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LA VIE ARCACHONNAISE IL Y A PRESQUE CENT ANS AVEC « L’AVENIR » AOUT 1924 (*)
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* Albert Chiché visite l’orphelinat Saint Vincent de Paul * (3/8)
* La Supérieure m’a donné des renseignements sur son institution : « Nous avons ici onze sœurs et cent dix orphelines d’Arcachon. Nous leur donnons le matin du café au lait ; le déjeuner se compose d’une soupe, d’un plat de viande ou de poisson et d’un désert. Les dépenses sont importantes, quinze cents francs par mois pour le pain seulement. Nous avons peu de ressources. Heureusement que les commerçants d’Arcachon nous viennent en aide par des dons de victuailles. Ce sont des gens de cœur. Tous les ans, nous organisons une fête de charité. A prochaine aura lieu le 15 août au parc Pereire, grâce à Mme Rhoné-Pereire ».
* Albert Chiché, l’autocar et les cochers * (17/8)
+ Les cochers d’Arcachon ont déclaré la guerre à l’autocar qui relie la gare à Pyla-sur-Mer car ils jugent sa concurrence déloyale et ils veulent se mettre en grève. Dépêchons-nous d’embarquer dans l’autocar avant qu’il ne succombe. Le monstre se met en marche ; il gravit majestueusement l’avenue Gambetta, traverse en trombe la paisible ville d’hiver ; nous roulons à toute vitesse sur la toute du Moulleau ; malheur aux véhicules qui nous choqueraient : ils seraient brisés comme des pots de terre. Voici les Abatilles, la source minérale, le Moulleau, Pyla avec son arc de triomphe. Nous filons maintenant sur la longue route du parc bordée de chalets. Cinq minutes suffisent pour arriver au rond-point du Figuier. L’auto s’engage sur la nouvelle route en construction au milieu des pins et nous dépose devant la Pergola.
* Albert Chiché raconte un 15 août * (24/8)
+ Pour un pont réussi, ce fut réussi ! La Compagnie du Midi dit que cela vient du rétablissement des trains de plaisir. Notre syndicat d’initiative prétend que c’est grâce à son habile publicité. Une chose est certaine : une avalanche de quinze mille visiteurs s’est abattue sur Arcachon où l’on avait multiplié fêtes et réjouissances. On s’est écrasé pour voir l’arrivée de la course Bordeaux-Arcachon disputée par 326 concurrents. À 15 h. le splendide parc Pereire ouvrait ses portes à une foule venant part à la kermesse de charité et à la représentation de Polyeucte. À la même heure, sur la trentaine de nageurs inscrits, dix-sept arrivaient à notre jetée, noire de monde, après six kilomètres de nage. Le matin avait eu lieu au Moulleau une pittoresque cérémonie pieuse : procession nautique avec bénédiction de la mer. Le même soir, au casino de la Plage, une salle comble applaudissait la revue « Ben Aqui ». Cette journée de grande réjouissance était égayée par les brillants orchestres du Café Repetto, du Grand Café, du Passage Thiers. Partout on s’écrasait. L’armurier Gaury, sur la terrasse du casino mauresque, a ouvert la clé des champs à 600 pigeons qui sont allés dire à Bordeaux qu’on ne s’ennuyait pas Arcachon !
* Albert Chiché défend le roi d’Espagne * (31/8)
+ L’injure, la grossièreté, les allusions blessantes ne sauraient être trop sévèrement réprouvées lorsqu’elles s’adressent à des souverains étrangers tels que le roi d’Espagne, Alphonse XIII. Or, dans la revue Ben Aqui, une scène intitulée V’la Alphonso dépasse les limites permises. Cet ami de la France qui honore souvent notre station fut tourné en ridicule de façon odieuse. Beaucoup de spectateurs en éprouvèrent une violente indignation. Des Espagnols se sentirent froissés dans leur patriotisme. Soyez certains que nos ennemis et nos rivaux ne manqueront pas de porter cette inconvenance à la connaissance du monarque outragé au moment où il vient de nous prouver sa sympathie en donnant à nos régates une coupe d’or. Il y a vraiment de quoi le dégoûter de jamais remettre les pieds dans une ville aussi ingrate.
* Polémique : l’extension d’Arcachon *
+ Arcachon étouffe dans ses limites étroites. C’est une question de vie ou de mort d’en sortir. Or, les territoires testerins de l’Aiguillon et du Moulleau, ceux tout entiers du Pyla, voir même du Cap Ferret, ont hâte de se rapprocher de nous au lieu d’appartenir à l’administration lointaine, campagnarde et ombrageuse de l’ancien chef-lieu du pays de Buch. (…) Elle a donné le jour, par la force des choses, sur son immense territoire, à deux très lointaines agglomérations Cazaux et Cap Ferret. Deux de nos quartiers, l’Aiguillon et Moulleau-Pyla sont très éloignés du centre de La Teste et ne peuvent recevoir de façon convenable les divers services administratifs utiles à leurs besoins alors qu’ils constituent le prolongement immédiat de notre ville. (…) Si, malgré tout, les Testerins résistent dans leur amour de leur sol si vaste, il sera logique d’avoir à vaincre leur résistance.
Le Conseil municipal d’Arcachon a débattu du projet de modification de la circonscription de la commune. M. Jaumard a demandé que notre ville ne participe pas à l’entretien de la route du Pyla demandé par le Préfet. Nous entretiendrons ce chemin quand il nous appartiendra. Et pour qu’il nous appartienne, il faut demander l’extension de notre commune. Le Conseil, à l’unanimité, vote cette demande et le projet d’agrandissement d’Arcachon va suivre la filière prévue par la loi de 1884 pour aboutir à ce résultat.
Albert de Ricaudy. (17 août)
* Au conseil municipal *
+ On n’a pu refaire la rue des Mérics, à l’Aiguillon, faute de matériaux de démolition.
Avec les pluies, la partie basse de cette rue est inondée. Les habitants s’engagent à recevoir les eaux qui ruissellent. Il va y avoir beaucoup de grincements de dents.
Le maintien scandaleux sur la plage d’Eyrac des abominables baraquements Despujols risque de durer au delà du 31 décembre 1924. Notre Conseil enverra sa démission collective si la concession est, à cette date, renouvelée par le ministre.
Des propos ont été échangés sur la difficulté de circulation boulevard de la Plage quand la saison attitre de nombreux véhicules et de piétons. Hélas ! Il y a là un vice originel : les fondateurs d’Arcachon ont eu la vue courte et leur boulevard est trop étroit.
* Accident d’avion *
+ Un avion s’est fracassé contre le mur du chai de M. Moga, rue du Port, à La Teste, sans blesser personne, sauf l’aviateur tué. La victime, le capitaine Pinsolle, passait pour un « as » au camp de Cazaux. Le 31 juillet, confiant sans son adresse, au lieu d’accompagner une escadrille jusqu’à Bordeaux, il survola notre ville et y exécuta maints loopings à une faible altitude pour faire des signes à sa femme en dessous. C’est alors qu’il décapita un poteau électrique et s’abîma contre le mur du chai. Cet accident a eu pour cause un moment d’absence de l’aviateur. Cela servira-t-il de leçon ? (10/8)
* Les informations du mois *
+ Dimanche dernier, notre marché fut mis en émoi par une violente querelle entre une négresse et une marchande légumes. On entendit ceci :
– « Tu te crois belle avec ton foulard rouge ? Tu as l’air d’un bout de charbon allumé !
– Dans mon pays on me trouverait plus belle que vous.
– C’est le pays des guenons ! Approche : je vais te frotter la gueule avec un artichaut.
– Et moi je vous frotterai la vôtre avec un ananas.
– Va-t’en, hill de pute ; va te faire blanchir, sale moricaude ».
Heureusement, on n’en est pas venu aux coups. (3/8)
+ Nos félicitations à M. Caubit, mutilé de guerre, qui est parvenu à éteindre le commencement d‘incendie qui s’était déclaré dans la forêt, près de la ville d’hiver et nous a évité un désastre peut-être effroyable. (3/8)
+ Dimanche dernier, à 8 heures, les habitants de la rue du Casino ont été stupéfaits de voir passer pour la première fois une voiture d’arrosage. Ils ont supposé que le roi d’Espagne allait monter au palais mauresque. (10/8)
+ Un groupe de cochers entourait sur la place de la gare, un député, l’abbé Bergey, pour lui raconter le tort considérable que leur causait l’autocar de Pyla-sur-Mer. Ils ont parlé d’une réunion publique et d’une prochaine grève. (10/8)
+ M. Gaillard, ancien directeur de la Cie du gaz à Arcachon, ayant eu la douleur de perdre sa femme, avait chargé la Cie du Midi de transporter le corps dans notre ville et il avait convoqué à la gare ses nombreux ami et le clergé, lundi, à 5 heures du soir. À la déception générale, le corps n’est pas arrivé, par suite d’une coupable négligence. Les obsèques ont été remises au lendemain. (10/8)
+ Une digue monobloc en ciment armé commence à s’élever sur 600 mètres, le long de la plage de Pyla-sur-Mer. Ce travail considérable augmentera la vogue de l’admirable parc qui devient le rendez-vous de la haute société. (17/8)
+ On va commencer la construction du clocher de St-Ferdinand. Rappelons que Lège a été assez riche pour consacrer 500 mille francs à la construction de son église. Le Teich a donné 600 000 frs pour la construction de la sienne. À Arcachon, terre de luxe, le curé de St-Ferdinand, a eu toutes les peines du monde à trouver 69 000 frs pour élever son clocher. Il est vrai que les communes de Lège et du Teich ont des forêts communales et « qui a pin a pain ». (17/8)
+ Mercredi prochain, à l’Olympia, aura lieu en soirée le grand Bal des Aviateurs, organisé en l’honneur de MM. les Officiers de l’école de Cazaux. (17/8)
+ Les grandes marées permettront de voguer sur le canal de Lège jusqu’au bourg et sur la poétique rivière de la Leyre jusqu’au pont de Lamothe. Deux souvenirs inoubliables. (17/8)
+ On parle de nombreuses listes et d’au moins trois candidats pour le poste de maire d’Arcachon. Il y a encore des fanatiques du martyre. (17/8)
+ On interdit aux petits marchands de sucre d’orge de les vendre sur la plage d’Arcachon, alors que quelques uns de ces marchands sont des mutilés de guerre. Certains disent que l’on a voulu créer un monopole au profit de la locataire du kiosque de la place Thiers (17/8)
+ Le clergé de notre ville refuse la communion aux femmes qui portent à l’église un costume trop balnéaire. (24/8)
+ Le marin Beaupuy et le baigneur Larroque ont sauvé quatre étrangers en train de se noyer. Un Anglais rescapé leur a offert… quarante sous. (24/8)
+ À la procession nautique du 15 août au Moulleau, le bac fleuri de M. Philippart, maire de Bordeaux, portait le clergé. (24/8)
+ Les 24, 25 et 26 août auront lieu les grandes fêtes annuelles de Parentis-en-Born, fréquentées par tous les automobilistes arcachonnais. Des courses de vaches landaises et une fête nautique marqueront ces journées. (24/8)
+ M. Henri Dubernet, à Cazaux, organise des excursions sur le lac et des pêches à la ligne du brochet et de la perche. (24/8)
+ Dimanche dernier, l’illustre chef de gare de Lamothe a donné le départ du train 14 trois minutes avant l’heure prévue. De ce fait, tous les 60 voyageurs de ce train sont restés en panne à Lamothe, notamment la troupe Baret qui devait donner un spectacle à Arcachon. Tous sont arrivés à Arcachon avec deux heures de retard. Voilà comment Arcachon est desservi. (31/8)
+ À la suite de la soirée donnée mardi dernier au Grand Hôtel du Moulleau, une somme a été recueillie pour distribuer des gâteaux aux 400 enfants du Sanatorium Maritime d’Arcachon. (31/8)
+ Les appartements du roi d’Espagne sont retenus au Grand Hôtel d’Arcachon. On prépare de grandes fêtes pour recevoir le Souverain. Des chœurs de jeunes gens et de jeunes filles sont prévus. (31/8)
+ Max Linder, grand ami d’Arcachon, est parmi nous. Il se propose de faire des excursions avec Pierre Frondaie. (31/8)
+ La grande fête annuelle des Anciens combattants a lieu aujourd’hui. Une grande kermesse se déroule dans le parc du Casino mauresque, après le défilé en ville et la messe à Saint-Ferdinand. (31/8)
* Les spectacles *
+ Au Casino de la plage :
– Perchicot dans ses nouvelles créations (Du 8 au 10/8)
– Revue « Ben aqui » (Du 16 au 18/8)
– Tournée Baret « L’Amour masqué » avec Marthe Ferrare. (24/8)
– Tournée Baret : « Les Vignes du Seigneur » avec Marcelle Lender. (26/8)
– Alibert, le roi des fantaisistes (31/8)
+ À l’Olympia :
– Revue « Arcachon Sport’bien » de J. Séverac. (5/8)
– Galas des Magiciens (Du 16 au 18 /8)
– Raquel Meller dans « Violettes impériales » (Les 31 août et 1e et 2 sept).
ET PENDANT CE TEMPS À LA UNE DE « PARIS-SOIR »… (*)
+ Le 3 août :
– Jaurès au Panthéon le 22 septembre.
– L’accord français accepté à la conférence de Londres.
– Grand Prix du tourisme. Dans la nuit à 80 km/h.
+ Le 10 août :
– Malgré la reddition des chefs de l’insurrection, la bataille continue à Barcelone. Loi martiale décrétée dans toute l’Espagne. Proclamation de la république catalane. Le Conseil municipal de Madrid est destitué.
– On vote en France pour élire les conseillers généraux.
– C’est la fête des vendanges à Montmartre.
+ Le 17 août :
– Paris vote à gauche mais c’est la droite qui administre la ville !
– Le protocole d’accord est signé à Londres. L’Allemagne réclame des concessions.
– En Italie, M. Mussolini veut modifier la Constitution.
– Les femmes en chemin : il faut assouplir les lois du mariage.
+ Le 24 août :
– À Berlin les socials-démocrates (sic) demandent la dissolution du Reichstag.
– Verra-t-on la fin du boulet de la Ruhr ?
– Mars entendez-vous ? Des signaux étranges perçus cette nuit en Amérique.
+ Le 31 août :
– Accords de Londres : l’évacuation de la Ruhr a commencé cette nuit.
– Réunion plénière de la SDN. M. Herriot part pour Genève.
– La vie chère : le marché de la viande encore en hausse.
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(*) Sources : GALLICA/BNF
BASSIN PARADIS 