Av.4 mars.

                         L’ACTUALITÉ  ARCACHONNAISE IL Y A PRESQUE  CENT ANS

 

par Jean Dubroca

                             AVEC « L’AVENIR »  DU DIMANCHE  4  MARS  1923 (1)

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* Dans son éditorial du jour, intitulé « CAVALCADE », Albert Chiché présente le défilé carnavalesque du 11 mars. Un défilé « devant lequel Nice et Cannes se voileront la face de dépit ». Une occasion pour le journaliste de faire rire aux dépens de personnalités locales ou de régler quelques comptes. On verra donc dans le défilé :

            – Vingt-quatre parqueuses en culottes rouges précédées de piqueurs jouant du cor de chasse,

            – Une vache entourée de picadors représentera les arènes de la route du Moulleau,

            – La reine des Anciens combattants dans un char somptueux environnée de poilus en uniforme,

            – Douze sirènes en costumes de bain aux corps irréprochables,

            – Quatre mules traînant un char représentant une forêt de fougères au milieu desquelles des nymphes de nos forêts seront pourchassées par des satyres. (On n’a pas eu de mal à trouver les satyres, tant ils pullulent dans nos forêts).

            – Le char des notabilités arcachonnaises avec M. de Caubios en amiral suisse, M. Guy de Pierrefeu en académicien, Léo Neveu en écureuil, Valleau en renard, Lliagué en microbe, Chiché en canard sauvage, Ormières en coupeur d’escaliers, Dordet en pot de confiture, Thévenot en Turcaret et beaucoup d’autres qu’il serait trop long de citer en pierrots, en arlequin ou en polichinelle.

            – Le char de la municipalité avec le maire en Louis XIV et sa perruque, le docteur Lalesque en médecin de Molière, Eyssartier en gros poupard, le docteur Bourdier en seringue, Dignac en mollusque, Arégot en mitron, Jacques Meller en jockey, Croizé en midinette.

            Ah ! Que tout cela sera beau !

                                                       * INFORMATIONS *

+ Le Conseil municipal a pris une décision ferme sur le port, sans toutefois fixer le lieu de son emplacement. (2)

+ Le Conseil a débattu du projet de monument aux Morts. Dans le modèle choisi, la femme était en pierre et assise. Il a été décidé qu’elle serait debout et en bronze. Il en résultera une dépense supplémentaire de 25 000 frs environ.

                                               * SYNDICAT D’INITIATIVE *

+ Le président Valleau souligne que les fêtes de Pâques bénéficieront du concours très empressé des forces armées.

+ Au point de vue publicitaire, du matériel concernant notre cité a été placé sur les paquebots France et Paris qui assurent le service du Havre à New-York, sur le Lutétia et le Massilia de la ligne d’Amérique du Sud  et aussi dans les Offices français du tourisme à New-York, Barcelone, Rio de Janeiro. Un panneau de vues artistiques sera envoyé à Vichy où il sera mis en excellente place. (Affiche Graphica Arcachon)

                                                  * CORRESPONDANCE *   

+ M. Gustin, directeur de l’Olympia, écrit de Paris pour signaler les films dont il vient d’obtenir l’exclusivité d’exploitation. Et, surtout, il parle de « La Roue », ce monument du film muet français d’Abel Gance  et il ajoute : « M. Abel Gance n’a pas oublié ses amis Arcachonnais. (3) C’est dans la salle de l’Olympia que, trois mois durant, il a fait la mise au point de son film « La Roue », film qui malheureusement a eu plusieurs scènes censurées par ordre du Syndicat des cheminots et dont la présentation en quatre semaines (un chapitre tous les quinze jours !) offre pour le public à mon avis un manque d’enchaînement. » (Affiche de Fernand Léger)

– PENDANT CE TEMPS, À  LA  UNE  DE « L’OUEST-ÉCLAIR », (*) L’ÉDITORIAL D’EMMANUEL DESGREE DU LOU  A  POUR  TITRE « LA  RUHR ET L’OPINION ». (1)

+ « Demandez à celui que vous voudrez, il vous répondra : ‘’Si nous n’étions pas rentrés dans la Ruhr, dans trois ans l’Allemagne nous déclarait la guerre.’’ (…) L’armistice de 1918 fut conclu trop rapidement et se trouve aggravé par les insuffisances du traité de Versailles. Pour la première fois, la France se décide à mettre un terme aux sabotages prémédités qui rendent sa victoire inopérante. »

                                               * AUTRES TITRES *

+ Notre contrôle s’étend sur la rive droite du Rhin. Nous occupons les ports de Mannheim et de Karlsruhe. Il s’agit d’une mesure de représailles contre des sabotages commis par des Allemands dans le canal de Herne où deux péniches ont été coulées. 

+ La réforme électorale. « Le gouvernement de M. Poincaré commet une erreur en permettant au Sénat de refuser l’amélioration du système semi-proportionnel que les élus du suffrage universel réclament. »  (P.O. Dolbert)

+ En quoi consistera le miracle de la Rance ?  Des usines surgiront du sol : partout, la force et la lumière dispenseront leurs bienfaits. « Un barrage sur l’estuaire de la Rance doté de turbines permettra de produire beaucoup d’électricité grâce aux courants de marées très forts à cet endroit. M. de député André Le Troquer a déclaré : « Je suis prêt à donner une suite législative aux propositions qui sont faites ». (4) 

+ Faut-il reprendre les relations commerciales privées avec la Russie ? « Il s’agit de ne point laisser aux Allemands, aux Anglais, aux Italiens et aux Américains de prendre les meilleurs postes commerciaux en pays slaves. »

+ Le privilège des bouilleurs de cru. La nouvelle loi qui favorise l’accès à ce privilège n’est-elle pas dangereuse ? Pour M. Sagnier, secrétaire perpétuel de l’Académie d’agriculture : « elle risque de développer l’alcoolisme dans les campagnes ». (5)  

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• Sources : Gallica/BNF.
• Le projet de port à l’est de la jetée d’Eyrac était un grand sujet de polémique.
• Abel Gance (1889-1981) a tourné des plans de son film au casino mauresque. Il semble bien qu’il ait achevé ce film ici.  Son épouse, Ida Danis meurt à Arcachon, villa « La Bruyère ».
• L’usine fut inaugurée en …. 1967.
• Il faudra attendre 1954 pour que le gouvernement de Pierre Mendès-France commence à limiter le privilège des bouilleurs de cru.

       (*) L’Ouest-Éclair, ancêtre de Ouest-France, toujours propriété de la famille Desgrée

              du Lou, était un quotidien à fort tirage, (250 000 ex.). Inspiré par le christianisme

              social, il était  particulièrement influent en Bretagne, Basse-Normandie et Pays-

             de-Loire.