Gros plans sur le ciné de grand papa ( #1)

Dans le rétroviseur testerin…

Par Jean Dubroca

En octobre 1995, grâce à l’aimable complicité de Melle Polez, archiviste municipale et de M. Jean Taris, j’ai pu écrire un article dont voici le premier extrait et intitulé :

« Gros plans sur le ciné de grand papa. » (I)

« Elles s’appelaient Le Majestic, L’Apollo, à Cazaux, Le Rialto ainsi que L’Excelsior et L’Universal au Cap-Ferret : toutes des salles de cinéma qui apportaient des images animées venant du monde entier sur les rives du Bassin…

L’électrification de la ville ayant été achevée en 1925, on peut penser que le premier lieu fixe de projections de films se trouve alors, jouxtant le café de la Renaissance, rue du XIV-Juillet. Il s’agit une salle baptisée Le Majestic et consacrée aux productions muettes. Le « parlant » se développant, plusieurs cinémas naissent. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les temps sont difficiles pour ces petites entreprises, obligées de s’équiper à grands frais. C’est ainsi qu’en août 1932, M. Bordères, propriétaire de L’Apollo fait état d’un déficit d’exploitation de 38 863,50 F. sur six mois de fonctionnement et il doit rendre à la Maison Thomson-Houston les appareils modernes qu’ils lui a loués moyennant 60 000 F., alors que ses recettes se montent à 65 486 F. Et M. Bordères, profitant de ces malheureuses circonstances, réclame à la commune le droit de ne plus payer l’obligatoire pompier de service ainsi que la taxe relative au « Droit des pauvres », du moins « le temps que la crise s’estompe ». Impitoyable, le Conseil municipal « refuse d’envisager une situation spéciale uniquement en sa faveur ».

Mêmes plaintes amères de M.Chevalier, locataire du Majestic. En 1934, il a perdu 48 528 F. car il a dû payer 9 700 F. pour des frais de réparations et de mise en sécurité de sa salle. De plus, écrit-il : « il a acquitté 7 800 F.de taxes et impôts divers, alors que ses recettes annuelles se montent à seulement 35 000 F. » Il conclut qu’il ne pourra plus assurer la location de la salle. Et ses malheurs ne sont pas près de s’achever puisque l’Administration impose de nouvelles règles de sécurité dans des salles sensibles à l’incendie puisqu’on y utilise des pellicules, à l’époque, facilement inflammables. Et on ne plaisante guère sur le sujet puisqu’une commission spéciale, dirigée par le commandant des sapeurs-pompiers de Bordeaux, M. Quenet soi-même, vérifie dans les salles les dispositifs anti-incendie.

 

Toutefois, la crise ne frappait pas uniformément. C’est ainsi, qu’en 1935, à Pyla-sur-Mer, financièrement favorisé par une fréquentation huppée, MM. Caille et Bonnefon peuvent ouvrir un cinéma, au 13 du Boulevard de l’Océan, dans un dancing. L’autorisation leur en est accordée à condition que l’appareil de projection soit placé à l’extérieur du local. Ce coquet cinéma a existé jusqu’en 1999, à cet endroit. Il s’appelait « Le Club » et avait la particularité d’avoir un écran en biais par rapport aux fauteuils …

(A suivre).

 

J. D.

 

Illustration « A la Une » : juste un clin d’oeil à Cinéma Paradiso http://www.filmsinfilms.com/nuovo-cinema-paradiso/

Merci à celui qui aura conservé une photo de ces établissements.