1923, 30 dec : foule à la messe de minuit, des ingratitudes, et des roses en hiver…

                  LA  VIE ARCACHONNAISE  IL  Y  A  PRESQUE  CENT  ANS

par Jean Dubroca

                             AVEC « L’AVENIR » DU 30 DÉCEMBRE 1923

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                       * ÉDITORIAL « 1923 » PAR  ALBERT  CHICHÉ *

+ Le journaliste vante les charmes d’Arcachon en toutes saisons. Dans cette ville privilégiée, rien n’a changé depuis 98 ans :

                       « Dans le calme d’une adorable nature, à l’abri des guerres, des révolutions

                          des tremblements de terre, nous ne connûmes les souffrances humaines

                              que par de lointains échos. Ailleurs, on mourait de faim ou de froid ; chez

                              nous, on dansait, on chantait, on mangeait des truffes…. »

                                 * MORT DE M. MÉRAN, ANCIEN MAIRE d’ARCACHON  *

+ Albert de Ricaudy établit la nécrologie de Jean Emmanuel Georges Méran, maire d’Arcachon de 1881 à 1886, décédé plus qu’octogénaire, à Paris où il s’était installé après son échec électoral devant François Grenier. Avocat, il avait tenté une carrière politique, appuyé par son ami M. Granet, ministre des Postes et Télégraphes. Mais il fit fortune en dirigeant une usine de céramique à l’Isle Adam (Seine et Oise).

Albert de Ricaudy, constatant que seulement soixante personnes on assisté aux obsèques de M. Méran, souligne l’ingratitude des Arcachonnais, « alors que cet homme de bien fit preuve d’une activité dévorante durant les cinq ans de son mandat. » Et de rappeler qu’avant lui « Arcachon ne disposait que de 600 m3 d’eau par jour provenant d’un puits artésien. Pendant les heures réglementaires où les bornes fontaines – qui se trouvaient à sec à tout autre moment- recevaient le précieux liquide, il fallait faire queue pour le recueillir au compte-gouttes… Que de lamentations, d’imprécations, de désertions en résultèrent !  Nous devons à M. Méran le bienfait inestimable d’avoir de l’eau à discrétion dans nos propriétés. Il nous faut lui vouer une reconnaissance éternelle d’avoir mis fin à cette pénurie d’eau en réussissant à traiter avec la Compagnie des Eaux de Paris qui triompha dans cette entreprise de capter l’eau du lac de Cazaux. Sans lui, l’essor d’Arcachon eût sans doute été interrompu. »

La Chapelle des marins ( carte postale à retrouver ICI )

                                                * INFORMATIONS * 

+ On lit dans « La Petite Gironde » du 26 décembre : «  à l’occasion de la réouverture des jeux, le Casino de la plage avait tenu à offrir un spectacle tout à fait sensationnel. Mais le public n’a pas répondu à l’appel ». Il y avait pourtant du monde partout. Pourquoi le Casino était-il désert ? Pourquoi ? Lorsqu’on s’aliène maladroitement les concours les plus utiles, on ne doit pas s’étonner du résultat.   

+ Les messes de minuit ont été célébrées dans les églises d’Arcachon, au milieu d’une foule énorme. À Notre-Dame on a chanté en chœur de vieux Noëls. À Moulleau, nous avons entendu de vieux cantiques basques.

+ On sait que la mode est à des visites organisées par un groupe d’amis qui arrivent inopinément en disant au maître de maison : « Nous venons danser chez vous. » Le maître est obligé d’offrir le champagne et des gâteaux. C’est ce qui est arrivé chez un des médecins de la ville d’hiver. On dansa jusqu’au matin, à l’heure où le docteur fut obligé de sortir pour aller visiter ses malades. À qui le tour ? 

+ Les journaux de Paris annoncent la création dans plusieurs de ses Grands Magasins de bureaux de voyages qui organiseront des excursions en automobiles dan toute la France. Leur directeur, M. Le Bourgeois, n’oubliera pas les Landes et la Gironde. Avis aux hôteliers.

+ On peut voir dans le jardin du docteur Bourdier fils une magnifique tonnelle de roses blanches, comme à Nice. Cependant, Arcachon ne peut nier être une ville d’eau étant donné l’exceptionnelle avalanche de pluies dont nous sommes gratifiés. 

                                   * ET PENDANT CE TEMPS  À LA UNE DU « POPULAIRE » *

* Le problème électoral. Le refus du Sénat d’instaurer un scrutin proportionnel lèse le cartel des Gauches.

* La catastrophe du Dixmude. Le dirigeable français a-t-il explosé avant de sombrer près des côtes siciliennes ? Il avait été conçu pour le raid de guerre, non pour la croisière au large.

* Nos patrouillotes, par Paul Faure. M. Herriot a vivement et courageusement critiqué le projet de circulaire qui reproche aux démocrates de vouloir résoudre le problème des réparations dans la paix et par la paix.

* Après les pluies, un train dans le ravin près de Bourg-en-Bresse. Le mécanicien et le chauffeur ont été tués.

* Elle monte… La crue de la Seine devient inquiétante. La situation est grave en banlieue.

* Qu’en pense M. Maginot ? Encore un suicide de grand mutilé.

* La grève victorieuse des musiciens. Seule la firme Aubert refuse d’augmenter le montant des services.

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