1923, juillet : platanes, casino mauresque, tir au pigeon et polémiques

             L’ACTUALITÉ  ARCACHONNAISE  IL Y  A  PRESQUE  CENT ANS

par Jean Dubroca

        DANS « L’AVENIR D’ARCACHON  »  DU  DIMANCHE 1è JUILLET  1923

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* L’ÉDITORIAL  D’ALBERT  CHICHÉ : «  MAISON DE FOUS »

«  C’est de la mairie dont je veux parler. (…) Peut-on imaginer rien de plus insensé que de faire couper les beaux platanes du cours Sainte-Anne (1) et du cours Lamarque-de-Plaisance, juste au commencement des fortes chaleurs et de bouleverser la voie la plus fréquentée de notre ville au moment où arrivent les baigneurs ! (…)

Avant …

   Notre municipalité exerce aussi sa folie destructive dans le jardin du casino mauresque. Là encore, on coupe des arbres pour réaliser un projet stupide. (…) L’imagination de nos édiles a accouché d’un plan qui consiste à supprimer les escaliers de devant pour les mettre derrière. On gaspille pour faire du gracieux monument oriental un monstre que les Arcachonnais ne reconnaîtront plus. Ceux qui font cela ont certainement le cerveau malade ; ils auraient besoin de quelques douches mais notre ville est dépourvue d’établissement de ce genre. » (2)  

Après !

                                                         * ASSEZ  DORMIR *

   « La saison de tir aux pigeons bat son plein à Vichy, à Aix-les-Bains, où elle est dotée de 170 000 francs de prix, ou à Deauville. Il paraîtrait qu’un groupe de tireurs bordelais a pour but de faire construire un stand de tir aux pigeons sur l’hippodrome du Bouscat. Or, nous regrettons de ne plus voir pratiquer ce genre de sport à Arcachon où le stand des Abatilles est pourtant unique dans son genre. Il est réellement incompréhensible que la Société de tir aux pigeons d’Arcachon ne suive pas l’exemple des autres alors que tout le monde réclame depuis trop longtemps déjà le retour des semaines de tir d’avant-guerre. » (U. Sédard, administrateur délégué de la société anonyme du casino d’Arcachon) (3).

                                              * INFORMATIONS *

+ Beaucoup de commerçants se plaignent d’être privés de gaz dans l’après-midi, faute de pression suffisante.

+ C’est décidément les 15 et 16 juillet prochains qu‘auront lieu les fêtes du cinquantenaire du couronnement de Notre-Dame d’Arcachon. Un conflit d’administration diocésaine avait failli nous priver du cardinal Andrieu et d’archevêques. Mais ce sera une grandiose cérémonie religieuse car une puissante intervention civile a permis de maintenir le programme et les invités prévus. Le banquet qui sera leur sera offert aura lieu au Grand-Hôtel.

+ La nouvelle installation du commissariat de police au coin de la rue de la Mairie et de la rue Lamartine est vraiment très confortable. Le mobilier est neuf et les téléphones étincellent. Notre sympathique commissaire de police a ainsi un cadre qui lui convient.

+ La femme Broutier qui avait blessé de coups de deux coups de révolver a déclaré au juge d’instruction qu’elle était devenue folle en voyant massacrer les beaux platanes du cours Lamarque. (voir plus haut)

                     * LA GRANDE SEMAINE DE LA LIGUE MARITIME *  

+ Jeudi dernier avait lieu la grande journée de la semaine de cette ligue dont on sait le rôle éminemment patriotique qu’elle a joué pendant la guerre. Après le grand banquet au Grand-Hôtel, les ligueurs et les personnalités s’embarquaient pour une sortie en mer à bord à bord de deux torpilleurs, le ‘’Vescos’’ et le ‘’Chassang’’, l’un et l’autre confisqués aux Allemands après le traité de Versailles. Du reste, c’est toute une escadre avec sous-marins et chasseurs qui mouilla dans notre rade. (…) Le soir, la Société des fêtes a offert un grand bal aux états-majors et aux équipages de la flotte. L’éclat de cette soirée fut rehaussé par la présence de charmantes baigneuses.

                                               * LES SPECTACLES *

+ Voici l’opinion de M. Tavernier, l’éminent critique de ‘’ La Petite Gironde’’ au sujet du film ‘’La Roue’’, actuellement projeté à l’Olympia : « En montrant cette course à la mort, Abel Gance emmène le spectateur sur la ‘’Compound’’ trépidante. Le rail fuit, la paysage se hache, les roues s’affolent, la vapeur fuse…Le public, étranglé par l’angoisse serre les dents, la peur le soufflète. Je dois dire que je n’ai jamais vu rien de tel au cinéma.’’ 

                                               * LES PETITES ANNONCES *

+ LAIT PUR de la ferme de Sécary.  S’adresser : Thénaud, propriétaire La Teste. 

Une ferme à La Teste…que d’oies !

                         ET PENDANT CE TEMPS, À LA UNE DU « TEMPS »

                                          * BULLETIN DU JOUR »

+ La préface des négociations  sur la Ruhr : « Les offres du Reich ne seront pas examinées avant la cessation de sa résistance et la Ruhr ne sera évacuée qu’en proportion des payements des dommages de guerre ».

                                        * L’OCCUPATION DE LA RUHR*

+ Les villes de Limburg, Langen et Eshborn occupées à titre de sanction.

+ Des dommages liés aux sabotages devront payés par le Reich.

+ Sept saboteurs condamnés à mort par le tribunal militaire français

+ Le pape intervient en faveur de l’Allemagne.   

                                          * EN SEINE ET OISE *

+ Les socialistes SFIO, les socialistes révolutionnaires et les communistes se sont alliés dans les élections partielles. Les communistes les dépassant en nombre de voix, notre conclusion est claire : qui va au socialisme révolutionnaire va au communisme.

                                        * VÉRITÉS  COMMUNISTES *

+ Les Soviétiques étant des Russes, ils ont, comme au temps des tsars, l’art de montrer uniquement ce qu’ils veulent bien montrer aux visiteurs étrangers. 

                                        *  VÉRITÉS  FINANCIÈRES *

+ L’idée d’un budget biennal planifié sort laminée du débat parlementaire.

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  • La partie est de l’actuel cours Lamarque.
  • (2) Ce n’est qu’en 1927 que décision fut prise de doter la ville d’un établissement public de bains-douches, rue Eugène-Ormières. (Toujours visibles… en activité ?)
  • Le tir aux pigeons fut inauguré le 2 août 1908. Il fonctionna jusqu’en 1963. C’était durant les vacances de Pâques que se tenait la plus grande saison de tir.