Av. 8 jt / 12 jt.
L’ACTUALITÉ ARCACHONNAISE IL Y A PESQUE CENT ANS
par Jean Dubroca
AVEC « L’AVENIR » DU DIMANCHE 8 JUILLET 1923 (1)
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* L’ÉDITORIAL D’ALBERT CHICHÉ : « LE PORT D’ARCACHON » *
+ Albert Chiché évoque la visite – annulée- de M. Rio, sous-secrétaire d’état à la marine marchande. : « S’il était venu à Arcachon, il n’aurait pas été plus avancé sur la création d’un port de pêche à Eyrac. Il n’aurait fait que voir la plage que déshonorent les affreuses baraques de M. Despujol. (2) et n’aurait pu trancher sur cette question qui divise notre population mais qui possède les préférences de la majorité du conseil municipal ».
Puis Albert Chiché aligne les arguments utilisés par les opposants à l’installation de ce port à Eyrac :
« – Il existe une pétition d’opposants au port couverte de signatures.
– Un port allant des Pêcheries nouvelles pour aller aboutir à la place des Marins (3) occuperait au centre même de la ville, le seul endroit où Arcachon possède une plage. (4)
– Ce port changerait le caractère et l’aspect de notre station balnéaire.

– Il causerait un préjudice considérable aux propriétaires des villas englobées dans ce projet.
– Ce préjudice s’étendrait aux propriétaires de toute la ville d’automne qui, durant l’été, louent tout ou partie de leur logement, sans épargner les hôteliers et restaurateurs qui vivent du passage des étrangers dans notre ville.
– Le meilleur endroit pour l’établissement d’un port de pêche serait le quartier de l’Aiguillon, dans l’intérêt des marins, magasiniers, usiniers qui y résident déjà ».
Conclusion d’Albert Chiché : « Une question si grave ne doit pas être tranchée sur la seule audition d’un son de cloche municipale ».
* TIR AUX PIGEONS *
+ Alfred P. Chauvot, président du Tir aux pigeons d’Arcachon, écrit : « La société de Tir aux pigeons ne peut rien faire seule. Elle doit compter sur une aide de la Municipalité, du Casino, du Syndicat d’initiative et des hôtels. Aujourd’hui où les voyages et les hôtels sont hors de prix, les tireurs ne se déplacent plus sans au moins espérer rentrer dans leurs frais. D’où les réunions alléchantes : Vichy (50 000 fr de prix), Aix-les-Bains (180 000 fr), Deauville (300 000 fr), etc. (…) Toutes ces stations qui ont un casino comprennent le rôle important que joue le tir aux pigeons dans la réussite de leurs saisons. Or, nous venons d’apprendre que la Commission des finances de la Ville nous a refusé toute subvention. Ce n’est donc pas notre Société que l’on doit accuser de dormir ».
* INFORMATIONS *
+ La Société des fêtes ayant lancé un concours d’idées, « L’Avenir d’Arcachon » propose d’organiser une fête de la Rosière, une course de parqueuses en culottes rouges et un concours de baigneuses.

+ Un trottoir allant de l’allée du Tir aux pigeons à la plage des Abatilles évite aux dames une pénible traversée dans le sable.
+ On dit que M. Thévenot (5) aurait offert gratuitement des terrains dans le quartier du Lapin blanc pour y creuser le nouveau port. Ce projet qui unirait Arcachon à La Teste mérite d’être étudié. Le boulevard Deganne serait prolongé jusqu’au Bassin.
+ Mardi matin, les communiants et les communiantes de La Teste sont arrivés à Arcachon par le premier train. Ils se sont rendus en procession par le cours Tartas jusqu’à l‘église Notre-Dame en chantant des cantiques.
+ Presque tous les chalets sont loués à des prix très élevés. Le chalet Saint-Yves, propriété de M. Thévenot a été loué 22 000 fr pour deux mois à une famille anglaise. Il est vrai qu’au cours du change, cela ne fait que 7000 fr pour un Anglais.
* RÉCLAMATIONS *
+ Les habitants de l’avenue de la République, côté droit en descendant, se plaignent que l’eau ne coule jamais dans leur caniveau tandis qu’elle circule abondamment dans le caniveau opposé, ce dont ils sont jaloux. (6)
+ On continue de protester contre l’horrible saleté autour de la gare, jusqu’à l’avenue Gambetta.
* CORRESPONDANCE : JEAN BAUPUY ÉCRIT EN GASCON *
+ La lettre de Jean Baupuy.

+ Sa traduction :
« L’ami Chocolat de l’Aiguillon (dit la biche au bois) se plaint que les vaches en vadrouille la nuit viennent caguer tous les matins devant sa porte sur son trottoir, bien en face de chez lui. On ferait bien de leur mettre un sifflet au derrière, comme ça l’ami serait prévenu et pourrait apporter une caisse et ramasser les déjections. Comme ça, rien ne se perdrait et chacun en prendrait et pourrait fumer son jardin ».
* LES SPECTACLES *
+ LE DÉSERT À ARCACHON +

+ Au Casino de la Plage, la maison Gaumont va projeter les événements du voyage des autos-chenilles à travers les images du raid Citroën (Mission Haard, Audouin, Dubreuil) dont pendant tout un mois la France a eu l’esprit occupé. (…) Jamais jusqu’ici ni l’auto, ni le cinéma n’avaient pénétré aussi profond dans le continent africain. (7)
* LES PETITES ANNONCES *
+ À vendre un âne avec charrette. S’adresser aux Abatilles, villa Roland de Paule.
+ Voiture Boghey à vendre. État neuf. S’adresser au journal.

– ET PENDANT CE TEMPS, À LA UNE DE « L’HUMANITÉ » – (1)
* LE SPORT ET LA RÉVOLUTION *
+ « Le sport ouvrier m’apparaît comme une fête, une force de santé et une promesse révolutionnaire ». (P. Vaillant-Couturier).
* LA NOUVELLE CONSTITUTION RUSSE *
+ Les Commissaires du peuple sont désignés. Lénine a été élu à l’unanimité président du Conseil des Commissaires du Peuple de l’Union des Républiques soviétiques.
* LES NÉGOCIATIONS FRANCO-ANGLAISES *
+ Elles trainent en longueur et portent sur la divergence du montant des réparations imposées à l’Allemagne par le traité de Versailles.
* QUAND M. MILLERAND VOYAGE AUX FRAIS DE LA PRINCESSE *

– « Il est recommandé aux agents de tous grades qui se trouveront sur le trajet du train présidentiel de faire le salut militaire ».
* L’ACCORD DE WASGINGTON *
+ La France renforcera ses armements navals. Contre qui ? Il s’agit d’un traité hypocrite. Il masque une guerre nouvelle qui s’approche à grands pas. (8)
* VAGUE DE CHALEUR À PARIS *
+ Les Parisiens font la queue devant les établissements de bain.
* L’ASSASSINAT DE M. QUÉMENEUR *
+ Son corps reste introuvable. M. Seznec continue d’affirmer son innocence.
* LE TOUR DE FRANCE *
+ Sur l’étape Perpignan-Toulon (427 km.) les coureurs vont souffrir de la chaleur.
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- Sources : Gallica/BNF.
- (1)L’industriel Victor Despujol avait reçu le 9 septembre 1918 l’autorisation d’installer sur la plage d’Eyrac des bâtiments de construction maritime « pour les besoins de la défense nationale ». Le démontage de ces bâtiments ne fut obtenu que le 31 décembre 1927. (Cf. Michel Boyé : « Histoire inédite d’Arcachon »).
- (2)Actuelle place du docteur Peyneau.
- (3)C’est là que furent pratiqués les premiers bains de mer arcachonnais avec François Legallais qui y ouvrit un hôtel.
- (4)Un nom qui sent le soufre à Arcachon (Cf. Bassin Paradis du 2 juillet 2020).
- (5)Jusque dans les années 50, un employé communal était chargé d’ouvrir puis de fermer de petites bouches d’eau situées au ras du trottoir aux extrémités hautes des caniveaux des rues.
- (6)Il s’agit de la première traversée allée et retour du Sahara (fin 1922-début 1923) par cinq autos-chenilles Citroën.
- (7)Le traité limitait l’armement maritime mais n’empêchait pas la modernisation des flottes.
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