Des écluses à l’ancêtre du bowling…

# REVUE  DE  PRESSE –  N°16 –

– PATRIMOINE :

– Des écluses historiques.

– En parcourant les réservoirs à poissons d’Audenge ou du Teich, on ne peut que remarquer des écluses très artisanales.  Dans « Sud-Ouest » du 20 septembre dernier, Régis Farcy a rencontré au Teich Raymond Lafargue qui connaît par cœur un territoire dont les lieux, qui sont autant de bassins piscicoles,  s’appellent Boucole, Causseyre, Le Laoure ou Grand-Large. Et Raymond Lafargue d’expliquer que cet ensemble aquatique a été conçu par Jean Adrien Fastugières sur une partie des 460 hectares du domaine de Ruat en 1845. En  1923, on trouvait sur les propriétés du château de Ruat 95 hectares. Les écluses servaient donc à  « faire déboire » ou à « faire boire » les réservoirs afin d’y renouveler l‘eau ou d’y faire entrer des alevins.

La mécanisation de la pêche en mer ou sur le Bassin ainsi que le coût engendré par l’entretien des réservoirs  a entrainer leur fermeture vers les années 50. Depuis, ils ont été repris, soit le parc ornithologique au Teich, soit par le Domaine de Certes a  Audenge. Mais l’ancestral système d’écluses y est toujours utilisé. À l’heure où la pisciculture va remplacer la pêche industrielle, voilà donc un retour aux sources intéressant.

– Des cabanes et la vie authentique du Bassin.

– Dans son numéro 1211 « La Dépêche du Bassin » a consacré un long dossier aux cabanes du Bassin. On peut y lire tout ce qui fait le charme naturel de la vie dans ces cabanes, des plus sauvages comme celles de l’île aux Oiseaux au plus cossues, telles celles que l’on trouve sur la côte noroît, véritables lieux d’habitation permanents.  Mais ce serait oublier les cabanes des ports ostréicoles, de La Teste au Ferret, où se fait toute l’industrie de l’huître et qui sont au cœur de la vie portuaire du Bassin. Et  puis, il y a les plus originales, celles qui forment le décor coloré du port des Tuiles ou du port à Biganos, les plus secrètes aussi. Quittant les bords de l’eau, on ne peut oublier les historiques cabanes disséminées dans la forêt usagère, ces anciennes habitations de résiniers que recherchent aujourd’hui tous ceux qui  veulent vivre de riches moments de paix. Mais comme il ne faut pas trop rêver, le dossier de « La Dépêche » indique toutes les modalités qu’il faut respecter pour pouvoir « passer des étés en cabanes ».

– Un jeu ancestral : le rampeau.

– Dans le numéro 1218 de « La Dépêche du Bassin » on peut lire sous la signature de Corentin Barsacq, un intéressant reportage sur un jeu local très ancien, pratiqué encore couramment jusque dans les années 50 à travers la Gascogne, notamment lors des fêtes locales, mais auquel on ne joue guère plus. Sauf dans quelques sanctuaires landais comme Mimizan ou Sindères. Et puis aussi à Belin-Béliet, à l’occasion des fêtes autour de l’église Saint Pierre de Mons. Il s’agit de faire tomber de hautes quilles de bois à l’aide d’une boule de pétanque.

Hommes jouant au rampeau par Félix Arnaudin
Il en est question dans l’ouvrage de
 François et Françoise Cottin, Le bassin d’Arcachon, au temps des pinasses, de l’huître et de la résine, L’Horizon chimérique, Bordeaux, 2000 …

C’est l’ancêtre du bowling  que les Américains croient avoir inventé ! Comme au bowling, il s’agit de faire tomber toutes les quilles du jeu d’un seul coup depuis un poste de tir appelé « le pit », selon un mot gascon. À quand le retour du rampeau dans ces fêtes de l’huître stéréotypées qui ne manquent pas durant l’été sur le Bassin ?

– Vivre à l’aérium d’Arès. (*)

– « La Dépêche du Bassin » rend compte dans un de ses derniers numéros de l’été de la journée organisée par l’association des Amis de l’aérium. Le journaliste, non cité, a recueilli des avis sur la vie qu’avaient pu connaître de jeunes pensionnaires de cet établissement de soins climatiques créé par Sophie Wallerstein au début du siècle dernier. Il a fonctionné de 1913 à 1970, accueillant plus de 5000 enfants. Henri Maladières, venu là en 1932, se souvient que la journée commençait par des prières, se poursuivait par la cure d’huile de foie de morue, par la séance de gym,  par des séances « d’élongation » punies de coups de baguette si elles n’étaient pas bien faites  et la journée s’achevait par la baignade, obligatoire de février à novembre. « C’était discipline, discipline ! », dit-il. Les souvenirs recueillis auprès d’autres pensionnaires ne sont guère meilleurs : Danielle Josse venue là vers 1950 « garde un sale souvenir de cette époque » et Bernard Pelligrino, Cathy Dupouy et ses frères, pensionnaires à la fin des années 60 parlent de « prison ». Enfin,  pour Maurice Scrivante, traité à Arès pour rachitisme de 1950 à 1953, « ce fut dur mais je suis sorti guéri ».

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 (*) Un ouvrage de Gérard Simmat traite du sujet, sous le titre « L’aérium d’Arès ».

–  Dans les secrets de la réserve naturelle d’Arès.

– Pour les lecteurs de « Sud-Ouest », Isabelle Castéra a suivi Alexandre Bert, le guide naturaliste qui conduit des visites sur les 200 hectares de la réserve naturelle des prés salés du nord Bassin à Arès. On y trouve une flore et une faune exceptionnelles car il s’agit d’une zone régulièrement submergée par les marées. Les visiteurs, nez au sol, observent le criquet des salines, la mante religieuse ou des araignées bien particulières. Au ras du sol encore, ils peuvent apercevoir le gorgebleue à miroir qui niche par terre et, levant la tête, ils aperçoivent passereaux et bergeronnettes. Il faut avancer plus loin  sur ces terres salées où, au milieu de 250 espèces végétales, l’obiane, les salicornes et les tamaris créent un univers végétal unique pour bien en sentir l’odeur si particulière où se mêlent des senteurs de vase et de résine chauffée au soleil pour être sûr d’apercevoir des loutres tandis que de nombreux migrateurs viennent du parc ornithologique du Teich : cols verts, milans, cygnes et cigognes forment un vivant ballet aérien. Cette réserve est un trésor.

                                                                                                         J.D.

*Sur le thème des écluses, à signaler le dossier fort bien fait de « Du côté du Teich »         / Image France Bleu                                                                                      22 octobre 2019