une belle somme d’argent.

+ Notre ville d’Arcachon est tellement encombrée que beaucoup d’étrangers ont du se loger à La Teste où les loyers sont beaucoup moins élevés.

+ Mardi matin une trombe d’eau s’est abattue sur notre ville. Par suite de la défectuosité du système d’égouts, le cours Lamarque fut transformé en un torrent boueux. Un jeune homme a gagné beaucoup d’argent en portant sur son dos des cuisinières qui revenaient du marché, leurs jupes relevées jusqu’aux genoux. Il exigeait deux francs sous peine de les déposer au milieu du fleuve. C’était très amusant.

                                               * AU  CONSEIL  MUNICIPAL *

– Le Conseil a eu bien raison de supprimer la subvention accordée à  la société du funiculaire du casino, une grave erreur de notre maire. Le conseil a décidé à l’unanimité de demander l’enlèvement immédiat des baraquements Despujols sur la plage d’Eyrac. (4) M. Gardair, justement ému des nombreux cambriolages commis récemment dans notre ville, a demandé une augmentation du personnel de police. Cette question a été mise à l’étude et sera prochainement résolue.

                                                        * LES  FÊTES *

+ La société de gymnastique « Tout pour la patrie » donnera dimanche après-midi une fête au stade Matéo-Petit. Ce sera un  brillant succès.            

+ Le concours de beauté du 22 août s’annonce comme devant réunir plusieurs centaines de candidates. Dix mille francs de prix les récompenseront.

+  De grandes régates internationales auront lieu le même jour, organisées par la Société de voile. Le soir, fête vénitienne sur le Bassin et représentation de gala au casino.

+ Il sera prudent de retenir ses places pour la première représentation de « La Cocarde de Mimi Pinson » qui sera donnée le jeudi 12 août au grand casino à  20 h.30, au profit des Médaillés militaires.  Grand intermède avec des chanteurs solistes du Grand Théâtre de Bordeaux. 

                                            * SYNDICAT  D’INITIATIVE *

– Le concours hippique, le concours de forts en sable et le tournoi de tennis ont obtenu un grand succès. Le syndicat offre à la ville la construction de 2 ou 3 courts de tennis à l’emplacement d’Euterpe, afin de développer des concours internationaux. (5) Le concours hippique du 22 août comportera 4000 frs de prix. Le syndicat offrira un concert sur la place Thiers, le dimanche 8 août.

                                               * QUELQUES SPECTACLES *

+ AU GRAND CASINO. Les vedettes Gerbert, Reynaud, Duvaleix, Rousseau, continuent leur moisson de lauriers. L’orchestre sous la direction de M. Bardou, le distingué chef d’orchestre, régale les dilettanti. Nous avons applaudi « Véronique et Rip » précédé de « La Poupée » qui fut un triomphe pour Mme Marcellys. On nous promet des jazz-band, des bals de nuit à la façon de Montmartre, une pièce exquise « Le temps des cerises », avec Blanche Toutain, (6) dans le rôle qu’elle a créé à Paris, un gala qui sera un des plus beaux de la saison avec « La Tosca ». Tout est donc pour le mieux pour notre sympathique directeur, M. Minot.  

+ THÉÂTRE MUNICIPAL-OLYMPIA. Un programme incomparable avec deux films vedettes « L’Invraisemblable » (4 actes) et le chef d’œuvre « Travail » 3^e chapitre « La Lutte ».

+ L’EDEN- GRAND CONCERT THÉÂTRE DU GRAND CAFÉ. La direction a réussi à attirer une clientèle sélect.  Cette semaine, toute la Troupe dans « Petite famille en Or » avec M. Fourcade, le désopilant comique tant aimé de la population bordelaise. Au cinéma : Maurice Fleury dans « La mort du sous-marin ».

                                                    * PETITES  ANNONCES *

– Dame demande à faire couture dans famille. S’adresser au journal.

– Perdu bracelet jonc en or avec médaille or souvenir de famille. Rapporter « Villa Yvette ». Récompense.  

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• Sources : Gallica. BNF.
• (2) Lucien Boyer : chansonnier et gouguettier.  (1876-1942). Auteur de nombreuses chansons célèbres : « Ça, c’est  Paris ! », « Montmartre », «  Ah ! c’qu’on s’aimait », « La Trompette en bois » ou « Le Béret ».  
• (3) Yves Mirande. (1876-1957). Auteur dramatique « Ta Bouche », « Le Chasseur de chez Maxim’s ». Scénariste : « Au son des guitares », « Carnet de bal ».
• (4) M. Despujols. Il créa une grande polémique arcachonnaise. Ayant été autorisé le 9 septembre 1918 à installer un chantier sur la plage d’Eyrac pour la fabrication d’hydravions, il n’accepta de les démonter qu’en 1927, après une longue procédure.
• (5) Ancien salon de musique dans le parc du casino mauresque. Aujourd’hui, c’est un boulodrome.
• (6) Blanche Toutain : (1874-1932). Comédienne  de talent, elle fut proche de Sacha Guitry dont elle joua plusieurs pièces.   

    ET  PENDANT CE TEMPS…  À LA UNE DU « FIGARO » DU 8 AOÛT 1920

– ÉDITORIAL : « Au grenier ».

   « Ne soyons pas mélancoliques devant les vieux objets du grenier car ils sont une preuve du progrès… Peut-être ». (Paul Reboux)

– LES CHASSEURS.

« Attention à ne pas tuer trop de gibier car… nous tuerions la poule aux œufs d’or. Et les casquettes sont hors de prix ». (Fernand de Fleury)

– L’ALLEMAGNE MENACE.

  L’Allemagne veut troubler les discussions en cours entre la France et l’Angleterre en s’y mêlant, arguant de la menace  bolchevique sur son pays qu’elle doit défendre.

– UNE MANŒUVRE ALLEMANDE CONTRE LA POLOGNE.

   L’Allemagne accuse la Pologne de favoriser les troubles qui éclatent entre allemands et polonais dans les territoires qu’elle a cédés à la Pologne.

– DES  DÉPÔTS D’ARMES ET D’AVIONS CLANDESTINS ONT ÉTÉ DÉCOUVERTS EN ALLEMAGNE

– DES CHEMINOTS ALLEMANDS EN GRÈVE ONT TENTÉ DE  SABOTER LES VOIES ENTRE SARREBRUCK ET MAYENCE.

– LA SEMAINE SOCIALE DE CAEN. Internationale et chrétienté.

   Le devoir de la chrétienté  est de défendre une morale internationale.

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