L’ACTUALITÉ  ARCACHONNAISE  IL  Y  A PRESQUE  CENT ANS

        AVEC L’HEBDOMADAIRE  « L’AVENIR » DU 3 DÉCEMBRE 1922

 

par Jean Dubroca

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                                               * CONSEIL  MUNICIPAL *

– La Ville est débitrice d’une somme de 20 000 francs vis à vis de la  compagnie du gaz.

– M. Eyssartier constate que beaucoup de conseillers sont absents. Il y en a même qui ne viennent jamais sans prendre la peine de s’excuser. « Voilà ce que c’est que de désigner des Bordelais », répond M. Bourdier.

– La gratuité des fournitures scolaires est accordée aux enfants nécessiteux des écoles libres.

– D’après un exposé de M. Lalesque, Arcachon est bien une ville de santé puisque la mortalité par tuberculose qui  est de 26,7 pour 10 000 habitants en France n’est ici que de 15,02.

Les efforts du docteur Llaguet pour développer ici des conditions hygiéniques ont été remarquées par le Congrès national d’hygiène présidé par le Ministre. Les appointements du Dr Llaguet, notre directeur du Bureau d’hygiène qui s’est conduit en véritable apôtre, ont été portés de 12 000 frs à 15 000 frs. (2)

                                               * COMMUNICATIONS *

– Il est rappelé aux aubergistes, débitants de boissons et autres établissements recevant du public, l’arrêté du 18 janvier 1921 fixant à 23 h. 30 leur fermeture.

– Les jeunes gens de la classe 1923 désireux de participer à la fête du conseil de révision sont priés de se réunir au café du Commerce samedi 2 à 9 h. Un Bureau sera formé.

                                                 * VINGT  ANS  APRÈS *

– Albert Chiché continue d’imaginer la vie arcachonnaise dans les années 1940. Il voit « L’Avenir » tirant à cent mille exemplaires tous les jours. (3) Il peut y lire :

– L’union départementale des syndicats va éditer un bulletin qui sera servi gratuitement à tous les adhérents.

– L’administration des PTT a fait savoir que le fil télégraphique qui relie Arcachon au Cap Ferret a été approprié à des transmissions plus rapides grâce à des transformateurs. Le guetteur du sémaphore peut ainsi transmettre au plus vite  ses observations au bureau central d’Arcachon.

– Les membres du syndicat ont souhaité que la Compagnie du Midi s’accorde avec le concessionnaire du Chemin de fer de Cazaux pour assurer la correspondance entre cette ville et Arcachon afin que les touristes puissent facilement visiter le lac et pour que les personnels de l’École de tir aérien puissent regagner leur domicile à une heure normale. Ils souhaitent aussi que les sorties de la gare soient mieux éclairées. 

                                                     * INFORMATIONS *

– Le jury du concours pour le monument aux morts s’est réuni le 29 novembre. Après un long examen le vote définitif a donné les résultats suivants :

        1- Gallia. M. Maspoli ;

        2- 1914-1918. M. Chagron ;

        3- Le Pin. B. Gomez ;

        4- France. R. Expert ; (4)

        5- Unis comme au Front. M. Ormières.

Certains concurrents ont envoyé des réclamations sur des irrégularités dont ils se plaignent. 

                                               * CORRESPONDANCE *  

– Jean Baupuy, exilé à Cannes, poursuit ses lettres en gascon. Traduction :

« Mes droles, mes droles, il fait froid. La neige tombe sur les Alpes ; le soleil s’est caché ce matin. J’ai quitté le chapeau de paille, j’ai mis le ciré pour me préserver de la pluie. C’est le premier jour où j’ai allumé le feu. Je vais manger les économies mais je tiens le coup et demain il fera beau. Les pauvres parqueuses vont se geler les doigts comme autrefois le pauvre Couèc. Les autres ont été mordus (par le froid) et leurs doigts seront gelés. Le froid a du faire passer beaucoup (d’aouces ?) et de petits (aucons ?) et les amis chasseurs ont du en tuer beaucoup ; les chasseurs Jean-Paul-Pierre-Gaston vont faire tourner la broche et boiront une bière à ma santé. Votre camarade ».

                                                 * LES  SPECTACLES *

– Casino de la Plage.

   Sur scène : Nibor dans son  répertoire

   À l’écran : « Le Diamant noir » d’après l’œuvre célèbre de Jean Aicar (de l’Académie française). 1^e partie : le calvaire d’une innocente. « Rigadin est enragé » : comique. (5)

– Olympia-Grand Théâtre.

  «  Les mystères de Paris » d’Eugène Süe. On verra les personnages dans leurs vrais costumes et dans le vrai décor, celui du Paris d’il y a 😯 ans établis d’après les documents relevés au musée Carnavalet.

                                                      * RÉCLAMES *

– La fée électricité.

ET, PENDANT  CE  TEMPS  À  LA  UNE DU « POPULAIRE » DU 3 DÉCEMBRE (1)

 -« Pour l’action du Parti ». Notre ami Marquet (6) a raison : notre Parti doit continuer à s’apposer à la bourgeoisie capitaliste. 

– « Les pionniers de la division ». Aucune des garanties que nous demandions au Parti communiste ne nous ont été données sur les conditions dans lesquelles pourrait être menée une action commune.

– « Un martyr de la science ». Le radiographe Vaillant de l’hôpital Lariboisière vient de subir sa treizième amputation après avoir été atteint de la radiodermite. 

– « La boulangerie en grève ». Le gouvernement engage des poursuites pour délit de coalition ayant pour but de faire hausser le prix du pain. L’Union des coopérateurs continuera à vendre du pain. 

– « Après la grève du Havre ». Quatorze prévenus sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour rébellion à la suite des grèves du mois d’août.

-« À la Chambre. Le budget d’Alsace-Lorraine ». La suppression du Commissariat général et l’assimilation au budget national permettraient d’économiser des millions de francs. Dans le domaine de l’enseignement, le catéchisme obligatoire doit être supprimé. Il ne peut y avoir un état dans l’état.  

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• Sources : Gallica/BNF.
• (2) Le docteur Bastien Llaguet (1870-1945) fut un spécialiste de toxicologie pendant la Grande guerre. Il créa le Bureau d’hygiène d’Arcachon en 1918, sous l’impulsion du maire Veyrier-Montagnères qui fut novateur en la matière, ce que L’Avenir oublie de rappeler.  
• (3) Le journal parut jusqu’en 1943 ce qui valut à son propriétaire, Hubert Longau, quelques ennuis à la Libération.
• (4) Le projet de R. Expert semble beaucoup plus novateur et élégant que le projet retenu. 
• (5) Prince Rigadin (1872-1933) a tourné plus de 600 films et fut une vedette du cinéma comique français dès 1906, précurseur de Charlot dont il imagina le style. 
• (6) Adrien Marquet (1864-1955) fut maire de Bordeaux de 1925 à 1944. Il fut exclu du parti socialiste SFIO en 1933 pour avoir défendu « un socialisme mussolinien ». Ministre de l’Intérieur  du gouvernement Pétain, il sera traduit devant la Haute cour de justice en 1945 et condamné.