AV OCT 24

            LA VIE ARCACHONNAISE IL Y A PRESQUE CENT ANS AVEC « L’AVENIR » (*)

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                                               * DRAME A CAZAUX*

+ L’élève pilote Gavaul a fait une chute mortelle avec son appareil. La lenteur et la défectuosité du sanitaire ont mis 25 minutes après la chute pour arriver et le brancard qui enleva la victime gardait encore les taches sanglantes du dernier accident. Nous comptons sur le colonel Félix Marie qui vient d’arriver pour remédier au mauvais fonctionnement de son service de santé.   

                                                 * LES DÉBATS DU MOIS *

                                     L’AGRANDISSEMENT D’ARCACHON

+ Le plan proposé à la préfecture par la mairie d’Arcachon prévoit que la nouvelle frontière avec La Teste partirait de la pointe de l’Aiguillon jusqu’au rond point du Figuier à Pyla. La commune ainsi élargie engloberait toute la presqu’île de l’Aiguillon et le quart environ de Pyla-sur-Mer.  En ce cas, Pyla se trouverait partagé entre Arcachon et La Teste ce qui est fort scabreux, les deux communes ne s’étant jamais entendues et ne s’entendront jamais à cause de leur différence de mentalité. Il nous faut donc tout Pyla.

    Pour le Cap Ferret, il est  certain qu’il ne peut rester sous la dépendance de La Teste car ses habitants sont séparés de leur chef-lieu par quinze kilomètres de Bassin. Or, c’est d’Arcachon qu’ils tiennent leurs moyens d’existence. (…) L’intérêt des habitants du Cap Ferret serait d’être rattachés à Arcachon. Mais le Cap Ferret est privé de tout : de routes, d’égouts, d’eau et d’hygiène.  Nous mériterons ces territoires en prenant en charge tous les travaux de mise en valeur. À nous de voir si ces travaux sont une source de bénéfice pour Arcachon. (…) Bien des obstacles nous attendent pour lutter contre l’immobilisme, le parti pris, l’égoïsme.

    Il y a là une erreur fondamentale : celle des créateurs d’Arcachon qui nous fit une part si petite. Depuis, nous végétons comme une plante énorme dont les racines ne trouvent pas ses ressources dans un pot exigu. Il faut briser ce pot ! Nous ne demandons que ce qui nous appartient : nos prolongements naturels de l’Aiguillon et du Moulleau. Et nous ne demandons pas Pyla, c’est lui qui nous demande au moment où est en train de sortir une future ville.  

                                                                                    Albert de Ricaudy

+ Mary Boyer, au Cap Ferret, ne veut pas d’une annexion par Arcachon.  Elle affirme : « Le cap ferret deviendra une commune indépendante, une importante station balnéaire ; on va y construire un magnifique hôtel. Le syndicat d’initiative de la localité a repoussé le projet d’annexion. » Alors, jeunes ambitieux, commencez par consulter les habitants du lieu et contentons nous d’annexer le Lapin blanc.

                                                                                          Albert Chiché 

                                                   * L’AFFAIRE DESPUJOLS *

+ Un ouvrier, père de famille de l’Aiguillon, nous écrit : « Pourquoi vouloir priver de leur gagne-pain les ouvriers qui travaillent chez M. Despujols ? Je m’en fous de l’esthétisme de la plage. Qui donnera à manger à nos familles si on ferme ces chantiers ? Nous voulons la liberté de travail, le reste nous est égal. Ce n’est pas l’esthétique qui nous donnera du pain, lequel est très cher, ainsi que les loyers et le reste. »

                                              * CONFLITS ADMINISTRATIFS*

+ La Cie du Midi se plait à ennuyer les automobilistes. Le gardien du  passage à niveau du Teich laisse la barrière fermée même si le train a 20 minutes de retard. Une sonnette devrait le prévenir quand le train arrive. À La Teste, les trains venant d’Arcachon trouvent le moyen de s’arrêter juste en face du passage à niveau et bloquent les automobilistes pendant plus d’un quart d’heure.

   La dite compagnie, depuis un nombre incalculable d’années, entretient un ramassis d’ordures le long des barrières et empeste tout le quartier par des odeurs de poisson pourri. Jamais aucun ministre des Travaux publics n’est intervenu malgré les plaintes réitérées du Conseil municipal.

   Depuis autant d’années l’Administration de Ponts-et Chaussées a établi un dépôt de vieilles bouées entre la Boulevard-Promenade et la plage d’Eyrac. Devant le débarcadère, en face du Casino, elle s’obstine à maintenir un tas de moellons. Elle ne tient aucun compte des observations de notre municipalité.

    L’Administration des postes a imaginé de couvrir la façade de l’hôtel central des postes d’affiches bariolées dont le spectacle hétéroclite blesse les regards. Et elle vient d’ajouter de nouveaux panneaux-réclames. Quelle moquerie !

                                                                                             Albert Chiché

                                                         * POLÉMIQUE * 

+ L’inauguration du monument aux morts est encore retardée mais nous ne perdons rien pour attendre. On nous y fait espérer la présence du président du Conseil. M. Eyssartier qui a de nombreuses relations dans le bloc de gauches et, d’accord avec la municipalité, du moins jusqu’aux prochaines élections, il prépare tous les détails de ce sensationnel voyage. (Le7)

+ Le maire d’Arcachon proteste avec force contre l’allégation mensongère de M. Eyssartier. Aucun mandat officiel n’a pu lui être donné et le maire revendique le droit de transmettre les invitations du Conseil qui nous permettront de donner à cette manifestation le caractère grandiose qui lui convient en restant dans le domaine de l’Histoire. (Le 14) 

+Tandis que le bloc des gauches veut que M. Herriot préside l’inauguration du monument aux morts, renvoyée aux calendes grecques, ceux qui ne sont pas éloignés du bloc national veulent faire venir M. Poincaré. Quant aux extrémistes, ils ont chargé leur député Marquet de demander à ce que le futur ambassadeur des soviets à Paris vienne porter la bonne parole bolcheviste. Mais les glorieux morts n’appartiennent à aucun parti politique. Voilà qui nous promet des élections cantonales animées ! (Le 21)

                                               * NOTRE PUBLICITE *

+ IL ne faut pas se contenter d’une publicité étroite et mesquine comme le fait notre syndicat d’initiative. Il faut au contraire l’élargir au-delà de nos frontières car la concurrence est terrible. (…) Faut-il parler de Nice le modèle du genre pour la saison hivernale, de Trouville-Deauville, l’emballement pour la saison d’été ?

Ces villes possèdent des organisations de propagande, des budgets publicitaires formidables. Des spécialistes sont chargés de créer un mouvement vers une foule de gens riches à l’affût des stations à la mode animées par des fêtes originales et des spectacles raffinés.(…) Mais le président de notre syndicat d’initiative, M. Valleau, est-il placé dans les meilleures conditions pour dominer la question ? Est-il secondé comme il le faudrait ? Son conseil d’administration est recruté au petit bonheur la chance et fonctionne sans contrôle par la mairie. (…) Il est donc indispensable qu’il y ait à l’Hôtel de ville, une commission de propagande pour servir de régulateur et d’organisateur pour notre office de publicité car notre Conseil municipal est le seul maître de notre destinée.         

                                               * LA VILLE EST SALE *

+ A la remise des  prix d’hygiène, la ville n’a pas été récompensée car elle est sale. La « Liberté du Sud-Ouest » s’en fait l’écho : « Les caniveaux n’ont pas assez de bouches d’eau pour nettoyer les caniveaux si bien qu’il se forme partout des cloaques infects, nauséabonds, résidus liquides stagnants de ménage, à quoi vient s’ajouter l’urine des chevaux des voitures de place et même dans l’endroit le plus fréquenté et le plus commerçant de la ville ». L’entreprise de vidange qui se fait pompeusement appeler « Société d’assainissement » en prend à son aise. Elle manque de matériel et, de l’aveu de son directeur, plus de 200 demandes attendent d’être satisfaites. Les fosses d’aisance ne comportent pas de manomètres, on s ‘aperçoit qu’elles sont pleines quand elles débordent, le plus souvent dans la rue. Il faut attendre quatre ou cinq semaines pour une intervention.    

                                                      * LES INFORMATIONS *

  + On savait qu’il y avait des lapins à l’île aux oiseaux mais beaucoup ignorent qu’on y voit des vignes qui produisent un excellent vin blanc cultivé par les soins du garde, M. Sensey qui faillit être englouti avec sa famille lors du raz de marée du mois de janvier.

+ S.A.R. l’infante Eulalie va revenir hiverner dans sa modeste villa de La Hume. Elle y est très populaire et on l’appelle la bonne dame. Son fils, Don Luis, qui vient d’être expulsé de France, a été déchu de tous ses titres par le roi d’Espagne.

+ Alexis Kruydt, « le rouge », le guérisseur de La Hume, continue de guérir beaucoup de malades avec ses tisanes et sa pommade. Il va bientôt avoir cent ans.

+ M. Ortal, le nouveau concessionnaire du tramway, trouvera-t-il le moyen d’éviter les nombreuses pannes que nous constatons chaque jour ? On lui demande aussi de mettre des rallonges les dimanches et jours de fête.

+ Les cours gratuits de l’école municipale de musique dirigée par M. Guérin reprennent cette semaine.

+ Le bal des aviateurs de Cazaux aura lieu aura lieu dimanche prochain au Casino de la Plage, en matinée.

+ L’escroc qui se faisait appeler Marquis de Chambeaubert et qui vivait à Facture où il avait roulé les actionnaires d’un chantier de matériel roulant avait une petite amie, Alice Delorme, dite Loulou qui ne manquait pas une soirée de danse à l’Olympia et qui dansait avec une grâce infinie de brune Andalouse.  

+ On dit que M. Cornuchet, le célèbre lanceur de Deauville,  vient de vendre son casino 50 millions et se retirerait à Arcachon, c’est à dire en faisant  de notre ville un Deauville pour l’été et un Cannes pour l’hiver. Il aurait ici de vastes projets d’achats.

+ Le café qui fait le coin du cours Lamarque et de la rue du Casino va être remplacé  par la Librairie générale, gênée dans son actuel petit local.

+ Hygiène. La distribution des prix d’hygiène aux enfants des écoles se déroulera au Théâtre municipal le 19 octobre. Notez aussi que les enfants qui n’ont pas encore reçu les vaccinations obligatoires doivent aller au Dispensaire le 9 octobre.

+ M. Dupuch vient d’expédier des caisses d’huîtres au président Doumergue et il est devenu le fournisseur attitré de l’Élysée. 

+ On dit qu’un groupe financier voudrait créer un casino à Pyla-sur-Mer, avec monopole des jeux, ce qui pourrait s’obtenir facilement. On parle également de la prolongation du tram jusqu’au Figuier et de la bifurcation jusque là du futur chemin de fer électrifié venant de La Teste.  En attendant, quinze nouveaux chalets ont été construits.   

+ Des entrepreneurs se proposent d’établir un service d’autocars pour La Teste, Cazaux, Parentis et Mimizan. Nous nous en félicitons.

+  Le casino mauresque va ouvrir ses portes de décembre à fin avril. On y trouvera des salles de lecture, une salle de jeux, une salle de thé. Dans la grande salle, on donnera tous les quinze jours des concerts avec des artistes de renom et toutes les semaines une séance de cinéma. Le café installé au sous-sol servira des consommations et des repas sur les terrasses. Des concerts symphoniques avec un orchestre de dix musiciens auront lieu. Le bail est de dix mille francs et si le cahier des charges n’est pas respecté la ville retirera au concessionnaire le monopole des jeux

                            ET PENDANT CE TEMPS À LA UNE DU « FIGARO » (*)

Le 7 octobre :

+ Pour les 1800 F., manifestation de fonctionnaires sur les boulevards

+ À Londres il n’est question que des  prochaines élections. Les travaillistes contre les communistes.

+ Les travaillistes remportent largement les élections en Suède.

+ On signale des révoltes au Mexique, en Géorgie et en Perse.

+ Guerre civile en Chine. Les troupes mandchouriennes ont la ville de Tchih-Feng. Elles ont bombardé la ville de Shan-Hui-Kwan.

+ Les Albanais préparent une nouvelle agression contre la tribu monténégrine de Koutchi.

Le 12 octobre

+ Ce soir, la santé d’Anatole France s’est détériorée.

+ Le gouvernement supprimerait 20 000 fonctionnaires, notamment dans l’armée.

+ La crise britannique : la campagne électorale a commencé.

+ Crise allemande. Le parti populiste exige que les nationalistes entrent au gouvernement

+ 30 000 Grecs expulsés de Turquie.

+ La France et l’Allemagne préparent un traité de libre échange. Les négociations seront longues.

+ 8000 mineurs anglais chôment en raison du marasme économique de l’industrie.

+ Le salon de l’automobile a reçu 75 000 visiteurs hier. Les autos de 11 CV ont du succès

+ Au Maroc espagnol, le général Primo de Rivera évacue Buharrax.

Le 19 octobre

+Les funérailles d’Anatole France. L’adieu des livres. De grandes funérailles à Paris.

+ Attentat manqué contre la route des Indes à Marseille.

+ En Angleterre, les travaillistes seront-ils battus ?

+ La crise allemande. Aucune solution intervenue dans la  composition du Cabinet. Désaccords entre le Chancelier et le président.

+ Différent entre les gouvernements turcs et anglais. La S.D.N. se réunit.

+ Une bande bolchevique attaque des troupes roumaines

+ En Russie, les paysans refusent de laisser réquisitionner leurs céréales. Le commissaire à l’hygiène interdit de s’embrasser. Trotski ne licenciera pas l’armée Rouge pour faire des économies.

+ La guerre civile en Chine. Les soldats du Tsé-Kiang ont déposé les armes. Une prime de 20 dollars leur a été attribuée.  

+ Le nouveau Cabinet suédois est entièrement socialiste.

+ La Belgique accepte que l’Allemagne entre à la S.D.N

+ M. Mussolini refuse la convention internationale sur la Bessarabie.

+ Toulouse : un jeune homme décède d’un abus de cocaïne.

Le 26 octobre

+ Seznec devant les assises à Quimper.

+ Angleterre. M. Macdonald a eu la naïveté de signer un traité avec les Soviets.

+ L’imbroglio chinois. Le président Tsao Kun démissionne. Ou Pei Fou attaque sur le front de Shanghaï.

+ Le Mexique ferme ses consulats dans toute la Grande-Bretagne.

+ La crise allemande. Le président Ebert supprime l‘état d’exception

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(*) Sources : Gallica/BNF