# 124 # REVUE DE PRESSE, Revue des livres (27 janvier 2021)
par Jean Dubroca
« De sable et de neige » par Chantal Thomas. (Avec des photos en gros-plans et couleurs d’Allen S. Weiss). *
– De nombreux articles ont été consacrés au dernier livre de Chantal Thomas. Son thème : égrenant ses souvenirs, l’auteure exprime la recherche de ce lien d’amour d’une force absolue entre une fille et son père. Elle le fait en dessinant une fresque construite sur la quête de chaque instant de la vie accroché à la beauté silencieuse des choses, à commencer par celle des paysages qui la conduisent de la dune du Pilat et des lueurs du Cap Ferret jusqu’à Tokyo couvert de neige.
Mais avant de parvenir si loin, Chantal Thomas évoque ses séjours d’enfant dans une ferme de la campagne charentaise avec sa copine Louisette. Apparaît alors l’image d’un père, dont le silence et le mutisme contrastent avec la cocasserie des jeux des enfants. Il décède à 43 ans, alors qu’elle en avait 17. À cette minute même, son enfance est morte. Mais reste le chemin de la vie, comme jalonné de photos de famille. Il passe par des séjours sur le Bassin : l’ascension de la Grande dune, les croisières vers le Cap Ferret, le voyage dans le petit train, les parties de pêche. Le tout embaumé par l’ivresse des odeurs des pins, des huîtres, du vin.
Le lien entre les mondes est noué par les vague de l’océan vu comme une image de la vie : tourmentée ou harmonieuse, lançant des sensations révélées par l’intimité de la mémoire de l’auteure. Une phrase d’elle résume ce que veut être ce livre : « L’insaisissable m’a donné la clé du monde ». Les voyages, l’aventure lui apportent cet insaisissable qu’elle capte en instants fugaces, saisis dans un éclat de lumière, une ombre plus longue, un reflet de neige.
Des avis de la presse disent ce qui fait la valeur et l’intérêt du livre. Pour Olivier Mony (Livres-Hebdo) : « Chantal Thomas publie une merveilleuse balade enchantée et buissonnière sur les chemins de son enfance ». Francine de Manoir (La Croix) écrit : « Elle est l’enfant du silence et exprime l’éclat fugitif de l’instant, la fluidité des mouvements et de la vie ». Bernard Pivot, dans une longue chronique du « Journal du Dimanche » note : « Voici une nouvelle promenade dans la mémoire sensible, pointilleuse et magnifiquement vivante de Chantal Thomas ». Dans « Le Monde », on peut lire, sous la plume de Fabrice Gabriel : « Ce livre est mouvement. C’est sa magie qui dessine une sorte de géographie mobile du souvenir et des sens. L’émotion saisit sous la légèreté revendiquée ». Enfin, Jérôme Garcin écrit un très bel article dans « L’Obs », sous le titre « De sable et de neige ». On peut y lire : « Ce traité de l’émerveillement est un modèle de l’autobiographie digressive.
Si un jour que l’on ne peut que souhaiter pas trop lointain, l’Académie du Bassin peut de nouveau décerner ses prix, le livre de Chantal Thomas sera certainement dans la sélection des « nominés ».
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(*) Mercure de France éditeur. 208 p. 19 €.
+ « Recueil des mots d’ici » par Pépé (Michel) Legrand et Jean Lacoste. (Mise en page de Jean-Pierre Colin)*
– Ces deux amis d’enfance qui, disent-ils, se supportent depuis 76 ans, ont répertorié « les mots du Bassin » dans un recueil où ils ont classé les 300 mots qui, à leur connaissance, sont utilisés traditionnellement par les pêcheurs, ostréiculteurs et autres marins de la « petite mer ». Sabine Luong, correspondante de « Sud-Ouest » à La Teste les a rencontrés. Bien qu’ils précisent qu’ils ont certainement oublié des mots, ils disent aussi : « On a fait ce livret pour que ces mots ne se perdent pas car, déjà, les jeunes ne nous comprennent pas quand on les utilise ». Et le répertoire local des deux copains est particulièrement riche car, le Bassin, ils le pratiquent depuis leur âge de quatorze ans où ils sont devenus ostréiculteurs. Ils ont donc pu réaliser un répertoire de ces mots, expressions, tournures de phrases et prononciation qui constitue un riche apport pour la connaissance du patrimoine immatériel du Bassin. La preuve : ils ont reçu des mains du maire, Patrick Davet, le Sablier d’or de la Ville de La Teste le 26 décembre dernier.
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+ « Coup d’œil sur cent et un oiseaux de Gujan-Mestras » présenté par le Service développement durable de la Ville de Gujan-Mestras. (*)
– Dans « Sud-Ouest » Jacky Donzeaud rappelle que ce service communal a déjà réalisé « 101 plantes de Gujan-Mestras ». Ce nouvel ouvrage consacré aux oiseaux est né, écrit aussi le correspondant du journal, en partenariat avec la L.P.O (Ligue de protection des oiseaux) et grâce à trois Gujanais passionnés d’ornithologie : Bernard Laporte, Jean-Jacques et Jocelyne Trichard. « Ils ont conçu, peut-on lire, un ouvrage didactique ». Effectivement, il donne la fiche d’identité des volatiles très variés qui fréquentent le riche milieu naturel de la commune : forêt, vasières, prés-salés, jardins, prairies, espaces verts, etc. Évidemment, des photos permettent de les identifier et des précisions sont données sur leur comportement ou leur cycle de vie. Pour que le recueil soit facile à utiliser, ses auteurs ont choisi de classer les oiseaux par milieu de vie et par localisation. Et si les textes restent scientifiques, le plaisir de la lecture est accentué par des anecdotes et par des conseils pour accueillir et aider les oiseaux.( Photo: auteurs)
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(*) Bientôt diffusé.
+ Un historien local un peu oublié : l’abbé Daniel Petit (1870-1962) *
– Dans son numéro du 24 décembre dernier, « La Dépêche du Bassin » publie un article signé par Christophe Meynard et consacré à l’abbé Daniel Petit qui a écrit une « Histoire du Captalat de Buch sous la Révolution » parue en 1909, alors qu’il était vicaire à Notre-Dame d’Arcachon. D’éminents spécialistes reconnaissent, comme Jacques Clément (**) « qu’il a appuyé chaque jugement sur un document sérieux ». S’il a mis en évidence l’intrusion de la politique dans la vie locale apportée par la Révolution à La Teste, l’ouvrage insiste sur les formes particulières qu’elle y prit. Pour son auteur, « toute prescription ou interdiction touchant aux coutumes locales ne trouvait aucun écho dans la masse des habitants ». Finalement, il loue la modération dont, selon lui, les Testerins ont fait preuve durant la Révolution. Par la suite, l’abbé Petit poursuivit son travail d’historien au hasard de ses différentes paroisses mais ses positions intellectuelles sur le naturalisme et le modernisme le défavorisèrent auprès de sa hiérarchie qui y était opposée.
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(*) Renseignements complémentaires auprès de l’Association historique et archéologique du Cubzaquais. (Bul. N°20) arhal.jimdo.com
(**) Bulletin N° 58 de la Société historique d’Arcachon.
+ Le bulletin 147 de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch. (Février 2021)*
– Huit intéressantes communications figurent au sommaire de cette revue. Parmi les plus intéressantes, on peut noter :
– La prise du fort de la Roquette vue du côté des Anglais. (1807) par Roderic Martin. (**)
– Vivre dans la zone côtière interdite de Lacanau à La Teste en 1940 et 1945 par Sébastien Durand.
– Les populations comparées d’Arès et d’Andernos entre 1820 et 2020 par Gérard Simmat.
– Oscar Déjean, un des fondateurs d’Arcachon par Bernard Dutein.
On lira aussi avec intérêt : le vieux port de Taussat (Claude Perreaud) ; un prêtre oublié à La Teste de Buch (Jacques Passicousset) ; Audenge et la Sainte Saucisse (Jacqueline Labassat) et Naissance de l’église forestière d’Andernos, Notre-Dame de la Paix par Jean-François de Chovirit et Bernard Eymeri.
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(*) En vente (10€) à la Société historique, MA.AT 22 bd Général-Leclerc, 33120 Arcachon.
(**) En couverture : Bataille navale où figurent deux bâtiments de la Royal Navy, par Sartorius l’Aîné (1804).
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